mercredi 20 juillet 2011

Richard Stanley-Conversation avec un chaman de la caméra, le temps d'un thé et d'un Tarot (avec une apparition surprise de Karim Hussain)



Nous recevrons Richard Stanley aujourd'hui à 3:30 pour un entretien sur le cinéma comme outil d'expérimentation occulte. Pour écouter l'émission, cliquer sur la photo du bas

Voilà maintenant 6 ans, Fantasia faisait découvrir le cinéma de Richard Stanley à des hordes de cinéphiles assoiffés de découvertes. Certain le connaissait déjà en tant que réalisateur du film-culte HARDWARE (90), une prenante relecture cybernétique du mythe de Pygmalion dans un futur post-apocalyptique. 

Le temps d'un film d'horreur aux échos résolument tarkovskiens (Dust Devil, 92), de quelques documentaires à saveur occulte sur le vaudou et le Saint-Graal et d'un débâcle picaresque sur The Island of Doctor Moreau, il devient une des voix uniques et distinctives du cinéma fantastique. 
Reste que pour la plupart, Stanley est une découverte récente. Je me permet de dire que la découverte est aussi celle de Stanley lui-même, parce que l'homme est aussi fascinant que ses réalisations. Explorateur du monde et de l'inconscient, c'est un mystique doublé d'un réalisateur et l'outil-cinéma n'est qu'un des artefacts avec lequel il s'exprime. C'est aussi un redoutable cartomancien.  Au cinéma comme au Tarot, il demeure d'abord et avant tout un conteur capable de captiver en quelques mots.
Hier,  il attendait patiemment dix quidams venus se faire lire la bonne aventure, assis à une table du Blue Sunshine . Un thé en main, un chat qui se prélasse dans un rayon de soleil, des affiches de films vintages de documentaires antidrogues. Stanley a l'air d'un grand chamane avec son chapeau de cowboy, ses longs cheveux noirs et son t-shirt orné d'un mandala. Son sourire est aussi laconique que son regard est profond. Je suis en sueur et étourdi: tout conspuait à ce que je ne puisse pas le rencontrer ce jour là. Contre toute attente, je suis là devant lui, à m'empiffrer de biscuit feuille d'érable et de thé. Je n'ai  jamais été aussi canadien.


Je le remercie pour deux raisons: la torride séance amoureuse que son film DUST DEVIL avait jadis initié avec ma copine et son documentaire sur le vaudou WHITE DARKNESS (2002), simplement le plus beau film jamais fait sur le sujet . Il me parle de sa mère mourante, de la quête de sa sœur inconnue dans un village africain reculé, d'une chasse au  shape-shifter qui se passe là bas. Nous parlons de son cinéma, d'horreur en général, de notre passion pour le Tarot et de sa présence au Festival Fantasia. Je lui fait savoir que je n'ai jamais laissé personne me lire le Tarot auparavant. Il m'invite à participer étroitement à la lecture avec lui.


Le tir commence. L'espace de quelques cartes seulement, tout ce que Stanley lit est déjà absolument, totalement adéquat: perte d'emploi, jonglage existentiel, confrontation avec la mère, omniprésence d'archétypes féminins et immobilité à la croisée des chemins. Je suis saisi de frissons. Pas de place pour le moindre scepticisme. Richard Stanley m'a ouvert comme un vieux coffre. Je pense à mes échecs et mes peurs; je les vois devant moi comme autant de démons que je laisse me narguer.

J'étais venu ici par curiosité pour parler avec un réalisateur que j'admire. Je suis partie remplie jusqu'au cœur de conseils, d'histoires et d'anecdotes, déjà impatient des blessures et de caresses à venir. Je lui demande s'il veut participer à une émission avec nous.Sure. Rien que ca.


En quittant, je pense à une ligne du personnage principal de DUST DEVIL:  
"il n'y a pas de bien ni de mal, seulement l'esprit et la matière. Et des mouvements qui se rapprochent ou s'éloigne de la lumière". 


Je regarde le chat qui se prélasse de plus belle dans un rayon de soleil. Je le flatte.  Ma journée commence.


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