vendredi 24 juin 2011

Notre émission du 22 juin: Spécial Saint-Jean: "Caller" l'originel ( or keepin' it Riel)



Bonne fête nationale.

Cette semaine: de la nécessité de se créer un espace mythologique québécois. Je "call" l'originel. Je le fais par ailleurs seul, indépendant, pour la première fois en 4 ans. Cette émission en solo me permettra d'exalter (vous allez entendre ce mot là au moins 10 fois à l'émissions et je m'en excuse) ma fibre patriotique, qui a décidément les mailles slaques en vieillissant. Je suis tricoté moins serré, en somme. En fait, c'est moins le Pays que je veux célébrer que la Terre, celle de la légende. 
 Est-ce que le Québec a une aversion envers sa propre mythologie ? En avons-nous une à proprement parler? Si oui, sommes nous frileux quand vient le temps de l'exalter? En terre Québec, si le JE ME SOUVIENS a de plus en plus la mémoire courte, nos mythes sont forcément contemporains; chanteurs populaires morts voilà deux heures, aviateur aux nerfs d'acier, petits criminels expulsé d'un page du Allo police. Symptôme d'une culture sclérosée par la litote? Malgré son efficacité à chatouiller la couenne idéologique, notre cinéma est-il le bon outil pour s'inventer un panthéon, captif des trop nombreuses contingences économiques? 
 
 Il n'est pas seulement question ici de célébrer les héros nationaux, populaires ou non, ou même (ce qui serait hautement salutaire) de s'en inventer. Pourquoi aucune Chasse-galerie, aucune Corriveau, aucun Joe Monferrand ou Alexis le trotteur au cinéma? Il est d'abord et avant tout question de raviver les mythes ou même de s'en gosser quelques unsde circonstances. 


Y'a du troc à faire, me semble.

Le terroir archaïque contre le terroir archétype. Le coureur des bois dans un "road movie" stationnaire. Le bucheron, le draveur, la trappeur, des titans que se battent  contre l'immensité. Si vous n'en voulez pas, que ces demi-dieux soient transposés sur le bitume, avec des passions semblables et le même souffle (ne me dites pas que c'est impossible. Mémoires Affectives l'avait fait à la perfection). 

Voulez vous ben me crisser patience avec vos arc-en-ciels de vos gens heureux qui se donnent la main comme ans une pub de Benneton? Pour respecter l'autre, faut d'abord se reconnaitre soit même avec ses évidences, ses faiblesses et ses  laideurs. Après, on peut écouter l'autre.

Je plains le futur pays, qu'il soit sur papier ou non, qui n'aura pas sa cosmogonie. 

Je suis un fils déchu de race surhumaine,
Race de violents, de forts, de hasardeux,
Et j’ai le mal du pays neuf, que je tiens d’eux,
Quand viennent les jours gris que septembre ramène.

Tout le passé brutal de ces coureurs des bois :
Chasseurs, trappeurs, scieurs de long, flotteurs de cages,
Marchands aventuriers ou travailleurs à gages,
M’ordonne d’émigrer par en haut pour cinq mois.

Et je rêve d’aller comme allaient les ancêtres;
J’entends pleurer en moi les grands espaces blancs,
Qu’ils parcouraient, nimbés de souffles d’ouragans,
Et j’abhorre comme eux la contrainte des maîtres.

Alfred Desrochers, "Liminaire" extrait du recueil à l'Ombre de L'Orford, 1929


mercredi 15 juin 2011

Notre émission du 15 juin: My dinner with André


Salut Jim,

Je trouve que ton idée de faire une émission sur My Dinner with André tombe à point. Un film de deux heures avec deux gars qui se parlent dans un restaurant aurait du être la chose la plus pompeuse et statique du monde...et ça ne l'est pas, bizarrement. Je me suis par ailleurs rendus compte que toi et moi, on ne fait que ça tous les mercredis.  Une masturbation intellectuelle de milieu de semaine. La formule n'est pas de moi. Elle vient d'une vieille psychologue bulgare qui m'accusait de faire ça à outrance...et elle avait raison.

Je suis fauché en ce moment, sans emploi, vaguement déprimé et c'est le film qu'il me fallait. Je n'ai pas du tout l'énergie pour faire une émission substantifique, surtout après avoir parlé les semaines précédentes avec autant de cynisme de sida, de nazisme, de torture et de cannibalisme. Je suis pour ainsi dire intellectuellement à sec. Je n'ai envie que de deux ou trois trucs: manger comme un porc, boire comme un trou et me mettre comme un lapin. Et me battre. J'aimerais cogner sur quelqu'un et me surprendre de le voir rétorquer et renchérir derechef. Des trucs de bases quoi.  

J'ai fais la vaisselle tout à l'heure et ça m'a tellement emmerdé que je me suis branlé presque en même temps en pensant à un truc: une longue file d'attente où toutes les femmes que j'ai désiré (et détesté au point de les vouloir) me taillaient une pipe une après l'autre, machinalement, et me disaient avant de se passer le flambeau ce que je représentais pour elle. Anne terminait un blow-job incroyablement poisseux et sonore en me disant que j'étais "son plus doux déviant". Elle laissait place à Laurence qui me suçait avec ses magnifiques dents en me susurrant que j'étais "un grand cœur avec une petit bitte". Arborant des lulus de circonstance, Daphné me tète le gland avec sa petite bouche charnue en me disant qu'elle avait l'impression de pomper son père, "un hystérique qui parle trop mais qui la fait rire". Sandra m'avale jusqu'à la garde en me regardant, me suçant autant de la bouche que du regard, comme si c'était la dernière chose qu'elle devait faire de sa vie. Elle me dit que je suis "celui qui ne l'oubliera jamais". Pour Jacinthe, qui me rentre un doigt dans le rectum à sec en mordant ma verge, je suis "le gars à qui j'ai rentré un doigt dans le rectum à sec en mordant sa verge". Conservatrice et pleine de contradiction, la bouche tordue, on dirait que Caroline suce un cierge pour l'éteindre. Je suis celui qui "la dégoutait et l'allumait comme le crisse". Lucie, elle, ne me suce pas. Elle absorbe doucement mais profondément ma vie avec son souffle. Je suis "son meilleur ami et son grand amour". Joanie n'a pas de lèvres, un caractère explosif et une petit bouche de murène qu'elle serre avec une violence peu commune autour de mon frein. Elle me suce sans passion et dextérité. Je suis "le gars à qui j'ai fait fermer la gueule avec la mienne". Dans la file, il y a même un garçon avec une bouche sublime pour que je suis "le gros straight poilu et sexy que j'ai conquis" 

Durant ce cortège, il va sans dire que je n'éjacule jamais. En fait, ce sont les commentaires entre chaque blow-jobs qui me stimulent le plus. Ce sont en quelque sorte des blow-jobs ontologiques. Je me sens tour à tour grand et petit, dur et mou. Je recommande l’exercice à tout le monde, en toute objectivité.

Bref.

Je ne pense pas pouvoir déjeuner comme à notre habitude avant notre émission. Je propose que nous déjeunions tout à l'heure en studio, avec un grand café. Comme nous n'aurons pas trop le temps de discuter avant, je propose d'emblée qu'on le fasse également en studio. En fait, je propose qu'on fasse notre version "live" de My dinner with André en parlant vaguement du film et en discutant tout simplement. 

À tout à l'heure


Francis

jeudi 9 juin 2011

Notre émission du 9 juin: Le cannibalisme au cinéma-faits et fictions


Le charmant petit troll japonais de la photo, c'est Issei Sagawa. En 1981, Sagawa étudie la littérature française à la Sorbonne. À plusieurs reprises, il courtisera une dénommée Renée  Hartevelt, une jolie étudiante dont il tombe amoureux. Elle se refusera à lui poliment à toutes le fois...
 Frustré dans son désir mais encore amoureux, Sagawa reçoit une ultime fois la dame chez lui pour souper. Ce qu'il fera tout de go...en la mangeant. La liste des sévices que le petit ogre nippon fera subir au corps de la jeune femme est longue. Nécrophilie avec différentes partie du corps, consommation de sa chair en sushi. De sa propre déclaration, il voulait "absorber" la beauté et l'énergie de la femme qu'il aimait.  
Il est par ailleurs facile de  trouver des photo du corps mutilé  et plein de traces de dents de Renée Hartevelt sur Internet (que je ne mettrai pas ici, par respect pour elle).  On trouve aussi des clichés du frigo de Sagawa plein à craquer d'escalopes  de la dame. 
Pour un détail judiciaire nébuleux (probablement aussi parce que le père du monstre est riche à craqué), Sagawa est libéré de l'asile où il est interné en 1986. À ce jour, il habite au Japon, totalement libre. Il écrit des recueils de poésie sur la femme qu'il a aimé manger, donne des entrevues et des conférences sur le cannibalisme. Pour une somme rondelette, les femmes le payent pour avoir des relations sexuelles avec lui et se faire mordre. Bref, il vit bien et parle à qui veut bien l'entendre du plus important repas de sa vie. Les autorités japonaises considèrent que tant qu'il aura ce type de notoriété, Sagawa n'aura pas envie de récidiver.Bref.

Pourquoi je vous raconte cette histoire? C'est que le crime de Sagawa, pour toutes ses particularités, est assez courant et banal. Le cannibalisme sexuel est plus fréquent que vous ne pouvez l'imaginer. Albert Fish, Otis Toole, Henry Lee Lucas, Bokassa, Ed Gein ne sont que les noms les plus prolifiques et médiatisés... sans compter le cannibalisme de survie, encore pratiqué aujourd'hui. Toutes ces histoires, horribles et à la fois fascinantes dans leur morbidité, ont plus ou moins inspiré des films qui ne font qu'effleurer la surface du sujet.
Le cinéma n'invente rien au sujet du cannibalisme. Il calque, tout au plus. Ce sera le sujet de cette semaine.

mercredi 1 juin 2011

Notre émission du 1 juin: La Nazisploitation-Sexe, torture et nazi-chic pour toute le famille!

Cliquer ICI  pour nous écouter cette semaine!

Au delà des érections que le genre provoque chez Lars Von Trier, l'importance de la  nazisploitation (les films de nazis qui font subir tortures et sévices sexuels à des juifs) est à revoir de toute urgence. Le 7ème voulait depuis longtemps le visiter avec sérieux. Contrairement au WIP (women in prison), avec lequel il partage pourtant plus d'un point de corrélation, le simple fait de son existence soulève une quantité de questions dérangeantes mais cruciales.
Durant sa brève existence, il va sans dire que le genre a fait couler beaucoup d'encre et pas mal de sang, mais il a laissé aussi derrière des films  d'une importance indéniables: le Salo de Pasolini et Night Porter de Liliana Cavani ne sont que ça, quoiqu'en dise les amateurs de ces films (et le film de Cavani compte parmi mes préférés). À lui seul, Ilsa la louve des SS, film fondateur du genre, anticipait avec prescience notre dernière décennie de Torture porn, mais aussi l'émergence d'un certain fétichisme, qu'il a fort probablement consolidé.
En plus d'un survol du genre, notre émission de cette semaine sera en outre une excuse de taille pour étayer une théorie de la sexualité au début du 21ème siècle qui me démange ferme, selon un concept que j'appelle LA THANATÉROSE  parce que je trouve que ça sonne bien pompeux mais que c'est étymologiquement défendable. Si tout ce passe comme on veut à l'émission, on passe à l'histoire dans quelques heures, sans déconner, c'est tout comme.

Une théorie légère et sans prétention, qui se prend comme un glaçon de cyanure dans un verre de scotch et hop! Quel plaisir d'avoir une tribune aujourd'hui pour pouvoir débiter des trucs qui n'intéresse que nous.