mardi 27 juillet 2010

Live long and prosper, through brightest and blackest night

Ne vous inquiétez pas si vous avez une impression de déjà vu. Vous avez probablement déjà lu cette entrée de blogue. Il me semblait juste nécessaire d'y ajouter quelques trucs:

Premièrement, un petit garçon au Comic con qui demande à Ryan Reynolds comment on se sent quand on récite le cri de guerre de Green Lantern, absolument craquant:



Ensuite, cette observation faites par mon pote Jim, qui ne fait qu'ajouter aux corrélations entre les deux franchises:


oui oui...Sarek, le papa de Spock est bel et bien un Green lantern. Geekasm!


Nous sommes à quelques mois d'un film de Green Lantern. Est-ce que le 7ème est content? Mais oui, que diable! Par contre -et ce qui suit, le 7ème l'a toujours crié haut et fort- un film, ce n'est pas le bon médium pour Green Lantern.

Ce qu'il faut pour ce personnage et sa mythologie en constante expansion, c'est une série télé. C'est une évidence. Il est fait pour ça.


Un show de Green Lantern comblerait un immense pan du monde télévisuel en combinant deux trucs, le série policière et ... Star Trek (on parle du show original)! Le vide télévisuel immense laissé par Star trek serait enfin comblé.

Toutes les bases sont là pour faire un show de télé coloré et humaniste, avec des races extraterrestres étranges qui ne s'entendent pas, des entités cosmiques, des despotes démesurés. Quelques comedy reliefs, des partenaires patibulaires, des vieux amis devenus ennemis. Bref, un vrai show de police dans l'espace qui se passerait à moitié sur terre, où Hal Jordan devient un Kirk en puissance (on ne pressentait Chris Pine dans le rôle de Hal Jordan initialement pour rien!), space-cowboy baveux et séducteur. Sinestro devient un Spock de la première époque qui va terriblement mal finir. Une planète différente à explorer par semaine, des épisodes de recrutement, des caméos de vilains de seconde zone. C'est tellement évident que ça fait mal.

Green Lantern fonctionne mieux quand il est proche de Star Trek que de Star Wars. C'est l'intimité du Green Lantern Corps, beaucoup plus proche de celle d'un équipage de Trek, qui fait à mon avis le charme de sa mythologie. Non pas que la démesure du Space-opera avec ses scènes de combats lumineux à la Star wars ne se prête pas bien au personnage, mais ce n'est pas ce qui le définit.
Êtes vous familiers avec le film The Last Starfighter ?

Si vous ne connaissez pas et que vous êtes un fan de GL, c'est une découverte qui s'impose. Marquez mes mots: quand le film de GL sortira, il se trouvera plus d'un geek pour le comparer à ce petit bijoux. C'est un geek wet dream comme il ne s'en fait plus: un jeune homme menant une vie simple avec un grand talent pour les jeux vidéos est appelé à devenir le sauveur de la galaxie dans une grande confrérie inter galactique! COME ON! Allez le regarder! Le mood d'un film de GL, c'est comme ça qu'il devrait être de A à Z!

Mais bref, en attendant le film, les braves gens qui travaillent sur le comic de GL n'en finissent plus de faire jouir les geeks avec des références bien senties.

Quand ce ne sont pas des Predators et des Triffids dans les rangs des Yellow Lanterns...

...ce sont des Aliens, des E.T et des Alfs!

J'ai même déjà vu le monolithe de 2001 en Green Lantern! No Joke! Bref, la véritable consécration geek, la déclaration d'amour entre Star Trek et GL s'est consommée dans le dernier numéro de Green Lantern Corps, le 46, où Guy Gardner dit fièrement...


...lets go Tholian Web on their asses...

Geek Factoids: Les Tholians sont, avec les Klingons et le Romulans, les trois plus importants adversaires de l'histoire de Star Trek. La Fédération est en guerre froide avec eux pour des questions de ponctualité (la culture des Tholians est basée sur l'idée du temps comme une toile). Pendant plusieurs décennies, leur apparence est demeuré un mystère et s'est limitée à cette image sur écran: Depuis, Star trek:Enterprise a élucidé le mystère de leur apparence dans le meilleur épisode de la série, en respectant le manque de budget de l'émission originale et en spéculant, ce qui a donné ceci: Le Tholian web en question, c'est une toile d'énergie sphérique tissée par les vaisseaux des Tholians qui se referme sur sa proie pour les écraser de la sorte... ...technique maintenant intégrée par Guy Gardner en coordonnant les lanterns de toutes les couleurs et en squeezant un maximum de black lanterns d'une seule shot magistrale:

Brilliant...fucking...idea. Star trek et Green lantern, une grande histoire d'amour.


God. It's such a great time too be a geek.

mercredi 21 juillet 2010

Festival Fantasia: A serbian Film- Sex nihilo ou l'amour au temps du vide

Ce papier est la synthèse d'une logorrhée nauséeuse et colérique entre deux inconnus qui cherchent encore à se connaitre, suite au visionnement de A Serbian film. Si le film de Srdjan Spasojevic est le vecteur de quoi que ce soit, dans ce cas bien précis, il aura forcé deux personnes à se conjuguer dans un débat, à affronter l'horreur à grands coups de raison et conséquemment, à se rapprocher. Peut-être est-ce la finalité du film où le vide, le chaos est riche de sens.


Inévitablement, les papiers sur A Serbian film seront légion. Bien en deçà de la qualité du film, de son propos ou de son contenu, la déflagration de viscéralité de l'engin ne pourra que lascérer les consciences, laissant dans les souvenirs du spectateur des instants de fulgurances qui ne seront pas loin du symptôme post-traumatique. Certains voudront oublier, d'autre chercheront à ratiociner ses effets. Les détracteurs et admirateurs se complairont malgré eux dans leur colère, leur dégoût ou leur indifférence.

Face à la polarisation générée par le film, il sera impossible d'éviter la répétition de quelques lieux communs. Les clichés seront ponctués de sempiternelles dithyrambes. Alors pourquoi donc écrire sur A Serbian film? C'est la prérogative du 7ème de considérer le médium cinéma comme un baromètre de nos maux de société. Il importe guère ici de jauger le film en soi, mais bel et bien d'évaluer ce qu'il représente, son utilité fondamentale dans un canevas social encore à esquisser. Utile, A Serbian film l'est...
De la transgression comme révélation

En tant que cinéphiles sensibles au potentiel philosophique du médium, nous sommes de toute évidence en quête perpétuelle de transgression. Or, nous n'attendons pas simplement la provocation. Nous attendons, fébrile, l'extase de la fêlure fatale, l'instant suprême de la déchirure. Nous soulevons sincèrement la question: est-il possible que la coupure se fasse parfois trop vite, trop profondément, même sur les consciences les plus aguerries?
Il serait tentant, voir même rassurant, d'inclure A Serbian Film à cette peau de chagrin suintante que représente le cinéma dit transgressif. Il sera invariablement comparé, associé, juxtaposé à Salo et autre Irréversible. Nous ne nous prêterons pas à cette exercice. A Serbian Film est sa propre référence. Nous devrons tôt ou tard considérer collectivement la problématique du cinéma et de l'image (sa surexposition) au 21ème siècle. A Serbian film est-il justement un film de son temps? Assurément mais il est plus encore. Une offre que vous ne pouvez pas refuser...littéralement
A Serbian film nous transmet l'idée de la disparition progressive de la réalité dans la vie elle-même, celle que nous côtoyons. Le film est le témoin bruyant de l'effacement de la réalité, dans le monde des représentations dont le cinéma fait parti. La réalité s’est donc raréfiée et les spectateurs la recherche avec avidité. Sa valeur marchande à donc augmenté comparativement au fantastique, au rêve, à la simulation, au jeu grossier de la pornographie traditionnelle dont les formes pullulent et se banalisent par leur omniprésence (le film ridiculise la pornographie de la décennie précédente déjà obsolète et dont le jeu nous semble infiniment ampoulé).
Prenons cet exemple: la séquence où le frère du personnage principal se masturbe devant une scène de famille montrant les bonheurs simples qu’il visionne sur vidéo. En putifiant la réalité, le frère la réifie la consomme, l'anéantie. Du monde auquel cet homme appartient, une simple scène de famille devient l'objet suprême des fantasmes et le suicide d'une famille au seuil du désespoir est désormais matière à spectacle. Le film annonce l'imminence d'un monde où nous subsistera la marchandise.

Sur l'autel des grands négoces, Éros et Tanathos ne sont pas simplement complémentaires, il sont désormais identiques et indissociables. C'est un "package deal" bonifié par A Serbian film et ses velléités violentes d'oblitération de l'indicible. C'est aussi là sa plus grande force. Il en va du protagoniste comme du spectateur, coincé dans un contrat faustien, fractal et élusif, duquel n'y a absolument pas d'échappatoire. Une fois happé par son vide, le spectateur peut boucher ses oreilles et masquer son regard, quitter la salle en trombe ou s'évanouir; une place l'attend dans les limbes, pour une modique somme. Le film dénonce t-il quoi que ce soit? Non. Pas plus qu'il annonce. En fait, il énonce, purement et simplement, beaucoup plus qu'il ne démontre. Pour être cru, nous dirions même qu'il n'a qu'un seul but véritable...défoncer. Le quatrième mur est ici l'hymen de l'histoire.

Se cacher derrière les jupons sanglants de l'Histoire?

Le film se targue d’être une représentation de l’histoire Serbe. Il s'y trouverait des références directes aux pratiques de torture, telles cette drogue facilitant la suggestion donnée au soldat pour en faire du viol une véritable arme de guerre. Le cinéma, essentiellement la pornographie aurait joué un certain rôle des années 90, durant et après la guerre entre les autorités serbes et l’UCK albanophone, dans le cadre de la guerre du Kosovo. La pornographie connait toujours une explosion en temps de guerre. La Serbie n'a pas fait exception. La pornographie et la prostitution infantile en tête.

Admettons que la réalité dans la vie tend à perdre sa valeur face à sa reproduction, par exemple au cinéma, le film exacerbe également le rôle du cinéma dans nos vies d'individu et par extension dans l'histoire. La confusion entre l’Éros et le Thanatos qui caractérise le fantasme d'aujourd'hui est lié à cette confusion voulue ou non entre le cinéma comme sublimation positive de la réalité et le cinéma comme arme de guerre autant que le viol.
Aussi, la pornographie est le lieu privilégié de la canalisation de la violence dans la culture de masse occidentale et de fait a peut-être remplacer dans les esprits des grandes idéologies politiques.
Prétexte patenté par des créateurs essayant d'engoncer de la substance là où il n'y a que le vide? Véritable tentative d'exorcisme des souffrances d'un peuple? Vaste fumisterie ou brulôt incandescent? Il y assurément un peu de tout ça dans A Serbian film. Admirons ici la pertinence pernicieuse de son titre, où les degrés de significations métatextuelles sont vertigineux (ajoutons que le film est la première production indépendante du pays).

Qu'en est-il du film en tant que film? Loin d'être le vulgaire "torture porn" annoncé, il crée l'agonie de ce sous-genre. En opposition aux thèmes de prédilection du genre, cette "effrayante" européanité scarifiée par la guerre en tête de liste, il prend la forme d'un psychodrame dont la structure est celle d'un thriller banal mais efficace. Il y a assurément du grand-guignolesque dans toute l'affaire mais il tend vers une certaine idée du sublime dans l'horreur, se justifiant métatextuellement au nom de l'art. Justification malaisée mais...pour le moins efficace.
Insidieusement, le film propose également aux spectateurs de quantifier la cruauté et l'horreur, à grands renforts d'habiles juxtapositions conceptuelles (des gâcheux -"spoilers"- commencent ici):
-Le viol du bébé à la seconde même de sa naissance est-il moins choquant que le sourire de sa mère s'en délectant?
-Mourir étouffé avec un phallus dans la gorge...sans pouvoir mordre parce que nos dents ont été arrachés...
-Couper la tête de sa partenaire pendant la pénétration...et continuer de tringler son cadavre désarticulé avec une excitation renouvellée.
-Se rendre compte que l'enfant que l'on sodomise malgré soi est son propre fils...pendant que notre épouse est violée par notre propre frère.
-Le réalisateur se faisant bousiller le crâne...en étant traversé d'extase par ce grand moment de fougue artistique, privant le spectateur et le protagoniste de la satisfaction d'une vengeance.
-L'ultime ironie de se suicider avec sa famille pour échapper à l'horreur...sans savoir que même mort, nos corps seront souillés.
FIN DES GACHEUX

Face au vertige que génère le film, deux options se posent. Le spectateur peut filtrer ce qu'il voit; avec une froide distanciation intellectuelle, une indifférence feinte, un refus en bloc, en riant. Par le rire, une part du public de Fantasia, dont l'atavisme légendaire et porcin se confond avec le manque d'hygiène le plus élémentaire, a créé un grand moment d'obscenité pendant la dernière représentation. Lors de la désormais célèbre scène de "viol occulaire", efficace métaphore pour le film s'il en est, moment bunuelesque pour le nouveau millénaire, les "freaks" hurlaient de bonheur comme des singes dans leur fiente, créant la consternation résignée et habituelles des pauvres "geeks".
Doit-on se refugier dans l’amour ou reproduire la violence? Les deux constituent une fuite : face à l’horreur, pour lui survivre, il n’y a que la philosophie. Après visionnement, dégoût profond, révulsion viscérale. Le film fait-il une critique des catégories journalistiques en posant cette question : peut-on et doit-on quantifier la violence, pour établir l’importance historique d’un évènement dans nos vies ou dans l'histoire?
C'est là où nous proposons l'autre option, faire le choix de vivre le film avec les conséquences impliquées. Ensuite, on observe les dommages, préférablement à deux, sentencieusement. Ce qui ressort de cette approche, c'est une reconnaissance de l'altérité. Et peut-être, à travers le vide, un bref moment de tendresse.

Notre émission du 21 juillet: Festival Fantasia-The Devils de Ken Russell-un vrai film damné

Cliquer ici pour écouter l'émission...
Pour la première fois hier de leur vie de cinéphiles, des centaines d'adeptes du festival Fantasia ont eu l'opportunité de voir sur grand écran le grand film maudit de Russell, The Devils. Un jour qui aurait du être béni. Il s'en est fallu de peu pour que l'épiphanie collective se produise. À l'insu de la plupart des festivaliers, la version qu'ils ont vu était lourdement censurée (avec un son médiocre qui plus est). Bon. On ne va pas se plaindre outre mesure; mieux vaut une mauvaise copie de The Devils que rien du tout. Étrange époque qui permet quelques heures auparavant la projection débonnaire de A Serbian film (nous reviendrons bientôt sur ce brûlot) et qui s'acharne obstinément, pour des raisons saugrenues, à ne pas distribuer le grand opus de Ken Russell.
Bref, nous avions déjà fait l'année dernière une émission sur ce film et par chance, nous avions vu la version intégrale. Loin d'être simplement des scènes dont l'unique but est de provoquer, ce qui a été censuré était hautement porteur de sens, d'érotisme et de souffrance. Nous vous repassons donc notre émission et notre entrée de blogue dans leur intégralité, question de rendre justice au film et de nous remonter le moral après ne pas avoir vu la version promise...


Rien de tel lorsqu'on commence une entrée de blog où il sera question en partie d'Oliver Reed que de le montrer dans une de ses légendaires frasques éthyliques, ne serait-ce que parce que c'est inévitable quand on parle de l'homme:

Voilà. C'est fait. Out of the way.


Nous en parlons de toute manière allègrement à l'émission cette semaine. Les fidèles du 7ème l'auront sans doute remarqué, il nous arrive souvent de parler de films qui ont une charge psycho-sexuelle évidente, que l'on dit controversés (ça arrive). Non seulement, ce type de cinéma nous plaît hautement, mais de plus, il génère la discussion philosophique et ça aussi, nous en sommes férus. Des films bouleversants, nous en avons donc couvert à profusion...

Mais rien n'aurait pu nous préparer au choc de The Devils. D'habitude, nous sommes familiers avec le film en question, mais cette fois-ci, le dépucelage a été d'une violence inégalée. Nous n'en savions presque rien, le film étant de toute manière introuvable sinon en version tristement censurée. Warner refuse de le sortir en DVD, malgré les pléthores de pétitions. Par je ne sais quelle sorcellerie, nous avons vu la version intégrale. Ooooooh l'engin maudit que voilà! La puissance de ce film, dans la feuille de route surprenante de Russell, est inouïe, démesurée, à l'instar de son interprète principal, Oliver Reed, dont c'est d'ailleurs la plus grande prestation. Voilà enfin un film qui mérite totalement l'épithète de controversé, bien que le terme soit faible...il est...possédé.

Il est inargumentable que tout britannique ayant eu la chance de voir en salle ce film en 71 a été stigmatisé à vie. Après une écoute seulement, il est on ne peut plus clair qu'un jeune Clive Barker, alors étudiant se préparant à faire ses premiers courts métrages, a trouvé sa voix en le regardant. La Genèse maudite de Hellraiser me semble indubitablement mais subtilement relié à The Devils, autant au niveau de certain thème que de son esthétique (et vous lisez actuellement les mots de fanatiques de Hellraiser, il vous suffira de lire cette entrée pour le constater). C'est une corrélation que nous avons fait brièvement dans l'émission et qui mérite d'être développée plus amplement ici même.

Le fétichisme des symboles religieux, la déviance hypocrite du pénitent sont omniprésents dans les deux films. Ne perdons pas de vue qu'à la base, le terme cénobite réfère au moine chrétien et que Barker a su brillamment pervertir (exalter?) la rigidité morbide de ces moines pour créer par inversion une nouvelle hégémonie de souffrance, un dogme démoniaque de la mortification. Mad Movies a couvert à merveille ce sujet dans ce brillant article. Des comparaisons s'imposent:


Le Père Mignon et Pinhead, pape de l'Enfer

-I want to hear your confession... (actual line)

-We want to hear him confess himself... (actual line)

La première apparition du Père Mignon à l'écran...
Depuis la sortie en Blue-ray du film, j'ai eu le plaisir de le voir avec une telle qualité d'image que des détails jamais perçus précédemment prenaient une évidence fabuleuse. Ceci par exemple:

L'oncle Frank a un autel de fortune dédié Salomé (c'est la tête de Saint Jean-Baptiste dans l'assiette les enfants!). Outre nous expliquer le type de fascination que se coltine Frank, le premier film de Clive Barker s'appelait Salomé. Plusieurs des thèmes de bases de Hellraiser s'y trouvaient déjà; le plaisir de la mortification, les excès où peuvent nous mener les obsessions...En l'occurrence, The Devils n'est rien de moins qu'une relecture du mythe de Salomé. Ces thèmes sont tous déjà bien perceptibles dès le début chez Clive Barker.

À gauche, vous pouvez voir une statue modifiée par Frank, annonçant déjà l'apparence qu'auront les Cénobites (s'en est littéralement un vrai, en plus!). Ironie puissante que voilà: le syncrétisme ravageur de la religion chrétienne retourné contre lui-même! Amen!

Les mêmes obsessions pour la symétrie étouffante, les angles contraignants, la balance entre le noir et le blanc, déjà présents dans un film étudiant de Barker The Forbidden, une sorte de proto Hellraiser...


Dans le cas ultime où vous seriez sceptique de nos analyses, on vous rappelle que Oliver Reed a joué dans ce film:


samedi 17 juillet 2010

Festival Fantasia : Retourner au premier.


Des expériences filmiques possibles, notre premier pas dans une salle de cinéma est souvent dans les plus fortes. La première fois que l’on rentre dans une salle, petit et malhabile, regardant les bancs de bas avec leur velours rouge, l’écran imposant dans sa neutralité, les colonnes de plâtre sur les côtés, l’odeur dans l’air. Le cinéma peut toujours bien se vanter d’être un des lieux les plus atypiques connus, dès que l’on rentre dans un théâtre, on aime ou on aime pas, l’univers doit être parfait, les bancs bien positionnés, les colonnes de son aussi, rien ne doit diverger de la recette sinon on se sent bousculé, inconfortable. Si des gens comme Bertolucci, Tornatore et Lynch aiment tant filmer cet univers du cinéma, c’est fort à parier pour des raisons de sacré, pour ces gens, la salle rouge représente le temple, l’hôtel. C’est le lieu de vénération de notre 7eim divinité, notre lieu de revitalisation, de resourcement dans l’univers des histoires, dans le domaine des mondes possibles, là ou fiction est plus forte que réalité, un lieu de culte magique et mystique.

C’est aujourd’hui même que nous avons la chance de revisiter nos débuts, ici à Fantasia, cet après-midi dans le chaud de la journée, nous pourrons, une fois de plus, retourner au début de nos souvenirs filmiques et retourner dans la grande salle rouge avec les bancs de velours et s’assoir en silence, entouré de curieux, revivre les premier moments d’émerveillement filmique. Malgré que nous ne partagions surement pas tous le même film, rien n’empêche que le nom Don Bluth nous retourne inévitablement à notre enfance, que ce soit par son travail d’animation de Thumper, ou de son Secret of Nym, Bluth est un des premiers sorciers à nous avoir emportés vers ses mondes imaginaires. De par ses innovations techniques (Pete and Elliot the Dragon) ou par son imaginaire futuriste (TITAN A.E .) Don Bluth restera pour plusieurs le maitre de la porte d’entré du cinéma, il sera pour plusieurs gens, le premier conteur errant, le maitre des clés du domaine de l’imaginaire. Aujourd’hui à 16 :00 au Theater Hall de Concordia sera projeté LAND BEFORE TIME de DON BLUTH, avec le maître de l’animation lui-même présent pour sans doute déchirer le billet d’entrée de nos consciences enfantines et libérer le charme qu’était d’aller au cinéma lors de notre enfance. Ce n’est que très rarement dans une vie que nous avons l’opportunité de se reconnecter avec quelque chose d’aussi marquant de nos premières années, de puiser dans la source de la magie qu’es le cinéma et de refaire le chemin initiatique qui nous à si grandement charmé.La suprise des immenses images vivantes à l'écran, la transposition dans un univers inconnu, même le titre THE LAND BEFORE TIME évoque la grandeur épique du voyage entrepris. Don Bluth est vértiablement une force pionnière de l'évocation du pouvoir de nos imaginaires d'enfance.

(Nous avons aussi discuté son oeuvre: American Tail le 10 Mars dernier, pour entendre l'émission, cliquez sur le comic-relief)



vendredi 16 juillet 2010

Festival Fantasia: Heartless de Philip Ridley-Le vilain petit chaperon noir

Philip Ridley est de retour, presque 15 ans après The Passion of Darkly Noon.
Qui ça?
Ne vous inquiétez pas si vous ne connaissez pas le bonhomme. Même les cinéphiles les plus aguerris n'ont souvent pas vu ses films. En tant que réalisateur, il n'a que trois métrages à son actif et son premier, hautement culte, The Reflecting Skin, est un grand introuvable. Vous allez devoir trimer pour mettre la main dessus (le Torrent sera une option nécessaire) mais la recherche vaudra le coup. C'est un film maudit au plus pur sens du terme et le meilleur rôle de Viggo Mortensen à vie, sans aucun doute.
Par contre, Philip Ridley est constamment présent dans une quantité de domaines artistiques: il a écrit plusieurs livres pour enfants, est dramaturge et metteur en scène de théâtre, il est peintre et parolier. Il connaît d'ailleurs une certaine notoriété dans tous ces domaines.

Ça vous fait penser à quelqu'un?

Un artiste multidisciplinaire, british, qui fait vaguement dans l'horreur, le sexe trouble, qui a réalisé du cinéma en dilettante et qui a trois films à son actif?

Clive Barker hein? Effectivement, les ressemblances entre les deux sont troublantes. Malgré la quantité de prix gagnés par Ridley pour ses films précédents, il ne s'est jamais défini comme un réalisateur de cinéma. À l'instar de Barker, la cohérence de son univers est balzacienne et inextricablement reliée à toutes ses autres créations. En fait, je dirais qu'il en est de même chez Ridley et Barker; ce sont d'abord et avant tout des conteurs. Leur espace narratif est celui de la fable et le gore se retrouve souvent conjugué au mélodrame (comme dans tous le bons contes).

Son dernier film, Heartless, confirme d'emblée sa filiation avec Barker. Les thèmes, l'esthétique sont résolument similaires. C'est un mélodrame d'horreur, un conte doublé d'un drame social urbain typiquement british. Un très efficace, par ailleurs. L'univers sonore du film s'en charge diablement bien.

Voyons voir... Un jeune homme, un petit chaperon noir, un vilain petit canard, habite un royaume désenchanté avec sa mère et ses deux petits cochons de frères dans une grande maison de brique nommée les habitations Cendrillon. Il porte littéralement son coeur sur son visage. C'est un valet de coeur, un Jack of Hearts, un Jack of all Trades.

Dans le village, pas très loin de la rue Perrault, des créatures rodent, brûlant des gens à coups de cocktail Molotov. Ce sont les émissaires de Papa B, admirable figure faustienne sortie directement des romans de Barker. Papa B, c'est évidemment Belzébuth, mais c'est aussi Papa Bear, le Big Bad Wolf, c'est la Bête, celle de tous les contes, de la Bible jusqu'à la Belle et la bête. Son nom au consonances vaudouiques suggère qu'il est un Loa, quelque part entre Papa Guede et Baron Samedi. Il est d'ailleurs accompagné d'une petite princesse indienne scintillante nommée Belle. Papa B peut arracher le coeur qui couvre le visage du chaperon s'il accepte de lui en apporter un autre sur les coups de minuit. Un coeur pour un coeur... Le vilain petit canard pourra ainsi enfin se faire remarquer de la jolie princesse blonde, Tia.

Ou alors, il n'y a pas de démons, pas de princesses, pas de royaume. Nous sommes en Angleterre, les rues sont arpentées par des gangs, les princesses sont des putes, le démon est un pimp et le petit chaperon est schizophrène. C'est à vous de voir.

Souvent chez les britishs, Neil Gaiman et Alan Moore en tête, cette prédilection pour le monde parallèle de la fantaisie, du fantasme qui envahi subtilement le nôtre est virtuellement indissociable du thème de la maladie mentale. Alice aux pays des merveilles...redux. Plus que jamais, Ridley rejoint Barker et les conteurs britishs dans leur obsessions. On pense évidemment à Jacob's ladder, avec lequel le film partage certains thèmes et imageries. Une faune assez lynchéenne traverse également l'ensemble.

Depuis sa sortie, le film accumule les détracteurs à un rythme alarmant. Les maniaques d'horreur restent sur leur faim et sont repoussés par ses inflexions mélodramatiques. Il ne mérite pourtant pas cette réaction. Ne perdons pas de vue que si Heartless ne réinvente rien, il n'est pas pour autant du remâchage. La candeur de son propos et son ambiance mélancolique permettent de véritables moments d'émotion et d'angoisse. Philip Ridley n'est peut-être pas un réalisateur visionnaire...mais c'est définitivement un grand conteur.

mardi 13 juillet 2010

Notre émission du 13 juillet: Festival Fantasia-Lovecraft au cinéma, Stuart Gordon et les autres

POUR ÉCOUTER CETTE ÉMISSION, CLIQUER ICI
Épineuse, la question des adaptations de Lovecraft au cinéma hein? Les puristes ne sont jamais content, les néophytes s'y perdent. Pas assez subtil? Pas assez suggestif? Pas suffisamment métaphysique?
Comment faut-il adapter le Gringalet misanthrope? Avec des velléités auteurisantes? En faisant un hybride de film d'horreur, de science-fiction et de thriller psychologique? Finalement, faut-il l'adapter? Comme toutes les grandes oeuvres littéraires, on en vient à se poser de pertinentes questions sur ce qui fait l'efficacité et la légitimité de ces adaptations.


Peu de réalisateurs ce seront autant frottés à ces questions que l'exceptionnel Stuart Gordon. Il y a longtemps qu'une émission sur le sujet nous démange et l'éventuel "Master class" sur le sujet en compagnie du Maître présenté par Fantasia nous a convaincus de la faire au plus crisse. Voyez notre émission de cette semaine comme une préliminaire tentaculaire bien gluant avant la défonce en profondeur.

Voyez-vous, à cette époque où le bestiaire Lovecraftien est absolument partout dans la culture populaire, des figurines aux peluches, des t-shirts aux jeux vidéos, il est bon de ne pas oublier qu'à l'époque où Gordon faisait ses premières adaptations, l'ubiquité de cette mythologie était déjà considérable. Non pas en adaptation littérale, mais en tant que références thématiques et stylistiques. Le cinéma d'horreur des années 80 carburait sur Lovecraft, même timidement.
S'il ne fait pas l'unanimité chez les puristes, Gordon à l'immense mérite de s'être approprié le bestiaire et les codes lovecraftiens avec brio, sans académisme mais énormément de révérence.