Si Miyamoto Musashi est l'incarnation ultime du samourai, dans l'histoire comme dans la légende, la figure fascinante d'Okada Izo est diamétralement opposée. Âme fragile et damnée, guerrier redoutable à l'esprit faible, il représente le côté le plus sombre de la culture nippone. À mon avis, il est devenu la grande figure tragique des chambaras (films de sabres), l'incarnation d'une rage et d'une solitude que rien ne saurait apaiser.
En 60 ans, le Izo de l'histoire est devenu une figure luciférienne et omniprésente; on le retrouve dans les mangas, les animes, les jeux vidéos, les romans et un nombre considérable de films.
Autour de ce personnage, deux réalisateurs ont fait leur meilleur film. Hideo Gosha en 1969 avec Hitokiri (Tenchu!), consacré à l'avance ne serait-ce que parce qu'il mettait en vedette Shintaro Katsu dans son plus grand rôle au delà de son légendaire Zatoichi, Tatsuya Nakadai au sommet de sa forme et Yukio Mishima, l'enfant maudit de la littérature nippone, quelques mois avant qu'il se fasse hara-kiri pour protester la déchéance de l'empire du Soleil levant. Creepy fact: il se fait aussi harakiri dans le film et avec une telle conviction érotique qu'on pourrait jurer qu'il y pensait déjà à ce moment là.
L'autre film, c'est évidemment Izo de Takashi Miike (2004). Expérimental et poétique à la manière de Jodorowski, rituel initiatique baigné dans des hectolitres de sang, je crois que c'est le film somme du réalisateur. Le Japon au complet a joué dans ce truc! Plus encore, Izo est une grande tragédie qui libère les souffrances d'un personnage devenu l'incarnation même de la guerre. Une des grosse pointures de Miike.
Pour écouter notre émission de cette semaine sur ces deux films, cliquez ICI criant TENCHU!
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