mardi 28 juillet 2015

FESTIVAL FANTASIA 2015 - KUNG FU KILLER (Teddy Chan, 2014)


KUNG FU KILLER (Kung Fu Jungle / Yi ge ren de wu lin), de Teddy Chan, 2014. 
On y suit l'enquête d'une policière qui doit faire équipe avec un ex-entraîneur en arts martiaux (résidant maintenant en prison) afin de retrouver un tueur en série qui s'attaque aux experts en kung-fu. 

Avec une histoire plutôt convenue, le réalisateur Teddy Chan (Bodyguards & Assassins), qui co-signe aussi le scénario, a eu l'idée de faire un film qui rend hommage à l'art martial par excellence en chine, le Kung Fu. Il réussi en partie en y démontrant plusieurs styles de combat tout au long du film. De plus, chaque scène a aussi droit à son caméo de producteurs et réalisateurs ayant marqués le genre dans le cinéma chinois. Des légendes du Kung-Fu ou du Wu Xia Pian, des films de la Shaw Bros aux films de King Hu, apparaissent donc régulièrement dans le film de Chan. L’enquête quant à elle, ne sert qu’à placer des ponts entre les scènes de combats. 

Malgré cette idée de départ intéressante, Teddy Chan se contente d'enchaîner les scènes de façon bancale et va même jusqu'à rajouter de la mièvrerie au scénario par un mélodrame inutile. En effet, plusieurs scènes de souvenirs qu’a le tueur des derniers moments vécus avec sa femme décédée d'une maladie semblent servir de motivation à ses actes meurtriers sans vraiment apporter du contenu d’intérêt à l’histoire ou même faire de sens. Dommage qu’une entreprise qui veut rendre hommage au Kung Fu, tant le genre cinématographique que l'art martial lui-même, soit pris dans un emballage aussi fade. Cependant, les amateurs du genre pourront tout de même apprécier les scènes de combats qui sont plutôt bien chorégraphiées, particulièrement le combat final se déroulant sur une autoroute où Donnie Yen et Baoqiang Wang s’en donnent à cœur joie dans un combat au bô (pôle de bambou). On aurait aimé que tout le film soit aussi inspiré que cette scène.

-David Fortin

mardi 21 juillet 2015

Émission du 16 juillet 2015 : ROAR (1981) / FANTASIA 2015

Pour écouter l'émission cliquer ICI

"ON APPRIVOISE PAS LES CHATS SAUVAGES" (comme disait l'autre)
Mélanie Griffith apprend à ses dépends qu'on apprivoise pas les chats sauvages

ROAR ! "le film le plus dangereux jamais tourné : aucun animal ne fut blessé... 70 membres de l'équipe de tournage le furent". Pour débuter notre couverture des films rétro du Festival Fantasia, on vous parle aujourd'hui de la ressortie d'un film oublié de 1981 qui comprend Melanie Griffith (tsé), sa mère Tippi Hedren (The Birds), le caméraman Jan de Bont (Speed) et environ 130 lions, panthères, tigres, guépards sauvages qui les poursuivent et les attaquent pendant 1h30, le tout supervisé de façon totalement irresponsable par le père (et réalisateur) Noel Marshall qui tente de prouver sans réussite qu'il sait comment gérer des félins sauvages pour les besoin d'un film... et pour prouver que la cohabitation avec les humains c'est possible. C'est beau la vie quand on est naïf dans les années 70.

Admirrez la différence de marketing du film au Japon et en Angleterre:



Épisode "ROAR": http://media.choq.ca/audio/emissions/7eantiquaire/2015/07/28264-emission-du-16-juillet-2015.mp3

Pour écouter les émissions du 7ème Antiquaire sur Choq.ca : http://www.choq.ca/emissions/7eantiquaire

FESTIVAL FANTASIA 2015 - THE HALLOW (Corin Hardy, 2015)


The Hallow (aussi intitulé The Woods) est un film qui se rapproche du film d'épouvante en forêt ayant fait les beaux jours des années 80. Un couple s'installent avec leur nouveau-né dans une maison de campagne irlandaise.  Le mari y travaille à l'investigation d'une maladie qui s'attaque à certains arbres du coin, au grand dam des habitants du village qui voient dans cet acte un outrage à leurs averstissements. En effet, ces villageois croient en une force surnaturelle, ancrée dans leur mythologie locale, qui réside dans une partie de la forêt sous la forme de créatures devenant menaçantes si l'humain ose s'aventurer sur leur territoire. Le réalisateur Corin Hardy (le vidéoclip en stop-motion Warrior's Dance du groupe The Prodigy) s'efforce de donner un look "old school" à son film en n'utilisant essentiellement que des effets pratiques et mécaniques (maquillages, latex, animation image par image, etc.) en ayant le moins possible recours aux effets numériques (CGI) trop souvent utilisés dans le cinéma d'horreur des dernières années. Hardy ayant très jeune expérimenté avec la création de monstres et l'animation image par image pour des films super 8 semble trouver son aise dans ce projet. Le film est visuellement bien photographié par Martijn Van Broekhuizen qui sait créer une atmosphère mystérieuse par ses images nocturnes de campagne brumeuse en Irlande. Malgré l’aspect convenu du synopsis, plusieurs bonnes idées de réalisation parcourent le film et donnent des scènes inventives et efficaces d'effroi. Outre l'idée intéressante de faire naître la menace d'une bactérie végétale qui se propage sur les arbres, le réalisateur la fusionne à un mythe irlandais. De plus, il mise beaucoup sur la suggestion dans la première moitié de son film et le suspense y gagne beaucoup. Cependant, le film se perd en fin de parcours où on y mélange des développements d'intrigue superflus qui ne font que semer de la confusion et rallonger le film de plusieurs minutes de trop. Sans réinventer le genre, The Hallow reste un film d'horreur efficace qui sondes les sources moléculaires du film de peur en forêt.   

-David Fortin

lundi 20 juillet 2015

FANTASIA 2015- THE REFLECTING SKIN- Philip Ridley et le southern gothic

POUR ÉCOUTER CETTE ÉMISSION, CLIQUER ICI
Demain à 17:30 , le festival fantasia présentera The Reflecting Skin de Phillip Ridley, une version restaurée en 2K. En ce qui concerne le 7ème antiquaire, c'est LE grand événement du  festival. Ridley fait partie de ces réalisateurs cultes dont le plus grand film reste encore un espèce de songe qui oscille vers l'oubli, une rumeur entrevue par des cinéphiles-chasseurs en recherche de cette expérience qui aurait pu échapper à leur vigilence. La possibilité, hautement improbable au demeurant, de voir le film dans une meilleure condition que celle de sa sortie tient du mindfuck. Certes, nous ne sommes plus à une époque où les films sont introuvables. TOUT se trouve à qui veut s'investir. Mais The reflecting skin en salle, dans une copie digne de ce nom, c'est la possibilité de vivre un choc sensoriel rare,  un rendez-vous manqué sur deux générations. 

En 2010, Fantaisia projetait Heartless, le premier film de Philip Ridley en presque 15 ans. Pour la plupart des festivaliers, c'était la découverte de cet artiste multidisciplinaire faisant du cinéma en dilettante. Avec le recul, il semble évident que ce dernier film ne constitue pas une introduction appropriée pour les néophytes; il en a laissé plus d'un de glace et même notre critique à l'époque (que vous pouvez lire en cliquant ici) se portait plus à sa défense qu'il tente d'en vanter les mérites.

Ce serait une chose terrible de condamner Ridley pour les maladresses de son dernier film. Seul et unique incursion dans un contexte urbain (il filmait pour la première fois chez lui, à Londre), ses deux films précédents avaient pour contexte le deep south américain. En fait, tout semblait indiquer que Ridley deviendrait le chantre du sous-genre du Southern Gothic. Ses deux films précédents, The Reflecting skin et The Passion of Darkly Noon réinventaient littéralement ce genre encore à définir. Ce sont également des films qui ne vieillissent pas, qui n'ont aucun des tics clinquants et urbains de son dernier. Nous sommes dans le monde du conte initiatique, le versant sombre des mythes à l'américaine 

 En ce sens, Ridley est un conteur au sens le plus pur de terme qui utilise à grands coups de fouet les mécanismes du mélodrame. Or, il est clair qu'il y a une volonté chez lui de faire du "mélodrame décalé", (on pense bien sur à Lynch), avec de forts accents fantastiques. C'est une notion que nous avons largement couvert dans notre critique de son dernier film et qui est essentielle pour apprécier son cinéma.
Cette semaine, donc, Phillip Ridley.