Voilà quelques semaines, le Festival Fantasia passait Heartless, le premier film de Philip Ridley en presque 15 ans. Pour la plupart des festivaliers, c'était la découverte de cet artiste multidisciplinaire faisant du cinéma en dilettante. Avec le recul, il semble évident que son dernier film ne constitue pas une introduction appropriée pour les néophytes; il en a laissé plus d'un de glace et même notre critique (que vous pouvez lire en cliquant ici) se porte plus à sa défense qu'il tente d'en vanter les mérites.
Ce serait une chose terrible de condamner Ridley pour les maladresses de son dernier film. Seul et unique incursion dans un contexte urbain (il filme pour la première fois chez lui, à Londre), ses deux films précédents avaient pour contexte le deep south américain. En fait, tout semblait indiquer que Ridley deviendrait le chantre de ce sous-genre de fortune appelé le Southern Gothic. Ses deux films précédents, The Reflecting skin et The Passion of Darkly Noon ne sont pas seulement hautement cultes, ils réinventent littéralement ce genre encore à définir. Ce sont également des films qui ne vieillissent pas, qui n'ont aucun des tics clinquants et urbains de son dernier. The Reflecting skin à lui seul mérite une émission au grand complet; ce grand introuvable est tellement chargé, tellement poignant qu'il hante la mémoire plusieurs heures après sa découverte.
Il ne faut néanmois pas se leurrer: Ridley est un conteur au sens le plus pur de terme qui utilise à grands coups de fouet les mécanismes du mélodrame. Or, il est clair qu'il y a une volonté chez lui de faire du "mélodrame décalé", en constante réinvention (un peu à la manière de certain Lynch), avec de fortes inflections fantastiques. C'est une notion que nous avons largement couvert dans notre critique de son dernier film et qui est essentielle pour apprécier son cinéma.
Cette semaine, on ne parle pas d'un cinéaste main d'un conteur.
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