vendredi 23 mars 2012

Notre émission ici et maintenant: Alan Smithee-incantation pour un démon de l'image

Pour écouter cette émission, cliquez ici:


 Alan Smithee...
La plupart des cinéphiles connaissent déjà le nom. Comme le terme Macguffin, c'est un néologisme façonné de toute pièce par le cinéma et qui fait désormais partie de sa terminologie. Pour ceux qui ne sauraient pas qui c'est, Alan Smithee est le nom de rechange emprunté au générique par un créateur  qui n'est pas satisfait de son film, pour des raisons personnelles ou hors de son contrôle. Au tout début, le nom était surtout attribuable au réalisateur mais depuis, des acteurs, des scénaristes et des artistes provenant d'autres disciplines ont aussi employé le terme. À l'émission cette semaine, nous vous parlerons entre autre des nombreux films attribuables à ce nom.




Ça, c'est pour les "faits".
Ce qui nous intéresse ici, ce sont les conséquences occultes de l'existence d'Alan Smithee. Le 7ème se penchera cette semaine sur ces notions cruciales. Première véritable révélation obtenue au terme de nos nombreuses réflexions cinématoccultes à l'émission, après l'invention de notre Tarot de la Lanterne magique, nous commençons à former une dialectique plus raffinée de notre pratique, des rituels précis, une cosmogonie. Il se cache désormais quelque chose de sinistre et fascinant derrière ce nom que les nombreux créateurs frustrés et déçus n'auraient jamais pu prévenir. Smithee attendait, tapis dans l'ombre, d'être révélé par la lumière du cinéma. Ils ont tous invoqué, incarné une entité. Alan Smithee existe. Il n'a peut-être pas de corps, mais l'entité, avec ce qu'elle a de colère, de déception et de peine, est vraisemblablement existante. Nous avons fait le test: Smithee a désormais tous les attributs d'un démon qu'il est possible d'invoquer et il est maintenant capable de s'infiltrer dans notre monde par ses propres moyens. Sans le savoir, des réalisateurs ont des visions de lui en rêve, en songes et sans trop pouvoir l'expliquer, il le laisse s'incarner corporellement à l'écran, c'est d'ailleurs sa principale méthode d'infiltration dans la réalité consensuelle. Smithee a toujours existé, mais depuis 1967, année précise de sa confirmation, sa puissance s'est affirmée, tel qu'en témoigne ses apparitions de plus en plus nombreuses, principalement chez des réalisateurs ayant emprunté ouvertement son nom.




Dès 1943, des apparitions furtives...chez Maya Deren, prêtresse vaudou renommée, dans son film Meshes of the afternoon. Deren, sans pouvoir le comprendre et avec la sensibilité magicke qu'on lui connaît, avait déjà pressenti sa présence. Comme Dionysos et Choronzon, évocation du chaos et de l'abysse, sa forme est changeante, difficile à saisir.


Il fait une bouleversante apparition au tout début de Wild Strawberries d'Ingmar Bergman.
On le retrouve également à profusion dans Jacob's ladder d'Adrian Lyne. C'est le conducteur du métro qui risque d'écraser Jacob...
...et le passager d'une voiture.


Dans Stuck on you, des frères Farelly, on peut l'apercevoir son visage sous un lit, observant le spectateur. C'est vraisemblablement chez Lynch qu'il fait son apparition la plus troublante. Dans Inland Empire, il est protéiforme et fuyant.


Nommer les choses, c'est leur donner de la puissance. Alan Smithee est là pour rester.

Pour écouter l'émission cette semaine, cliquez ici.

Frères et soeurs cinéphiles; si jamais vous avez apercus Alan Smithee dans un film un jour, faites nous le savoir. Nous tentons d'établir une liste aussi exhaustives que possible de ses apparitions.
Nous vous en serons éternellement reconnaissant.