jeudi 28 mars 2013

Notre émission du 28 mars: THE STRANGE VICE OF MRS. WARDH (71) et DEATH LAID AN EGG (68)-Giallo? Y'a quelqu'un?

Pour écouter notre émission, CLIQUER ICI
Cette semaine, Jim et moi allons lubriquement violer deux de nos gialli préférés respectifs,  en le présentant à l'autre sous ses moindres coutures déchirés.
Pour ma part, il sera quand même question d'un incontournable du genre, THE STRANGE VICE OF MRS. WARDH de Sergio Martino (71). C'est pour moi la quintessence du genre et je m’évertuerai à expliquer pourquoi en détails ICI MÊME.
Pour Jim, c'est une découverte de taille faite sur mesure pour les fans du 7ème antiquaire, DEATH LAID AN EGG de Giulio Questi (68). Un des tous premiers gialli à thème animalier du genre...avec Jean-Louis Trintignant qui plus est!

samedi 23 mars 2013

Les trois pièges de La Colère de Fantômas

Hey girl, c'est Jim!

Vous aurez bien remarqué que nous avons pris congé la semaine dernière afin de laisser place à une ancienne émission qui parlait des adaptations de FANTÔMAS de Louis Feuillade. On a fait ça simplement parce qu’on préparait une émission substantifique sur JUDEX qui est, en quelque sorte, sa contrepartie bénéfique. 

C’est plate, mais c’est d’même et du coup ça nous offre l’opportunité idéale de sortir de notre canevas habituel et de capitaliser sur l’absence d’émission pour parler d’un autre truc, lancé il y a deux semaines au Planète BD.
 
LA COLÈRE DE FANTÔMAS tome 1

Après plusieurs lectures, je me dois maintenant d'avouer mon appréciation unilatérale pour l’œuvre de Bocquet/Robillard, qui attire le lecteur avec la force incontrôlable de l’interdit. D’autant plus que c’est à travers les pièges que l’œuvre m’a tendu, à travers les intrigues et le sentiment de danger que mon affection a gonflée jusqu'à ce que j’oublie que j’ai relu le livre plusieurs fois depuis. À l’image du personnage, qui tend des pièges pour capturer ses proies, je crois que le premier tome de cette trilogie m’a capturé à l'aide de pièges forts et efficaces. À l’image de son protagoniste charmeur, je me suis retrouvé ensorcelé par le charme de ce Fantômas. Voici, de façon élémentaire, les pièges que j’ai pu débusq dans le livre; j’en compte trois mais je suis certain que vous en trouverez plus. Et ne vous gênez pas pour nous le faire savoir!

Les trois pièges de Fantômas:

En premier lieu, le titre est une promesse quasi jouissive attribué un personnage si cruel. Déjà, le simple fait de pouvoir retourner et revivre de nouvelles aventures de Fantômas est une opportunité en or... mais se faire promettre SA COLÈRE évoque un titillement sadique presque incontrôlable. Après avoir été témoin de sévices impensables de la part du personnage, le lecteur ne peut qu’être dangereusement attiré par l’annonce d’une mise en scène de l’humeur la plus massacrante du personnage. Et voilà, le premier piège du livre, la première annonce sans équivoque qui nous indique que si nous possédons un tantinet de sens, on devrait se douter que la colère d’un tel personnage sera forcément cataclysmique. C’est ce qui rends l’histoire d’autant plus captivante; le fait de VOULOIR voir cette colère se manifester devant nos yeux (et je ne vous gâche rien en avouant qu’elle vaut amplement la peine d’être vue!!!)

Ce qui m’amène évidemment au deuxième piège qui est, hors de tout doute, l’esthétique de l’œuvre. Comme un prédateur efficace ou une plante carnivore, nous savons tous que les couleurs vives et les courbes lascives décèlent toujours le plus grand danger. Le fait d'attirer, tranquillement et de façon hypnotique, le lecteur à coup de MAGNIFIQUES illustrations est sans aucun doute le deuxième piège de Fantômas (et de Julie Rocheleau en conséquent). Ces grandes illustrations, fortement inspirées des couvertures de romans de Souvestre et Alain avec une mixture de ténébreux parfaitement mesurée, viennent attirer le lecteur à plonger dans l’univers de Fantômas, une invitation alléchante qui comporte son lot de danger. Les yeux fermés ou même grands ouverts, les cascades de sang qui tranchent les cases et même les queues de phylactère qui s’entrecroisent de manière sinueuse comme la fumée furtive d’un fusil fumant accrochent à merveille. 
Du coup, le troisième piège de l’œuvre, c'est que Fantômas semble enragé d’être manipulé médiatiquement, furieux du fait que l’on utilise sa figure pour faire des films et même écrire des livres. Une idée de génie que d’avoir lié le personnage à ses adaptations filmiques et même d’avoir rendu le fameux Fantômas offusqué par le fait que certains producteurs capitalisent sur son histoire. Cette strate méta réflective du personnage qui frappe violemment ceux qui osent exploiter son mythe (et donc de pervertir la construction de son personnage) m’apparaît comme l’une des innovations les plus intéressantes offerte à la légende de Fantômas. À la manière de ce qu’Alan Moore proposait avec "League of extraordinary gentlemen: black dossier (dont Fantômas faisait parti, dans sa version Hexagonale) Fantômas devient donc un personnage « plus que réel » qui émerge des pages du livre pour venir menacer l’auditeur (et ici le lecteur simultanément) qui ose consommer les œuvres écrites sur lui à son insu. Certains lecteurs, dont moi, ne peuvent ignorer la frousse qu’une telle observation peut causer. Chaque page tournée du livre est accompagnée d’une certaine réticence de continuer la lecture car la menace de l’assassin plane continuellement...Et si le vilain lui-même était offusqué que je lise ce livre en cet instant bien précis? Peut-être que la colère de Fantômas s’abattrait sur moi, juste ici…maintenant…pendant qu’il s’approche tranquillement derrière moi!
De plus, ce Fantômas est présenté comme un être qui peut être partout simultanément, un homme à mille visages et aux mille incarnations qui nous rappelle la terreur toute contemporaine qui accompagne les "menaces" bien concrètes des celle d’Anonymous. Aucune personne n’est hors de danger ni trop loin pour être agrippé par sa longue poigne.  Il est omniprésent, inquiétant et il est présenté avec brio par les deux artistes qui nous ont livré ce livre.

Milles mercis pour la terreur,

XxX
Le 7ème  Antiquaire.

jeudi 14 mars 2013

Notre émission du 14 mars: JUDEX, The Shadow rocambolesque de Feuillade à feuilleton

POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION, CLIQUER ICI
Pour compléter notre dernière émission  sur le Fantômas de Louis Feuillade (1913), nous vous parlerons cette semaine d'une autre personnage, celui là créé de toute pièce par le grand maître français, Judex (1914). Fils de pulp au plus pur sens du terme, héritier de Rocambole, cousin bâtard de The Shadow et Zorro, notre découverte de Judex, aux bons soins de la rétrospective sur Franju de la Cinémathèque québécoise, a depuis sévèrement chamboulé une vision de la réalité à laquelle nous tenions mordicus. Judex, en bon salopard prestidigitateur qu'il est, est venu brouiller les cartes. Par sa seule existence, il anime le débat de ce qui détermine, sur papier comme sur pellicule, cette zone floue et transitoire entre le roman-feuilleton et le comic-book, le héros classique ou super. Même Batman, la vision Nolanienne et ses épanchements pour les petits drames bourgeois investis de démesure à la David Lean en particulier, ne peut plus échapper à la comparaison.
 
Judex a vu le jour quelques années après le Fantômas de Feuillade. Réalisé en 1914, les épisodes de la série ne seront projes qu'en 1916-18. Épuisé suite à des déboires avec la police française pendant la sortie de son sulfureux "Les Vampires", Feuillade tente de créer un pendant héroïque au cruel voleur-assassin, question de stimuler un peu la vertu publique. En quelque sorte, Judex est à Sherlock Holmes ce que Fantomas est à Arsène Lupin. Et la réussite est de taille; blafard, mélancolique, volontiers juge et bourreau (Judex veut dire juge en latin), le personnage a quelques chose de volontiers inquiétant, à l'instar de celui qui fera les beaux jours de la radio américaine, le Shadow. Pour le moins qu'on veuille donner des paramètres précis à ce débat, Judex est sans contredit un "super-héros" de la toute première génération, avant même que le pulp ne commence sa mutation vers le comic-book (des détails dans l'émission)
 Il faudra attendre 1963 pour que George Franju, plus que jamais frère d'arme de Mario Bava, lui donne son incarnation définitive. Bien qu'il soit de toutes évidences conscient de cet héritage dont Judex est le digne précurseur, Franju ne s'en formalise pas: c'est d'abord et avant tout un amour pour le cinéma de Feuillade qui anime son envie de lui dédier un film. De l'inquiétante étrangeté digne de Lynch et des plans stimulant parfois la fibre kubrickienne (une scène de bal masqué où tout les célébrants portent des masques d'oiseau est captivante et morbide à la fois), si c'est un hommage à Feuillade que veut faire Franju, il fera aussi bon gré mal gré un brillante synthèse des thèmes qui traverseront par la suite un demi-siècle de littérature populaire. Et rappelons que Judex est d'abord et avant tout une créature de cinéma! 

vendredi 8 mars 2013

Notre émission du 8 mars: FANTOMAS de Louis Feuillade (1913)-L'esthète de la cruauté


Fantômas, la série magnifique de Louis Feuillade (1913) est une découverte que le 7ème s'est imposé pour vous cette semaine avec bonheur. À une époque où les geeks ont la possibilité de se gaver jusqu’à plus soif de références, c'est un plaisir de pouvoir retourner au fondements  des grandes influences, souvent inconnus des principaux concernés (c'était notre cas il n'y a pas si longtemps!). 
Il n'y a pas beaucoup de méchant plus grandiose que Fantômas. Il est le précurseur de tellement d'entre eux: Joker, Thomas Ripley, Hannibal Lecteur. Il est tout simplement le premier des Super vilains digne de ce nom. Grandiloquent, théâtral, séduisant...absolument sans la moindre once de pitié.
Un tour d'horizon du personnage, des premiers films le mettant en scène, des petits morceaux de méchanceté qui font chaud au cœur. En se délectant des faits et gestes de ce grand esthète de la cruauté, on constate que cinéma de la préhistoire était souvent passablement contemporain.