intro à Ciné-Cadeau (avec quoi en fond d'écran.. NEZHA!!!) |
Notre émission de noël en est une de nostalgie cette année. En ce 30e anniversaire de ciné-cadeau, on se rappelle les films d'animation découverts étant enfant lorsque la série en était à ses premières années. On ne parlera pas des habitués (les éternels Astérix et Lucky Luke) mais plutôt des films chinois, russes, estoniens ou français qui faisaient honneur à la programmation audacieuse de l'époque. Non que la programmation récente n'ait pas de bon morceau (on y trouve les très bons « Poulet en fuite » et « Kirikou ») mais ces films non distribués de provenances plus lointaines ne s'y trouvent plus (et il se fait encore de l'excellente animation dans ces autres lieux). L'écart de culture et les techniques d'animation étaient déjà assez pour nous déboussoler mais en plus les sujets traités et les occasionnelles tendances à tomber dans la métaphysique ont assurément laissé les traces d'une cinéphilie naissante dans l'esprit de plusieurs enfants en pleine confusion devant leur télé. Tout ça grâce à la programmation de Ciné-cadeau durant les années 1980, sans quoi nous n'aurions jamais vu ces films d'animation qui sont maintenant devenus pour nous des incontournables.
Ces
films plus rares que nous a offerts Ciné-cadeau n'ont été diffusés qu'une ou
deux fois à l'époque et, faute de distribution au Québec, n'ont jamais réapparus
en VHS dans nos clubs-vidéo. Longtemps les enfants, adolescents et jeunes
adultes que nous avons été ont donc trainé en souvenir des scènes, des plans,
des images marquantes qui ne faisaient pas nécessairement écho chez tout le
monde et pour lesquels on n’arrivait pas à mettre un titre de film (un
"twonky" pour parler le langage du 7e Antiquaire). Bien sûr avec Internet et Youtube il est maintenant difficile d'avoir le moindrement un
twonky récent ou de ne pas les retrouver mais il nous a fallu bien des
discussions enflammées pour enfin tomber plusieurs années plus tard sur la
personne qui allait enfin nous révéler le titre du film tant recherché. Dans
notre cas il s'agit de trois films : Le prince Nezha triomphe du roi
dragon (Wang Shuchen, Chine - 1979), Les maîtres du temps
(René Laloux, France - 1982), Le roi et l'oiseau (Paul Grimault,
France, 1980) (mieux distribué que les deux autres titres mais qui a assurément
laissé sa trace dans nos esprits).
Proche
des estampes traditionnelles ou des peintures d'Hokusai, Le prince Nezha
triomphe du roi dragon est un conte traditionnel chinois dans lequel un
enfant qui a été en gestation pendant 3 ans dans le ventre de sa mère qui,
elle, enfante un oeuf qui, lui, se cassant, laisse place à une fleur de lotus de
laquelle Nezha va finalement naître, sachant déjà marcher et parler (et ce n'est
que l'introduction). Son destin sera de défendre le peuple contre les rois
dragons qui sèment la peur sur le village en demandant le sacrifice d'enfants.
Comment oublier cette scène marquante au milieu du film montrant Nezha se
suicidant pour sauver son village.
Les
maîtres du temps est une adaptation de l'écrivain français Stefan Wul (de son vrai nom
Pierre Pairault, identifié de façon erronée durant l'émission comme un écrivain
polonais) par le cinéaste d'animation René Laloux avec la collaboration de
Moebius (Jean Giraud). Ce mélange intéressant de créateurs donna un film
d'animation des plus surprenant par son approche intelligente de la
science-fiction et par son sujet métaphysique. Si l'animation souffre
occasionnellement du manque de budget, les idées ne manquent pas et
l'imagination unique de Moebius est au rendez-vous. L’idée de base : un enfant
perdu sur une planète inconnue doit essayer de survivre en suivant les conseils
de l'équipage d'un vaisseau spatial allant à son secours avec lequel il est en
contact radio. L'espace-temps y mettra du sien pour apporter une des finale les
plus stimulante pour les amateurs de métaphysique (et particulièrement confus
pour tout enfant devant sa télé). On n'oubliera pas non plus la fameuse scène où
l'enfant se fait attaquer la tête par une horde de frelons géants.
Un
film plus connu mais qui a laissé son lot d’images marquantes dans nos esprits
d’enfants, Le roi et l'oiseau, dans lequel Jacques Prévert
apporte toute sa sensibilité et contribue grandement à rendre ce film le chef-d'oeuvre du cinéma d'animation qu'il est. On a déjà beaucoup dit sur ce film
mais pour les intéressés à creuser un peu plus, il existe un texte d'analyse
comparative très intéressant (évoqué durant l’émission) entre le film de
Grimault et le Metropolis de Fritz Lang dans le Ciné-Nice no11 de 2005 intitulé
« De Metropolis au Roi et l'oiseau : questions d'héritages... » par Christel
Taillibert (la revue se trouve à la médiathèque Guy L. Coté de la Cinémathèque
québécoise).
Pour
les curieux, la lettre évoquée aussi durant l'émission que Fellini envoya à
Moebius:
C'est
donc un retour aux sources de notre cinéphilie pour cette émission du 7e Antiquaire
durant laquelle nous débroussaillons les souvenirs que Ciné-cadeau nous a
laissé et plongeons plus en profondeur dans certains des films responsables de
ces souvenirs.
-David Fortin
Very nice bblog you have here
RépondreSupprimer