C'est toujours suite à une séance amoureuse matinale que l'envie me prend d'évoquer des sujets saugrenus (généralement à caractère sexuel, on devinera). Récemment, sans crier gare, post -coital et taquin, je me suis surpris moi-même à parler sur l'oreiller de bestialité. Il faut dire que j'avais failli me faire lécher le gland par un chat curieux, quelques secondes plus tôt. Heureusement, l'événement aurait été accidentel. Peut-être suis-je vieux jeu, mais j'aime les chats (et le reste des bêtes) d'un amour platonique. Après la peur initiale s'ensuivit le rire, les anecdotes salaces et une discussion générale sur les mythes urbains: une fille, un chien et du beurre de cacahuète (un film pour toute la famille!), le fermier et la narine de veau...les japonaise et les tentacules...
"Des tentacules?" de rétorquer mon amoureuse. "Ben voyons donc..."
Inutile de vous décrire l'incrédulité tout à fait justifiable de la femme que j'aime sur ce sujet pourtant séculaire...
Devant cette incrédulité, je suis porté à l'évidence de la nécessité d'un article de fond sur le sujet. Je ne prétendrai pas à l'exhaustivité; un simple survol thématique suffira aux néophytes. L'exégète trouvera son compte dans certaines évocations pertinentes et des théories imagées.On doit essentiellement la fascination du "sexe tentaculaire" à ces braves gens du soleil Levant. Un adage de Lao-Tseu va comme suit :"dis moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu baises". C'est d'ailleurs au Japon, dit-on, qu'on trouve un charmant restaurant où pour la rondelette somme de 7000$, vous pouvez baiser votre repas vivant avant de le déguster. Dit-on. On retrouve en outre les premières manifestations de pornographie tentaculaire nippone au tout début du 19ème siècle et ce, bien avant l'apparition des premiers textes de H.P Lovecraft où la suggestion du viol par des créatures marines hybrides et démoniaques font figures de récits fondateurs."Le rêve de la femme du pêcheur" estampe érotique de Hokusai Karsushika, 1820
Il est cependant clair que l'explosion des archétypes Lovecraftiens dans la culture populaire typiquement nommés les mythes de Cthulhu (voir la créature en bas), aura considérablement enflammé l'imagination des Japonais. Ces visions de femmes impuissantes et violées dans tous les orifices par des démons antédiluviens est une extension justement "tentaculaire" de mythes Lovecraftiens. Chez Lovecraft, l'horreur est bel et bien un phénomène physique, naturel, entrainant chez l'homme un viol de l'esprit, une destruction de l'entendement. Les japonais auront conjugué ces notions à la pornographie, au viol total.
Depuis, on retrouve "le viol tentaculaire" dans toutes les sphères de la culture populaire nippone.Les mangas:
Les animes, (les dessins animées appelés les hentais):L'art pornographique conceptuel:
...et conjugués à d'autres sous-genres, comme le cyber-punk...Or, le phénomène n'est pas strictement japonais. Ce que les japonais ont grappillés à Lovecraft, la dimension sexuelle de ces imageries, les occidentaux "nipponophiles" l'ont récupérés également, souvent en le conjuguant au cyberpunk:
Ridley Scott avec "Alien":Cronenberg avec "The Naked Lunch"
Zulawski avec "Possession":
La petite sirène:Chose certaine, la recette reste sensiblement la même partout dans le monde: une jeune femme innocente se fait violer dans tous les trous en même temps. avec des degrés variables de plaisir. Comme il est plus au moins interdit de montrer des pénis au Japon, on devinera que le tentacule aura fait office de remplacement de fortune.
Ce qui rend le phénomène intéressant, c'est qu'il est véritablement devenu une sous-catégorie de la pornographie. Il se sera insinué dans la réalité. La chose est d'emblée ambiguë que les victimes de ces appendices sont souvent vaguement satisfaites par ces pénétrations intégrales. Au Japon, la consommation des hentais est faite par une majorité écrasante de femmes (des femmes occidentales ont aussi un intérêt marqué pour la chose) . Le néophytes n'aura aucune difficulté à trouver un véritable film où une femme se fait pénétrer par des tentacules. Des sites se dédit spécifiquement à la chose, qu'elle soit fictive comme le site Rough Tentacle Hentai:
Ou véritable.
(MISE EN GARDE: Cliquer sur la photo pour une vidéo. Soyez conscient de la nature particulièrement choquante de la chose et prenez une grande respiration avant)
Mais que représente véritablement ce fantasme? La mémoire distante et atavique d'une sexualité informe et protoplasmique, où tout était à la fois pénétrant et pénétrée? La mise en scène d'un désir de viol intégral, commun aux femmes et aux hommes, socialement acceptable parce que fantaisiste?
Le symbole de la domination sexuelle des femmes japonaises, conditionnées à faire croire que leur soumission et leur souffrance leur est plaisante? Il suffit de regarder un film pornographique avec des japonais pour voir comment cette attitude est omniprésente: les pornstarlettes japonaises sont présentées comme d'éternelles fillettes innocentes subissant, entre le consentement résigné et l'extase, les risibles prouesses d'hommes abusifs n'ayant par ailleurs aucunement les phallus volumineux si fortement prisés par la pornographie occidentale.
Les tentacules violeurs des japonais sont-ils l'illustration inconsciente d'un complexe d'infériorité génitale? Je ne parle pas simplement de la taille du pénis mais aussi de cette peur du sexe féminin, abysse apparemment insondable d'où surgit la vie hurlante et fumante, vision d'horreur pour bon nombre d'homme.
Faut-il, symboliquement, un énorme tentacule Lovecraftien pour sonder cette abysse? Est-ce le fantasme de vengeance d'hommes incertains de leur capacité à satisfaire une femme? Est-ce la vision que certain d'entre nous avons de la femme, un puits sans fond de désir impossible à remplir?
N'allez surtout pas croire que l'occident est en reste: des variations de ce phénomène se retrouve partout dans notre pornographie. On y retrouve des scènes de phallus volumineux pénétrant tous les orifices d'une femme simultanément, dans une espèce de danse frénétique et cadencée, devenant parfois autant de visions cauchemardesques de corps protéiformes, de chairs en métamorphose, dépersonnalisées et sans visages.
Toutes ces réponses ont probablement une certaine validité. Or, arrêtons nous sur le nom du grand-père involontaire de ce sous-genre: H. P Lovecraft.
Peut-être que la clé d'une autre explication se trouve dans l'étymologie tout aussi involontaire de son nom (Merci à Somoza!).
"Love"=amour. "Craft"= un art, une méthode, une technique.
L'amour/le sexe en tant que méthode, technique, mécanique, froide et visqueuse. Les créations de Lovecraft, des créatures d'amour/de sexe mécanique, physique, des machines corporelles de pénétrations absolues, d'infiltration totale. Des créatures qui violent la réalité et s'infiltrent partout dans l'existence.
Le viol tentaculaire, ce n'est rien d'autre que ça. L'excitation par l'avilissement, l'écrasement de l'homme par la vie déchainée, le forçant à l'humilité. Les femmes comme les hommes sont ici dans l'avilissement: devenant une victime, la femme connait enfin la satisfaction et bien que ces mises en scène sont le fruit d'esprit masculin, on remarquera que ce dernier est absent de l'équation sexuelle. Il est en conséquent inefficace.
Le viol tentaculaire devait tôt ou tard s'infiltrer dans la pornographie qui n'est au final rien d'autre que l'excitation par la démesure et l'avilissement volontaire.
Messieurs, bonsoir et bravo ! Quel article éclairé sur un sujet aussi gluant! Toutes mes félicitations pour votre blog qui va rejoindre la liste de mes favoris !
RépondreSupprimerMerci de ton commentaire camarade! Le gluant sera de retour prestement, je peux te l'assurer!
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