samedi 30 janvier 2010

Geek Chronique no.27: Le bon, la brute et le...petit salopard qui m'a tiré dans les burnes?




Récemment, un compagnon cinéphile (un grec sculptural et couvert de tatouage dénommé Kosta, créateur du blog Meat et Meat, en hyperlien ici même à votre droite) me prête un film absolument unique, un truc si étrange que je l'ai tout de go classé dans mon top 10 de mes OUATE DE PHOQUE!!!

Vous avez peut-être entendu parler: The terror of tiny town, un western musical de 1938 mettant en vedette...des nains. Un casting entièrement composé de nains. Des nains qui montent des Shetlands, des nains qui se donnent des coups de poing. Si vous pensez que tout ça est drôle, vous avez en partie raison. Si vous trouvez l'idée de mauvais goût et abusive, vous avez également raison. Mais il y a une chose que le film génère involontairement et c'est ça qui le rend fascinant, du moins pour moi. Le film est creepy. Pas les nains, que je ne trouve par ailleurs ni drôles ni étranges. L'atmosphère est, disons, décalée. Un John Ford pastiché par Lynch ressemblerait probablement un peu à ça. Je ne sais même pas si le titre est volontaire, mais c'est comme si le film en cachait un autre; La Terreur serait celle, indicible et inexplicable, de ce monde parallèle, identique au nôtre, où tout les gens sont des nains (un Howard the duck avant l'heure). Un univers entier où les films sont exactement comme les nôtres, mais où Ben-hur a un traîneau à chien, où Tarzan protège des pygmées, où les vélocéraptors de Jurassic Park sont des iguanes, où Lord of the rings est un film mettant en scène des lutins, des gnomes et des farfadets et où Star Wars n'existe tout simplement pas. Le seul film que nous ayons reçu de cette étrange monde parallèle, par je ne sais quelle machination lovecratienne, est La Terreur qui est venue dans la ville minuscule.

Si The Terror of tiny town est un John Ford avec des nains, le monde du cinéma attendait avec une impatience peu contenue l'équivalent sauce western-spaghetti. Ce jour béni est enfin plus ou moins arrivé, grâce à l'exceptionnel Peter Dinklage.

Si en voyant ça photo vous vous êtes dit "ah oui, ce nain-là", ne le faites plus jamais. Peter. Dinklage. Vous avez vu Dinklage dans Nip-tuck, 30 rock, Lost in oblivion, c'était l'inoubliable personnage principal de Station agent, Peter dans Death at a funeral (il revient d'ailleurs dans le remake version afro-américaine), il sera également de la partie pour l'adaptation HBO de Game of Thrones. C'est un comédien immense, capable de jongler entre le drame et la comédie et qui n'a aucun problème à jouer l'éléphant dans la pièce.

Je peux vous le garantir: dans The Last rites of Ransom Pride, Dinklage va jouer un Lee Van Cleef de 4'5'' et il va vour faire chier dans votre froque (cliquer ici pour le sit web du film).

Cliquer sur la photo pour rejoindre The Dwarf sur Facebook.


vendredi 29 janvier 2010

Critique cryptique:A.I-Artificial Intelligence-Plaidoyer pour une consécration nécessaire

C'est en 2001 que sort A.I. La date de sortie du "dernier" film de Kubrick, poétiquement, prophétiquement, correspond à sa plus grande oeuvre, la plus importante du cinéma à mon humble avis. Plusieurs d'entre vous le savez déjà, c'est un projet que Kubrick a développé plusieurs décennies et qu'il a ensuite offert à Steven Spielberg de son plein gré, pour plusieurs raisons. Ce fut la rencontre entre deux philosophes, une symbiose créative, une fusion totale.

Au cinéma, je suis bouleversé par cette oraison funèbre de Spielberg, je suis convaincu de sa consécration, je suis catégorique qu'il est un des plus grands films de la nouvelle décennie. Ce qu' Avatar représente actuellement, je pensais qu'A.I le représenterait à l'époque.

Et puis le public, le critique, le maniaque de Kubrick s’est prononcé. Rien n'aurait pu me préparer à cette réaction. Ma consternation fut complète mais plus encore, je fus profondément attristé par la condescendance généralisée de cette réaction. Devant cette réception glaciale, j'ai légèrement douté de mon jugement. Je me suis ensuite rangé: le film était venu bien trop tôt. Il faudrait probablement une décennie avant que le public ne comprenne ce qu'il a condamné. L’association à 2001 aura été de mauvais augure; la fable cosmique de Kubrick avait eu droit également à ce genre d’accueil.

Inutile de préciser à quel point on m'a trouvé prétentieux. De ma certitude émergea la colère. J’ai défendu le film becs et ongles presque une décennie. Depuis, je me suis assagi sur le sujet, mais non pas par résignation : j’ai eu le temps d’écouter ce que tout le monde pensait savoir du film.
Aujourd’hui, je sais sans équivoque la raison de son accueil. Elle tient à 5 éléments qui sont répétés ad nauseam par l’essentiel des nombreux détracteurs, sur le même ton, avec les mêmes termes, comme une litanie. Les voici, accompagnés une fois pour toute de rectifications… 1-La perception qu’a le public de Spielberg : en 2001, il se trouvait encore des gens persuadés que Spielberg n’était rien d’autre qu’une machine à blockbuster.

C’est un préjugé généralement entretenu par plusieurs strates de notre société, y compris celle des cinéphiles. Ils ont tendance a oublié ce que Spielberg a vraiment offert à son public, une balance entre le film d’auteur et le divertissement populaire, entre la virtuosité technique et l’émotion pure. Les intellectuels sont très souvent inconfortables avec le mélodrame, surtout quand il opère bien. Ils sont forcés à l’émotion et ça les indispose. Le grand public peut probablement nommé tout au plus une dizaine de réalisateur et leurs films. Dans leur cas, Familiarity breeds contempt, tout simplement (ahhh tu sais...l'est comme ça mononcle Steven!).

2- L’usurpation du projet par Spielberg:

Ce qui ne c’est jamais produit. Kubrick avait longuement pensé à Spielberg pour le réaliser. Selon lui, A.I demandait la sensibilité de quelqu’un comme lui, capable de comprendre l’enfance et de maîtriser l’émotion mais aussi un virtuose technique.
Si Kubrick était un cinéaste-technicien qui s’interroge sur la condition humaine, Spielberg est un humaniste fasciné par les aspects techniques du cinéma.

3-La Trahison envers Kubrick : J’ai entendu cette phrase tellement de fois. La vision de Spielberg a contaminé celle de Kubrick. Les obsessions thématiques de Spielberg ont été engoncées de force dans le scénario original.

Faux. La collaboration entre les deux fut très étroite. Comme toujours chez Kubrick, les recherches, les storyboards, les sketches et le scénario sont des œuvres volumineuses en soi. Ils furent respectés à la lettre par Spielberg. À la limite, il serait juste de dire que le projet de Kubrick avait déjà une facture…spielbergienne.

4-L’obsession pour le génocide et les extraterrestres: Finalement, c’est vraiment de ça qu’on accuse le plus souvent Spielberg.

L’idée du génocide (des robots) est celle de Kubrick. Elle traverse d’ailleurs son œuvre assez souvent. Kubrick a longtemps travaillé à la conception d’un film sur le sujet intitulé Aryan Papers. Il l’a abandonné après avoir vu Schindler’s list, un des plus grands films de l’histoire du cinéma selon lui. C’est d’ailleurs le film qui l’a finalement convaincu de lui donner A.I.

Les extraterrestres de la fin. Vous savez, même si c’en était, le film ne perdrait rien de sa puissance. Et le Deus ex machina est un processus scénaristique vénérable s’il en est (ne perdons pas de vue que A.I emprunte ses résonances au conte). La fin du film est tout de même traversée d’une certaine grâce. Ceci dit, incidemment, ce n’en sont pas. Les créatures de la fin sont l’évolution future des robots, désormais êtres vivants à part entière. Ils sont des robots vivants, tout simplement.

Les gens ont tendance à condamner un film si la fin les déçoit, comme si la qualité de l’œuvre au complet pouvait être annulée par les quelques minutes de la fin. Dans le cas d'A.I, l’incompréhension de la fin, causé par les préjugés du public, retire énormément de puissance au propos.
Si les robots angéliques de la fin sont désormais des êtres vivants, c’est directement à cause de la soif d’amour et des aspirations de petits robots comme David. Il fut le premier, l’initiateur, un homme parmi les singes. La simplicité de son désir aurait eu le temps de s’enrichir à travers les siècles jusqu’à ce que, virtuellement, elle devienne le balbutiement d’une essence. Il est la confirmation d’un passé lointain où cette race a commencée à vivre.


5-La fin naïve et mélodramatique:

Une lame à double tranchant. La fin l’est sans doute pour quiconque n’ayant pas saisi les éléments mentionnés plus haut. Dans quel cas votre lame est émoussée. La fin sera donc attribuée, par le biais de préjugés, à Spielberg. Le robot à simplement droit (certain diront que c’est suffisant) à l’amour de sa mère.

Erreur monumentale. Le fin est on ne peut plus Kubrickienne; David a droit à l’illusion de l’amour. C’est la leçon ultime du film, profonde et lourde. La manquer, c’est écouter une fable et ne rien comprendre de la leçon finale parce qu’on est consterné par la faculté de parole des animaux.

Il n’y a aucune différence entre le simple désir binaire d’un robot et celui des hommes, provenant d’une ancienne programmation organique. Avant de vouloir être aimé, le singe n’a voulu qu’une chose. Survivre. Il en sera indubitablement de même avec les intelligences artificielles, dans le torrent des siècles. Selon Spielberg, le robot a des vrais émotions. Selon Kubrick, les émotions humaines sont un programme. Au final, tout le film est basé sur cette balance entre deux opposés qui disent la même chose.



Je conclus ma litanie. Je ne suis pas seul. Un nombre grandissant de gens sont de mon avis et le verbalisent de manière pertinente tous les jours sur Internet.
L’année prochaine, ça fera dix ans que le film existe. J’attend. On verra bien, on verra bien...

"maybe it's not such a surprise that AI had difficulty finding a audience and ended up being one of Spielberg's rare box office also rans. That was the price Spielberg paid for demonstrating the artistic integrity so many doubt he has, and for the ingenuity he is almost never given credit for. AI: Artificial Intelligence, though the most remarkable film of 2001, may prove to be a movie for the future."

Critique cryptique:Death in love-le jewish guilt érotisé

Vous n'avez probablement pas du tout entendu parler de ce film. En ce moment, il repose incognito sur les étalages de votre club vidéo, innocent, déguisé en drame de mœurs avec sa pochette ridicule qui évoque un thriller érotique d'Adrian Lyne.


Dommage. La pochette initiale (En bas) était autrement plus évocatrice. Faut bien vendre le film hein?


Mais OH! Regardez le collant de la régie du Québec! 18 ans et plus les aminches! C'est pas souvent que des films sont classés comme ça ici, non monsieur! Martyrs, Irréversible, Baise moi. .. ça prend du stock assez solide pour mériter cette étiquette. C'est un sceau de garanti: il y aura du cul, du sang et les deux ne seront pas nécessairement dissociables. Mais voilà, vous retournez la pochette et vous lisez le nom du réal. .. Boaz Yakin. Si vous connaissez le bonhomme vous n'êtes probablement pas très inspiré. À son actif, Yakin a des trucs tels que Fresh, A price above rubies, Remember the titans et Uptown girls. En tant que scénariste, c'est encore plus saugenu: The Punisher (Celui de Dolph), From dusk till dawn 2 et Dirty Dancing 2. Il y aussi le co-propriétaire de la compagnie de film d'horreur de Eli Roth, Raw Nerve.

Étrange feuille de route, pas vrai? Je ne vous dit pas à quel point Death in love n'a rien à voir avec tout ça.

5 minutes que le film est commencé et je vous promet que votre arcade sourcilière au complet se fronce. 30 minutes plus tard, vous allez être consterné par ce brûlot qui semble n'obéir qu'à ses propres pulsions. Dire que le film est déstabilisant est faible. Il a une grosse guêpe cachée dans la fraise et au moment de croquer dedans, elle ne se contente pas de vous piquer la langue, elle va crever en vrombissant dans votre gorge. Ma métaphore est très appropriée.

Death in love est un film hybride, un mutant multicéphale. Vous excuserai le name dropping qui suivra mais ça sera ici inévitable. Une partie du film est une évidente relecture de Night Porter de Liliana Cavani (cliquez ici pour écouter notre émission sur ce film vénéneux) mais dans le décor et le contexte de Salo ou les 120 jours de Sodome avec une Jacqueline Bisset qui joue Charlotte Rampling mieux qu'elle même. No joke. Des nazis et des juifs qui batifolent comme c'est pas permis. Peut-être même qu'ils s'aiment. Dr. Mengele in love! CUTE! Nous sommes ensuite introduit aux protagonistes à New-york, quelques temps après 9/11. Indirectement, sans qu'ils ne le sachent, ils portent les stigmates du batifolage mentionné plus haut. Ce monde là ne va pas bien, mais alors pas bien du tout. Le film devient avec eu une sorte de Shortbus juif réalisé par Haneke, où il est surtout question de culpabilité et de dégout. On baise dans Death in love, mais sans plaisir et avec répulsion. Le décrié jewish guilt sclérose totalement toute possibilité de relation émotive. Les juifs du film portent leur névrose comme Samson sa tignasse ... si elle était pleine de poux.

Si ce n'était que ça, ce serait déjà pas mal, mais c'est réalisé comme un film d'horreur, un très bon et efficace film d'horreur. Plusieurs scènes sont terriblement angoissantes. Une pincée de Kubrick, de l'inquiétante étrangeté au bon moment. Les influences de Yakin sont claires et la probabilité de leur co-existence dans un seul film était plutôt mince. Mais ça, Yakin n'en a cure. Il en résulte un film assez éprouvant, déstabilisant et inégal, mais totalement sincère.

Hey ... what's not to love.

Dieu sait que je ne l'ai pas vu venir, la giclée de vomi qui venait en prime avec le french kiss.

mercredi 27 janvier 2010

Notre émission du 27 janvier: Ixe-13, l'as des espions canadiens, l'espion playboy, the french canadian dream

Pour écouter directement cette émission, cliquer ici
...demandez vot' programme pis vot' pop-corn ice-creamIxe-13, 5 cennes de chip Duchess, un kik cola pis des outils en chocolats...

Savez vous c'est quoi des outils en chocolat? Êtes vous capables de nommer les différentes sortes d'outils? Si oui, il y a des fortes chances que certaines subtilités du film ne vous échappent pas (vous êtes probablement nés à l'époque). Sinon, si vous avez en bas de 30 ans, le 7ème sera là cette semaine pour tout expliquer.

Que IXE-13 soit un film culte, c'est un fait inargumentable. Personnellement, cette semaine, le 7ème veut juste s'assurer que c'est pour les bonnes raisons. L'absurdité et le décalage de l'engin opèrent a tellement de degré et que fort malheureusement, les générations à venir n'en saisiront que des bribes (nous avons nous même un peu de déchiffrage à faire...)



Faites de l'air, faites de l'air faites de l'AIR, ça sent l'ail...

IXE-13 est le fruit de son époque, mais à l'instar du personnage du roman de Godbout Les têtes à Papineau, c'est un monstre à plusieurs têtes, une créature à l'identité multiple. Dans tout le panorama de la cinématographie québécoise-canadienne (américaine!), il n'y jamais eu et il n'y aura jamais plus de truc pareil. Une comédie musicale artisanale absurde et satyrique réalisé par un romancier-poète, adapté d'un roman feuilleton créé par un comédien, mettant en vedette un groupe d'humoristes engagés qui ne chantent pas et des lutteurs nains. Conséquemment, peu de films d'ici ont si bien parlés de l'identité québécoise en feignant de parler d'autre chose.

Vous pourriez être danseuse et gagner honorablement votre vie...

Si ce n'était que ça. IXE-13 est en plus une effarante (oui oui...effarante) leçon de faux cinéma fauché. Oui bien sur, il y a l'incontournable Chanson vulgaire, véritable poème du juron québécois truffé de lignes savoureuses...


Tu récalcites, j'te casse les dents, j'te décapites mon sacrament... M'a t'faire manger d'la marde en tas, m'en va t'crever sur le matelas

...mais c'est aussi un superbe pastiche plein de finesse, un méditation sur le métissage culturel et un document d'archive précieux pour se rincer l'oeil en regardant Carole Laure et Louise Forestier, au sommet de leur art et franchement bandantes. Forestier tout particulièrement, dont les torrents de roulements de "R" lui sortant du gorgoton titillent l'imagination.


Pour nous écouter cette semaine, cliquez sur les bouches grandes ouvertes en haut. Personnellement, j'ai un doux vertige en regardant celle de Louise Forestier. Hummmm.

Ladies and gentlemen, le gorgeux, le trémendueux, le sexé...Jean-Guy Major






Pour tous les gens intéressés par le héros, il faut absolument visiter le site de Jean Layette en cliquant ici. Grâce à la passion et l'énergie de cet homme, les aventures de l'as des espions canadiens peuvent être découvertes par une nouvelle génération de lecteurs. Merci Mr. Layette!

dimanche 24 janvier 2010

Critique cryptique:A single man-comme une vieille photo oubliée dans un costume impeccable

A single man est le dernier film vu par le 7ème en 2009. Le 30 décembre pour être plus précis. Je suis allé voir le film parce que la bande annonce, élusive à souhait, m'avait complètement conquis. Une suite d'images sensuelles, un peu de violon, quelques tons monochromatiques, Julianne Moore qui se met du mascara devant le miroir. Le visage triste de Colin Firth. De quoi ça va parler? Je ne me suis à peine posé de question. La bande annonce m'a hantée jusqu'à ce que j'aille voir le film.
Du réalisateur Tom Ford , je ne savais absolument rien. Je fais une recherche paresseuse et j'apprends ce que vous savez probablement tous; c'est son premier film, ce n'est pas un réalisateur, c'est un designer qui a presque sauvé Gucci de la banqueroute.

Ah. C'était donc ça l'inargumentable élégance de la bande annonce. Je veux dire, j'aime assez Colin Firth mais il n'a jamais eu une telle gueule. Il a plus l'air de James Bond que Daniel Craig. Bon d'accord. Je m'attend à un thriller vaguement hitchcockien, relativement vide mais Ô combien stylish. Le vilain préjugé que voilà. Un bonhomme qui vient de la mode, peu importe son brio, ne pourrait par faire une oeuvre à fendre le coeur, subtile et raffinée hein?
Je ressors du film absolument convaincu d'avoir vu un des plus puissants de 2009. C'est peut-être aussi mon film préféré de l'année. Je devrai le revoir pour en être bien certain, le laisser macérer en moi. Il me semble saugrenu que le dernier vu en 2009 soit le meilleur. Je devrai repasser l'année en revue.

Presque un mois plus tard, je suis aller le revoir hier. Je suis maintenant certain. Je n'ai rien vu de si puissant l'année dernière. Je ne suis pas un cinéphile de mauvaise fois. Mes goûts sont larges et j'évalue les films en fonction du genre auquel ils appartiennent. Ceci dit, je recherche une balance très particulière entre les différents éléments d'un film. Lorsque cette balance est atteinte, le film n'est pas nécessairement parfait ou plus maîtrisé qu'un autre, mais son essence est claire.
A single man a pour moi cette essence. Je pensais voir une pub de parfum, mais le film me l'a fait sentir. Ironiquement, plusieurs des procédés tous simples de ce film auraient pu faire de l'adaptation de Tom Tykwer du roman Le Parfum un film en tout point plus bouleversant. À maintes reprises, A single man pourrait tomber dans le mélodrame, devenir lourd et maladroit, même kitsch. Mais non. Tout balance.

La photo est impeccable et subtile. Les couleurs sont choisies parcimonieusement, c'est d'ailleurs une des thèmes du film. Je passe sur les costumes. La classe, la grande classe. La musique d'Abel Korzeniowski, située en quelque part entre les morceaux de violon de In the mood for love et la bande originale de Clint Mansell pour The Fountain. Firth livre le rôle de sa carrière. Il est fragile et touchant, beau et froid. Julianne Moore est une petite flammèche qui s'éteint. Mais ce qui est bouleversant, c'est que cette surprenante maîtrise de la plastique de Ford est entièrement au service de l'émotion. La nostalgie, la solitude, la peine, la mélancolie se confondent à la sensualité.

A single man est évidemment une histoire d'amour. Une qui, me dois-je de le préciser, a fait lever et quitter la salle à plusieurs spectateurs les deux fois où je suis aller le voir. C'est aussi une histoire sur la mort, le souvenir, l'instant parfait. A single man va jouer dans les mêmes plate- bandes que The Fountain, un film que j'aime de toutes mes forces, un amour très peu partagé qui en rend perplexe plus d'un. Les deux films balancent les mêmes thèmes avec la même candeur et la même puissance d'évocation. On pense aussi un peu à The hours, pour de nombreuses et évidentes raisons.

Je ne sais pas si A single man plaît, s'il a du succès critique ou s'il remportera des prix. Firth devrait avoir l'Oscar. Les critiques n'iront pas de main morte avec les comparaisons. Gus Van Sant, Todd Haynes, Stephen Daldry vont être mentionnés et en comparaison, il sera jugé sévèrement. Je ne tiens qu'à vous rappeler ceci. C'est son premier film. Ne perdez pas ça de vue.

jeudi 21 janvier 2010

Geek Chronique No. 26: Le retour de Deathlok-se faire tirer le Verhoeven du nez


Le cas du réalisateur Paul Verhoeven est assez singulier. Réalisateur néerlandais, ses premiers films jouissaient d'une très bonne réputation auprès des connoisseurs de cinéma étranger. Quand le bonhomme a troqué son approche auteurisante pour la superproduction hollywoodienne, nombreux furent ses amateurs qui crièrent au scandale. Pourtant, le cinéma du monsieur était bel et bien resté le même; sardonique, violent, grand-guignolesque mais conservant toujours une charge idéologique gavée jusqu'à la moelle d'ironie. Inversement, les geeks qui jurent par le bonhomme (et qui l'ont découvert avec Basic instinct, Total Recall et Robocop) tombent des nues lorsqu'ils écoutent ses premiers films. Des thrillers psycho sexuels ambiguë comme The Fourth man ne sont assurément pas pour toutes les fourchettes. Ah cet éternel fossé entre les geeks et les cinéphiles entretenu avec mépris par des élitistes de salon comme Marc Cassivi (lire ceci pour le constater)! Y'a des ostis de têtes de cochon dans les deux clans mais dieu merci, les geeks deviennent meilleurs cinéphiles de jours en jours et les cinéphiles reconnaissent maintenant les vertus du manga, du comic et du jeu vidéo. Comme le dit Nicholson dans Mars Attack Little people, why can't we just all just...get along?
Tss tss...le combat recommence!

De nos jours, il est de plus en plus courant de voir des auteurs étrangers se faire approcher par Hollywood à une vitesse qui est parfois vaguement inquiétante. Au delà du raz de marée de remakes de la dernière décennie, on aura vu, pour la petite anecdote, des films refaits par le même réalisateur (jusqu'à trois fois; Takashi Shimizu a refait son Ju-on 1 et 2 pas moins de six fois), des franchises débutées, re-débutées et rebootées par des réalisateurs n'ayant qu'un film au compteur, des relectures de classiques dans un autre contexte culturel. Bref, Hollywood et les jeunes auteurs étrangers sortent à peu près tous gagnants de ce commensalisme. Ils ne coûtent pas cher, ils ont des idées neuves, Hollywood est content. En faisant un film commercial, ils ramassent assez de cash pour faire un projet de leur choix et ils prennent de l'expérience (toute la génération des Wonder boys sortie de l'écurie de Roger Corman n'a fait que ça, de Spielberg à Scorsese, de Coppola à Lucas). Je ne pense pas me tromper en disant que Verhoeven est un des premiers ayant effectué parfaitement cette transition. Le ton de ses films, hautement personnel, est resté résolument le même. Flesh + Blood, Robocop, Starship Troopers et Total Recall occupent cette zone floue et rare de conciliation entre geeks et cinéphiles obtenue par très peu de réalisateur, encore moins des étrangers ayant fait le saut à Hollywood. Délicieuse ironie...ça prenait des films violents que le câlisse pour unifier les deux clans!

Je ne sais pas pour vous, mais Verhoeven me manque terriblement...probablement plus que Carpenter. Nombreux sont ces enfants, mais ils sont loin d'être tous dignes. Quel ne fut pas ma délectation en ouvrant (je sais, c'est un long préambule, j'arrive au point) le numéro 1 de Deathlok the Demolisher publié par Marvel sous le bannière de Marvel Knights. Je me suis dit tout de go "si ce comic continue dans cette voie, il deviendra le plus bel hommage à Verhoeven fait par un médium, tous genres confondus!"

Le numéro 3 est sortie hier et je suis catégorique...c'est une lettre d'amour à Verhoeven. Le ton, le propos, le look...tout est là. Pour la petite histoire, les geeks néophytes et Marc Cassivi, des explications brèves:

Deathlok a vu le jour en 1974 sous le plume de Doug Moench et Richard Buckler. Il y eu plus ou moins cinq incarnations du personnage à ce jour. Dans chacune d'elle, il est question d'un pauvre soldat et/ou scientifique coincé au coeur d'un complot ourdi par une fourbe compagnie qui se fait transformer et/ou transplanter le cerveau dans le corps d'un machine expérimentale
mi-cyborg mi-zombie créé par la dites fourbe compagnie. Ô tragique engeance, l'humanité et les souvenirs du personnage reviennent sporadiquement et sa conscience est la seule chose qui l'empêche de devenir la parfaite machine à tuer. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de faire des massacres quand il s'oppose à la compagnie qui l'a créé. Il est fru. Il souffre. On l'adore.
Si vous trouvez que tout ça ressemble rudement à Robocop, je vous rappelle que Robocop est né 13 ans plus tard et que l'influence avouée du scénariste Edward Neumeir (également scénariste de l'adaptation de Starship Troopers) était Judge Dredd et Iron man. Yeah right. Nous ne lui tiendrons pas rancune de cet emprunt non avoué (et peu soulevé par la communauté geek, étrangement) pour la seule et unique raison que la nouvelle série créée par Charlie Huston et Lan Medina prend ce rip-off au mot. Si Verhoeven et Neumeir ont emprunté l'ancien Deathlok pour faire Robocop, Huston et Medina ont grappillé Verhoeven pour faire le nouveau Deathlok. En plus, ces salopards ont combinées toutes les incarnations précédentes du personnage pour en faire une seule version. Vous pouvez commencer drette là ma gang de ciboires!

Le ton de la série est absolument dead-on. On a des organisations totalitaires qui font des expériences pas catholiques, des médias sensationnalistes qui contrôlent l'information et le divertissement dans une dystopie obsédée par la violence, des pubs de produits cheaps, une machine à tuer qui se bat contre sa conscience, de la vulgarité à souhait, de l'hyperviolence, de la vendetta...on a même des combat médiévaux. Total Recall, Starship Troopers, Robocop et Flesh + blood dans un tacos débordant de cynisme...et la sauce...c'est du sang! Charlie Huston, romancier néo-noir et le dessinateur Lan Medina nous offrent rien de moins que le film de Verhoeven le plus absolu qui soit. Il manque juste des danseuses...et va probablement y'en avoir. Merci Duro!

mercredi 20 janvier 2010

Notre émission du 20 janvier: A man called Horse...l'ancêtre d'Avatar?

CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER CETTE ÉMISSION

Il est désormais impossible pour nous de ne pas parler d'Avatar. Rien ne nous empêche de le faire d'une manière bien 7ièmiste. Alors que la consécration du monstre de Cameron est quasi-totale, on assiste à des indignations truffées d'élitisme de la part de critiques et cinéphiles violemment anti-geek. Cette mauvaise foi était à prévoir. Que le film déplaise est une chose, mais que des intellectuels soient incapables d'être associés à la populace qui consacre le film est lamentable. Comme je l'avais mentionné dans cette entrée de blogue, il semblait évident que ces braves gens n'auraient qu'un seul argument à remâcher: la naïveté de l'histoire. OK. Nous allons cette semaine nous prêter à l'exercice en le comparant à un autre film (une trilogie, en fait) qui est indubitablement une inspiration de base, A man called horse. Les échos de ce film semblent résonner plus que tout autre influence. Au delà de la simple référence, volontaire ou non, il y a une parenté entre les deux films qui rend leur écoute en parallèle d'autant plus jouissive. Même les acteurs principaux ont des ressemblances troublantes. Sam Worthington n'est pas loin physiquement de Richard Harris dans ses jeunes années:


On verra bien. Pour nous écouter, c'est ici.

jeudi 14 janvier 2010

Notre première émission pour 2010: Bilan d'une année exceptionnelle

CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION

Bonne année les aminches. Désolé de cette longue absence. J'étais sur la bolle.
J'ai vomi toute la bile de mon âme en 2009 et il est temps de faire le point. Ah tiens...y'a le mot bile dans bilan.

Cette semaine, le 7ème revient sur l'année qui vient de passer, contre toute attente, une des meilleures de la décennie. Une année de réussite critique, artistique, économique et... numérique. 12, 9, 9, District 9, 2012, 1981, 12 rounds, Cargo 200, 17 again, Year One, Taking Of Pelham 123, 500 hundred days of summer, planet 51. C'est un signe! Si on multiplie tout les titres de ces films, le total donne le montant d'argent que va faire Avatar.
En 2009, on a eu encore peur de la fin de monde et de la crise énergétique, on a parlé de solitude, de vampires chialeux, de petit film qui font de grosses vagues, de premiers films vertigineux, de retour aux sources pour de grands réalisateurs. L'année où les geeks ont hérités de la terre, celle où la science-fiction se refait une beauté.