C'est en 2001 que sort A.I. La date de sortie du "dernier" film de Kubrick, poétiquement, prophétiquement, correspond à sa plus grande oeuvre, la plus importante du cinéma à mon humble avis. Plusieurs d'entre vous le savez déjà, c'est un projet que Kubrick a développé plusieurs décennies et qu'il a ensuite offert à Steven Spielberg de son plein gré, pour plusieurs raisons. Ce fut la rencontre entre deux philosophes, une symbiose créative, une fusion totale.
Au cinéma, je suis bouleversé par cette oraison funèbre de Spielberg, je suis convaincu de sa consécration, je suis catégorique qu'il est un des plus grands films de la nouvelle décennie. Ce qu' Avatar représente actuellement, je pensais qu'A.I le représenterait à l'époque.
Et puis le public, le critique, le maniaque de Kubrick s’est prononcé. Rien n'aurait pu me préparer à cette réaction. Ma consternation fut complète mais plus encore, je fus profondément attristé par la condescendance généralisée de cette réaction. Devant cette réception glaciale, j'ai légèrement douté de mon jugement. Je me suis ensuite rangé: le film était venu bien trop tôt. Il faudrait probablement une décennie avant que le public ne comprenne ce qu'il a condamné. L’association à 2001 aura été de mauvais augure; la fable cosmique de Kubrick avait eu droit également à ce genre d’accueil.
Inutile de préciser à quel point on m'a trouvé prétentieux. De ma certitude émergea la colère. J’ai défendu le film becs et ongles presque une décennie. Depuis, je me suis assagi sur le sujet, mais non pas par résignation : j’ai eu le temps d’écouter ce que tout le monde pensait savoir du film.
Aujourd’hui, je sais sans équivoque la raison de son accueil. Elle tient à 5 éléments qui sont répétés ad nauseam par l’essentiel des nombreux détracteurs, sur le même ton, avec les mêmes termes, comme une litanie. Les voici, accompagnés une fois pour toute de rectifications… 1-La perception qu’a le public de Spielberg : en 2001, il se trouvait encore des gens persuadés que Spielberg n’était rien d’autre qu’une machine à blockbuster.
C’est un préjugé généralement entretenu par plusieurs strates de notre société, y compris celle des cinéphiles. Ils ont tendance a oublié ce que Spielberg a vraiment offert à son public, une balance entre le film d’auteur et le divertissement populaire, entre la virtuosité technique et l’émotion pure. Les intellectuels sont très souvent inconfortables avec le mélodrame, surtout quand il opère bien. Ils sont forcés à l’émotion et ça les indispose. Le grand public peut probablement nommé tout au plus une dizaine de réalisateur et leurs films. Dans leur cas, Familiarity breeds contempt, tout simplement (ahhh tu sais...l'est comme ça mononcle Steven!).
2- L’usurpation du projet par Spielberg:
Au cinéma, je suis bouleversé par cette oraison funèbre de Spielberg, je suis convaincu de sa consécration, je suis catégorique qu'il est un des plus grands films de la nouvelle décennie. Ce qu' Avatar représente actuellement, je pensais qu'A.I le représenterait à l'époque.
Et puis le public, le critique, le maniaque de Kubrick s’est prononcé. Rien n'aurait pu me préparer à cette réaction. Ma consternation fut complète mais plus encore, je fus profondément attristé par la condescendance généralisée de cette réaction. Devant cette réception glaciale, j'ai légèrement douté de mon jugement. Je me suis ensuite rangé: le film était venu bien trop tôt. Il faudrait probablement une décennie avant que le public ne comprenne ce qu'il a condamné. L’association à 2001 aura été de mauvais augure; la fable cosmique de Kubrick avait eu droit également à ce genre d’accueil.
Inutile de préciser à quel point on m'a trouvé prétentieux. De ma certitude émergea la colère. J’ai défendu le film becs et ongles presque une décennie. Depuis, je me suis assagi sur le sujet, mais non pas par résignation : j’ai eu le temps d’écouter ce que tout le monde pensait savoir du film.
Aujourd’hui, je sais sans équivoque la raison de son accueil. Elle tient à 5 éléments qui sont répétés ad nauseam par l’essentiel des nombreux détracteurs, sur le même ton, avec les mêmes termes, comme une litanie. Les voici, accompagnés une fois pour toute de rectifications… 1-La perception qu’a le public de Spielberg : en 2001, il se trouvait encore des gens persuadés que Spielberg n’était rien d’autre qu’une machine à blockbuster.
C’est un préjugé généralement entretenu par plusieurs strates de notre société, y compris celle des cinéphiles. Ils ont tendance a oublié ce que Spielberg a vraiment offert à son public, une balance entre le film d’auteur et le divertissement populaire, entre la virtuosité technique et l’émotion pure. Les intellectuels sont très souvent inconfortables avec le mélodrame, surtout quand il opère bien. Ils sont forcés à l’émotion et ça les indispose. Le grand public peut probablement nommé tout au plus une dizaine de réalisateur et leurs films. Dans leur cas, Familiarity breeds contempt, tout simplement (ahhh tu sais...l'est comme ça mononcle Steven!).
2- L’usurpation du projet par Spielberg:
Ce qui ne c’est jamais produit. Kubrick avait longuement pensé à Spielberg pour le réaliser. Selon lui, A.I demandait la sensibilité de quelqu’un comme lui, capable de comprendre l’enfance et de maîtriser l’émotion mais aussi un virtuose technique.
Si Kubrick était un cinéaste-technicien qui s’interroge sur la condition humaine, Spielberg est un humaniste fasciné par les aspects techniques du cinéma.
Si Kubrick était un cinéaste-technicien qui s’interroge sur la condition humaine, Spielberg est un humaniste fasciné par les aspects techniques du cinéma.
3-La Trahison envers Kubrick : J’ai entendu cette phrase tellement de fois. La vision de Spielberg a contaminé celle de Kubrick. Les obsessions thématiques de Spielberg ont été engoncées de force dans le scénario original.
Faux. La collaboration entre les deux fut très étroite. Comme toujours chez Kubrick, les recherches, les storyboards, les sketches et le scénario sont des œuvres volumineuses en soi. Ils furent respectés à la lettre par Spielberg. À la limite, il serait juste de dire que le projet de Kubrick avait déjà une facture…spielbergienne.
4-L’obsession pour le génocide et les extraterrestres: Finalement, c’est vraiment de ça qu’on accuse le plus souvent Spielberg.
Faux. La collaboration entre les deux fut très étroite. Comme toujours chez Kubrick, les recherches, les storyboards, les sketches et le scénario sont des œuvres volumineuses en soi. Ils furent respectés à la lettre par Spielberg. À la limite, il serait juste de dire que le projet de Kubrick avait déjà une facture…spielbergienne.
4-L’obsession pour le génocide et les extraterrestres: Finalement, c’est vraiment de ça qu’on accuse le plus souvent Spielberg.
L’idée du génocide (des robots) est celle de Kubrick. Elle traverse d’ailleurs son œuvre assez souvent. Kubrick a longtemps travaillé à la conception d’un film sur le sujet intitulé Aryan Papers. Il l’a abandonné après avoir vu Schindler’s list, un des plus grands films de l’histoire du cinéma selon lui. C’est d’ailleurs le film qui l’a finalement convaincu de lui donner A.I.
Les extraterrestres de la fin. Vous savez, même si c’en était, le film ne perdrait rien de sa puissance. Et le Deus ex machina est un processus scénaristique vénérable s’il en est (ne perdons pas de vue que A.I emprunte ses résonances au conte). La fin du film est tout de même traversée d’une certaine grâce. Ceci dit, incidemment, ce n’en sont pas. Les créatures de la fin sont l’évolution future des robots, désormais êtres vivants à part entière. Ils sont des robots vivants, tout simplement.
Les gens ont tendance à condamner un film si la fin les déçoit, comme si la qualité de l’œuvre au complet pouvait être annulée par les quelques minutes de la fin. Dans le cas d'A.I, l’incompréhension de la fin, causé par les préjugés du public, retire énormément de puissance au propos.
Si les robots angéliques de la fin sont désormais des êtres vivants, c’est directement à cause de la soif d’amour et des aspirations de petits robots comme David. Il fut le premier, l’initiateur, un homme parmi les singes. La simplicité de son désir aurait eu le temps de s’enrichir à travers les siècles jusqu’à ce que, virtuellement, elle devienne le balbutiement d’une essence. Il est la confirmation d’un passé lointain où cette race a commencée à vivre.
Les extraterrestres de la fin. Vous savez, même si c’en était, le film ne perdrait rien de sa puissance. Et le Deus ex machina est un processus scénaristique vénérable s’il en est (ne perdons pas de vue que A.I emprunte ses résonances au conte). La fin du film est tout de même traversée d’une certaine grâce. Ceci dit, incidemment, ce n’en sont pas. Les créatures de la fin sont l’évolution future des robots, désormais êtres vivants à part entière. Ils sont des robots vivants, tout simplement.
Les gens ont tendance à condamner un film si la fin les déçoit, comme si la qualité de l’œuvre au complet pouvait être annulée par les quelques minutes de la fin. Dans le cas d'A.I, l’incompréhension de la fin, causé par les préjugés du public, retire énormément de puissance au propos.
Si les robots angéliques de la fin sont désormais des êtres vivants, c’est directement à cause de la soif d’amour et des aspirations de petits robots comme David. Il fut le premier, l’initiateur, un homme parmi les singes. La simplicité de son désir aurait eu le temps de s’enrichir à travers les siècles jusqu’à ce que, virtuellement, elle devienne le balbutiement d’une essence. Il est la confirmation d’un passé lointain où cette race a commencée à vivre.
5-La fin naïve et mélodramatique:
Une lame à double tranchant. La fin l’est sans doute pour quiconque n’ayant pas saisi les éléments mentionnés plus haut. Dans quel cas votre lame est émoussée. La fin sera donc attribuée, par le biais de préjugés, à Spielberg. Le robot à simplement droit (certain diront que c’est suffisant) à l’amour de sa mère.
Erreur monumentale. Le fin est on ne peut plus Kubrickienne; David a droit à l’illusion de l’amour. C’est la leçon ultime du film, profonde et lourde. La manquer, c’est écouter une fable et ne rien comprendre de la leçon finale parce qu’on est consterné par la faculté de parole des animaux.
Il n’y a aucune différence entre le simple désir binaire d’un robot et celui des hommes, provenant d’une ancienne programmation organique. Avant de vouloir être aimé, le singe n’a voulu qu’une chose. Survivre. Il en sera indubitablement de même avec les intelligences artificielles, dans le torrent des siècles. Selon Spielberg, le robot a des vrais émotions. Selon Kubrick, les émotions humaines sont un programme. Au final, tout le film est basé sur cette balance entre deux opposés qui disent la même chose.
Il n’y a aucune différence entre le simple désir binaire d’un robot et celui des hommes, provenant d’une ancienne programmation organique. Avant de vouloir être aimé, le singe n’a voulu qu’une chose. Survivre. Il en sera indubitablement de même avec les intelligences artificielles, dans le torrent des siècles. Selon Spielberg, le robot a des vrais émotions. Selon Kubrick, les émotions humaines sont un programme. Au final, tout le film est basé sur cette balance entre deux opposés qui disent la même chose.
Je conclus ma litanie. Je ne suis pas seul. Un nombre grandissant de gens sont de mon avis et le verbalisent de manière pertinente tous les jours sur Internet.
L’année prochaine, ça fera dix ans que le film existe. J’attend. On verra bien, on verra bien...
"maybe it's not such a surprise that AI had difficulty finding a audience and ended up being one of Spielberg's rare box office also rans. That was the price Spielberg paid for demonstrating the artistic integrity so many doubt he has, and for the ingenuity he is almost never given credit for. AI: Artificial Intelligence, though the most remarkable film of 2001, may prove to be a movie for the future."
"maybe it's not such a surprise that AI had difficulty finding a audience and ended up being one of Spielberg's rare box office also rans. That was the price Spielberg paid for demonstrating the artistic integrity so many doubt he has, and for the ingenuity he is almost never given credit for. AI: Artificial Intelligence, though the most remarkable film of 2001, may prove to be a movie for the future."
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