jeudi 10 décembre 2009

Notre émission du 9 décembre: Les films de mafieux de Fernando Di Leo

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Le 7ème Antiquaire a horreur des gangsters. En fait, c'est plus précisément l'adoration de la figure du criminel qui m'horripile, cette manière obsessionnelle et puérile qu'ont plusieurs gens de se fantasmer en dur à cuire à qui on doit le respect. Tous les petits trippeux de Scarface, ces hordes de petits assistés sociaux imitant des dégaines de thugs qui se poignardent en bavant comme des singes me donnent envie de vomir...dans leur bouche. Ces vieux connards ringards qui se prennent pour des italiens qui jouent aux cartes dans un delicatessen me semblent plus risibles que pittoresques. Les vieux béesses qui puent les butchs et la schnue de guédilles de gratteux fraîchement effeuillés se comportant comme des tough ass muthafuckas parce qu'ils regardent trop de Steven Seagal me donnent envie de réduire en purée leurs genoux à coups de marteau et défoncer leur rectum à coup de saucisson génois. Tiens. Essayes de jouer au dur avec un anus sanguinolent qui empeste l'ail, répugnant consanguin!
Ceci dit, la figure du gangster, lorsqu'elle est traitée avec une certaine conscience de sa dimension tragi-comique (Arlequin est le thug original y'all! Word!) est capable de générer des prodigieuses observations métaphysiques. Pour trouver les meilleurs d'entre eux, on retourne aux sources en gondoles, on va chercher du côté de la commedia d'ellarte. La Mafia, au cinéma, c'est l'écho du théâtre antique et les contradictions de ce milieu rappellent souvent les moeurs Ô combien humaines des dieux romains.

C'est avec cette notion en tête que nous nous sommes lancés pour vous à la découverte du cinéma de Fernando Di Leo, maître du polar italien. Nous n'avons pas été déçus. Quelle révélation! Amateur de Jean-Pierre Melville, scénariste des premiers westerns spaghettis, diplômé de littérature antique, Di Leo a fait pour la Mafia ce que Kurosawa a fait pour les samourais, rien de moins. Des tragicomédies crépusculaires et funkys. Milano Calibro 9 (assurément l'inspiration pour Un Zoo la Nuit, c'est assez flagrant...merci Grigori!) et Il Boss.


Plus funky, tu meurs. Il y a qu'à voir Barbara Bouchet, la copine strip-teaseuse du héros de Milano Calibro 9, dans son appart qui a l'air d'une pièce dans le vaisseau spatial de Barbarella:
Mais ne perdons pas de vue que Bouchet était déjà une prêtresse du funk cosmique. En 68 dans Star Trek (année de sortie de Barbarella et Danger:Diabolik), en tant que Kelinda, elle découvrait déjà les plaisirs de la chair avec Captain Kirk dans l'épisode de la saison 2 By any other name:
En bon français, with Bouchet on board, everything turns to funk!
L'humour bien sombre de ces films n'en fini plus de surprendre. Bien conscients du ridicule de ce milieu plein de contradiction, les films traitent les Godfathers comme autant de petits roitelets impuissants et stupides. Faut les voir être juxtaposés à des symboles religieux pour comprendre la délicieuse ironie

L'humour noir est également présent dans les dialogues. Il faut aussi voir Henry Silva, comédien capable de sauter du comique à la menace avec la même expression faciale (dans le genre de Christopher Walken), délicieusement menaçant dans Il Boss.


Mais la véritable grande découverte, c'est le jeu du comédien Gianni Garko dans Il boss. C'est la première fois que je vois un film avec ce populaire acteur, héros de westerns spags où il incarna le taciturne Sartana. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le bel italien moustachu est un rital et il le reste, dans le verbe et dans le geste (-Dante Alighieri. Ou peut-être Claude Barzotti).
Ses mains voltigent comme des colibris sur la coke. Faut le voir pour le croire.
Décomposons ses mouvements plan par plan dans le laps de temps d'une scène qui dure deux minutes...







C'est quelque chose hein? Gianni Garko mesdames et messieurs. Un 'Talien, un vrai.


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