mardi 22 juillet 2014

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASIA 2014 : capsule 2

http://www.fantasiafestival.com/2014/fr/
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RETOUR SUR QUELQUES FILMS :

THE MOLE SONG
-         The Mole Song : Undercover Agent Reiji (Takashi Miike)
Miike realise beaucoup de films. Probablement trop. Nous ayant déjà impressionné avec des films comme Rainy dogsAudition ou plus récemment 13 assassins, tous découverts au festival Fantasia, il peut aussi nous décevoir avec des œuvres plus mineures noyées dans son énorme filmographie. Comme le mentionnait le présentateur avant la projection, Miike en est rendu à son 90e film avec The Mole Song : Undercover Agent Reiji (rappelons que son premier film date de 1991 alors ça donne 90 films en 23 ans, donc pas loin de 4 films par années). En murissant ses idées et en ne se pressant pas à tourner il pourrait facilement faire un excellent film par année, mais Takashi Miike est une bête de travail et ne peut probablement pas s’empêcher de garder ce rythme frénétique de réalisation. Ceci dit, The Mole Song : Undercover Agent Reiji fait partie de ses bons films. Cinéaste de tous les genres, avec ce film on est dans l’humour déjanté auquel on avait déjà eu droit avec ses comédies comme « Hapiness of the Katakuris ». Cependant, après une première moitié très drôle le film finit par manquer d’inspiration, et éventuellement se perdre un peu en longueur. Mais n’ayez crainte, le film reste un très bon divertissement et saura plaire aux admirateurs du cinéaste qui avaient été déçu par ses opus de l’année dernière. Le film sera d’autant plus apprécié lorsque vu dans l’ambiance éclaté du festival Fantasia où le rire devient facilement contagieux.  


ANIMOSITY
-   Animosity (Brendan Steere)
En festival, il y a toujours ce film qu’on a pas placé à l’horaire et qu’on décide de voir sur un coup de tête pour passer le temps entre deux films. Animosity était un de ces films pour moi. Sans avoir vraiment lu le synopsis et ayant aperçu rapidement la bande annonce, je croyais aller voir un slasher. La réalité était tout autre. Le film déjoue particulièrement bien les attentes du spectateur tout au long du récit dans lequel on nous dévoile très lentement le mystère qui s’y déroule et les véritables intentions des personnages. Un scénario intéressant qui peut rappeler l’idée centrale de Solaris de Tarkovski mais placé dans un tout autre environnement et assumant la part horrifique d’un tel sujet. Tourné de façon totalement indépendante, le film souffre de la minceur évidente du budget et les acteurs sont plutôt inégaux à l'exception de Tracy Willet qui est excellente dans le rôle exigeant du personnage principal du film. Au final, on salut le concept scénaristique qui nous a tenu intrigué tout au long du film mais la réalisation dans son ensemble n'est malheureusement pas aussi marquante.

FAULTS
    Faults (Riley Stearns)
Belle surprise que ce Faults qui est à mi-chemin entre Fargo des frères Coen et Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin. Un film humoristique sur fond d'histoire sombre de culte. Le long métrage de Stearns débute avec un humour décalé  typique d'un certain cinéma indépendant et se transforme lentement pour laisser plus de place au sérieux du sujet réel et à la confrontation qu'apporte le huis-clos dans lequel le récit est ancré. Malgré une finale un  peu prévisible, le film est une réussite se penchant sur un sujet lourd en apparence avec un sourire grinçant, plaçant ainsi un recul nécessaire pour laisser l'humour prendre place. Les comédiens principaux Leland Orser et Mary Elizabeth Winstead y donnent une performance exceptionnelle. 

BOLD AND BRASH : FILMMAKING BOISVERT STYLE
- Bold and Brash : filmmaking Boisvert Style (Simon Boisvert)
Le cinéma de Simon Boisvert est une zone en soi. Ceux qui le connaissent déteste ou y voue un culte. Pour les autres, la meilleure façon de le découvrir est de regarder un de ses films. Pour la plupart d'entre eux, Simon Boisvert scénarise, réalise, produit et y tient le rôle principal. Du cinéma totalement indépendant. Cependant, les films de Boisvert (surtout ses premiers) souffrent souvent du manque d’expérience de son auteur et du jeu approximatif des comédiens. Le côté amateur prend alors le dessus et il en résulte des films involontairement drôles. Outre la facilité à rire devant les mauvais jeux d’acteurs et les occasionnels problèmes scénaristiques, il est habituel de voir se développer une véritable obsession chez le spectateur à en vouloir plus. À l’image de l’obsession de Boisvert pour son éternelle thématique sur les relations homme-femme, le spectateur qui découvre un film de Boisvert veut ensuite voir tous les autres et en vient même à apprendre les répliques par cœur (on a pu le constater durant la projection du documentaire à Fantasia). 

S’il y a une signature au cinéma de Simon Boisvert, c’est justement ses répliques assassines. Il y a dans ses films d’innombrables citations devenus maintenant cultes. On aura d’ailleurs apprit durant la période questions-réponses lors de la projection que Boisvert débute ses scénarios par des répliques de la sorte autour duquel se développe le dialogue, le contexte, la scène.. puis éventuellement le scénario complet. Étrange façon de faire un scénario? Peut-être bien mais c'est là qu'est véritablement sa force : La réplique assassine, le dialogue cru, les citations mémorables. Pas nécessairement parce que c’est mauvais, au contraire ce sont souvent de bonnes répliques cyniques livrées par un personnage détestable qui peuvent rappeler le genre de citations et de personnages qu’on croise dans les films de Neil Labute. Dans son documentaire, Boisvert dit justement s’en inspirer mais n'a pas la qualité scénaristique ou cinématographique de ce dernier (sans compter les acteurs). La livraison de ces lignes dans la bouche d’un acteur amateur provoque malheureusement (ou heureusement pour d’autres) un décalage et apporte l’humour involontaire tant apprécié. On s’en rend bien compte avec son film 40 is the new 20 pour lequel Simon Boisvert se retire de devant la caméra pour laisser la place à des acteurs professionnels. Le film en sort meilleur, les amateurs du côté « manqué » de ses films rejettent ce dernier né déplorant qu’il serait « bon » et les répliques typique de ses films fonctionnent beaucoup mieux (le monologue livré lors d’une partie de golf par Bruce Dinsmore sur la futilité d’une relation amoureuse est particulièrement savoureux et réussi). 

Qu’un cinéaste scénarise et réalise un film sur sa carrière alors qu’il n’est pas connu du milieu ou du public après 6 longs métrages est plutôt surprenant  et questionnable mais aide assurément à renforcer le culte Boisvert. Le cinéaste laisse d’ailleurs la parole à ses admirateurs (qui sont autant ses détracteurs. Du moins, ils ne l’aiment pas pour les raisons qu’il souhaiterait) par la parole de Simon Chénier, archiviste pour Douteux.org et du critique Kevin Laforest qui expliquent les raisons pour lesquelles son cinéma est unique. Un exemple de volonté de faire du cinéma à tout prix malgré les insuccès et les nombreuses difficultés rencontrées. Surtout que ça l'a amené à devenir une icône culte pour un public modeste mais conquis.


THE ZERO THEOREM
-   The Zero Theorem  (Terry Gilliam)
Il est triste de constater la difficulté de financement dont souffrent plusieurs cinéastes importants voyant leurs années plus productives derrière eux, allant chercher leur financement à l’extérieur de leur pays et démontrant une présence au cinéma de plus en plus rare (on pense à David Lynch). Terry Gilliam fait partie de ce lot depuis des productions trop couteuses et une succession d'échecs commerciaux. C’est que Gilliam a besoin d’un budget à l'image de ses idées démesurées. Il est de retour cette année avec un autre film ambitieux réalisé avec des bouts de ficelle, The Zero Theorem. Comme à son habitude, Gilliam réussit à nous plonger dans son univers en compensant le manque de budget par des utilisations inventives des espaces dans lesquels il place son personnage joué par l’excellent Christoph Watz. Le film en soi est très bien mais on ne peut s’empêcher de sentir le déjà vu thématique et visuel. On retrouve beaucoup d’idées déjà utilisées par le cinéaste dans ses films précédents comme Brazil ou 12 Monkeys. Christopher Waltz y joue un employé de la firme Mancom qui tente depuis longtemps de trouver la formule mathématique expliquant le sens de la vie par le biais de connections constantes avec son ordinateur en ne manquant jamais un appel téléphonique, au cas où ce serait « l’appel » qui pourrait changer sa vie. Le tout est une métaphore sur l’incommunicabilité, les rapports aux ordinateurs et le besoin de connections virtuelles constantes (on pense aux réseaux sociaux) menant à la déconnexion de soi-même (le personnage dit à sa psychologue virtuelle ne jamais rien ressentir émotionnellement). Gilliam parle donc du monde dans lequel on vit en situant son film dans un futur déjà dépassé. On retrouve dans le film la signature habituelle de son cinéaste mais l’inspiration et le génie d’œuvres comme Brazil et 12 Monkeys ou le délire scénaristique de Fear and Loathing in Las Vegas manquent. The Zero Theorem reste visuellement très beau et saura plaire aux admirateurs de l’univers de Gilliam mais n’impressionnera surement pas autant que ses premières œuvres. On ne peut alors que souhaiter le voir obtenir dans un avenir proche un financement digne de ses ambitieux projets (Don Quixote) ou du moins retrouver une meilleure inspiration à créer des œuvres plus modestes comme il l’avait déjà démontré avec le moins célébré mais intéressant Tideland.
                                                                                                  
-  -DAVID FORTIN / 7e Antiquaire

Bientôt pour la prochaine capsule, retour sur les films THE HARVEST, THE INFINITE MAN, KUMIKO THE TREASURE HUNTER, YASMINE, CHEATIN', THOU WAST MILD AND LOVELY, INFINITE MAN et KUMIKO THE TREASURE HUNTER
plusieurs autres suivront..

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