vendredi 25 juillet 2014

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASIA 2014 : capsule 3



-   Le 7ème Antiquaire retourne une autre fois sur certains films vus à Fantasia
http://www.fantasiafestival.com/2014/fr/  
capsule audio 3 : cliquer ici



Infinite Man
Infinite Man (Hugh Sullivan)
Dans la section non-nommée du festival que j’aime appeler « loop temporel » se place Infinite Man (aux cotés de Premature, Time Lapse, Predestination et House at the End of Time). Un film-concept à mi-chemin entre Groundog day et Multiplicity (en saupoudrant le tout d’un peu de Eternal Sunshine of the Spotless Mind) qui roule sur un concept science-fictionnel en jouant régulièrement la carte de l’humour. Avec trois interprètes et un lieu unique, l’australien Hugh Sullivan réussi à créer un film hautement divertissement si on accepte d’entrer dans le jeu (les films qui misent sur l’effet de répétition des scènes ne fonctionnent pas toujours pour tout le monde). À l’occasion de son anniversaire de couple, Dean cherche à revivre le week-end parfait vécu dans un passé où lui et sa femme semblaient plus unis. Dean aimant contrôler tout, il planifie ce nouveau week-end dans le détail mais le plan ne fonctionne pas comme prévu. Par l’utilisation d’une machine de son cru, Dean se projettera dans le passé afin de reprendre le plan depuis le début en évitant les mêmes erreurs, réussir son week-end parfait et garder sa femme auprès de lui. Les aléas du voyage dans le temps s’en mêleront et le film devient alors une course obsessionnelle à répétition au ton humoristique. Un très bon divertissement indépendant.

 
Cold Eyes

    Cold Eyes (Cho Ui-seok, Kim Byung-seo)

Cold Eyes est un thriller policier typique du cinéma coréen ou chinois qu’on a déjà vu souvent, mais ça ne l’empêche pas de  fonctionner. La formule est usée mais l’efficacité de sa construction nous laisse embarquer dans cette histoire de filature où le plaisir du film se situe dans l'observation des divers moyens q'une équipe de surveillance  doit prendre pour effectuer la filature d’un groupe de criminels  afin d'en démasquer l’organisation complète. Une réalisation efficace mais conventionnelle (l’éternelle caméra qui « shake » pour créer une tension) avec de bons comédiens qui savent apporter au tout une personnalité rendent le film  amusant et divertissant.


The Harvest

-  The Harvest (John McNaughton)

Des parents dont la vie de couple a vu des meilleurs jours, s’occupent tant bien que mal de leur enfant atteint d’une maladie qui réduit sa mobilité. L’arrivée d’une jeune fille qui cherche à faire ami avec l’enfant sous l’œil méfiant de sa mère protectrice.

La prémice du film de McNaughton n’est peut-être pas des plus attirantes mais en révéler plus serait vendre les éléments de surprises que le film récèle. McNaughton nous donne une bonne histoire avec de bons revirements et quelques surprises inattendues. Un film qui débute en mélodrame et qui se termine en thriller à haute tension. Le seul problème c’est qu’il est confortablement enveloppé dans une réalisation très conventionnelle qui donne parfois l’impression d’un téléfilm. Ceci dit, tous les acteurs sont excellents (particulièrement Michael Shannon et Samantha Morton dans les rôles des parents ainsi que Natasha Calis dans le rôle de la jeune fille) et le film arrive à garder l’intérêt du spectateur du début à la fin grâce à un bon scénario mais au final, ce n’est pas le retour attendu du cinéaste à ses œuvres plus fortes, ou du moins plus iconoclastes, comme Henry: portrait of a serial killer (1986) ou The Borrower (1991). The Harvest reste un bon film mais peut-être un peu trop générique pour vraiment se démarquer du lot. Du moins c’est l’impression qu’il m’en restait au sortir de la salle.

Ceci dit, peut-être l’ai-je vu avec mes yeux d’adulte et mes attentes par rapport aux premiers films du cinéaste, espérant un retour à ses sources. McNaughton serait-il plutôt retourné non pas à ses sources de réalisateurs mais aux sources premières de la peur.  Peut-être faut-il le voir, comme son réalisateur le suggérait après la projection, comme un film d’épouvante pour enfants. Du moins, un  scénario allant chercher les racines profondes des peurs enfantines. Cette peur et cette incompréhension des enfants face aux parents et au monde adulte. Surtout que The Harvest, avec ces deux jeunes protagonistes principaux, nous sert un thriller horrifique sans sexe et sans véritable violence dans lequel toute la terreur perçue par les enfants est psychologique. Dans ce cas le film fonctionne totalement. Le film de McNaughton se place finalement dans cette zone moins fréquentée de films d’épouvante intelligents visant l’identification d’un public plus jeune. Un film qui puise sa terreur non pas dans le surnaturel mais dans ce qui est le plus réaliste (Le scénario original est d’ailleurs tiré d’un fait divers). Le lancement du livre dirigé par Kier-La Janisse « Kid Power » durant le festival est probablement venu faire son effet sur ma volonté de voir le film sous un autre angle.



Kumiko the Treasure Hunter

-  Kumiko The Treasure hunter (David Zellner)

Coup de cœur que ce Kumiko. L’idée de base du film à lui-seul intriguera tous cinéphiles : Kumiko, une « office lady » d’une firme à Tokyo vivant de façon très solitaire est convaincue que le film Fargo des frères Coen indique un trésor caché (la fameuse mallette pleine d’argent que Steve Buscemi cache dans la neige) et part obsessionnellement à sa recherche en Amérique. Le ton du film se situe sur la mince ligne entre l’humour et le pathos, parfois même proche d’un humour que l’on retrouve chez les frères Coen (il est d’ailleurs intéressant de noter que le film est lui aussi écrit et réalisé par des frères), mais le film n’en est pas pour autant une véritable comédie. Ni totalement un film méta, ni vraiment un film hommage, Kumiko the Treasure Hunter est une œuvre à part avec son atmosphère étrange et décallée. La dernière partie du film nous amène dans une transe insolite qui n’est pas sans rappeler la zone d’Under the Skin sortie plus récemment sur nos écrans. Cette ambiance est d’ailleurs rendue en grande partie grâce à l’excellente trame sonore offerte par le groupe « Octopus Project » qui est composé de riches textures sonores appuyant l’étrangeté du film. Chaudement recommandé à ceux qui veulent s’aventurer dans une contrée cinématographique encore peu explorée.

-David Fortin

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