Le cinéma n'a pas créé d'avatar plus important que celui de King Kong. Je suis catégorique sur ce point. Certes, le 7ème art a ses légendes, ses demi-dieux du panthéon Hollywoodien mais ils sont pour la plupart de temps des acteurs élevés au statut de symboles ou des emprunts fait à la littérature. Norma Desmond dans Sunset Boulevard, Charles Foster Kane, The Tramp...ce sont eux, les véritables avatars du cinéma, des créations indissociables de leur médium, nées au cœur même de la pellicule.
C'est en ce sens que King Kong est selon moi sa plus puissante incarnation. Comme Atlas soutenant le poid du monde, l'image du grand singe s'agitant au sommet de l'Empire State building est désormais un monument, une évocation de la démesure des hommes et de leur besoin de tout enchainer au nom du divertissement. Les déferlements de passion qui le traverse valent en tout point ceux de Citizen Kane, deux films plus semblables qu'il n'y parait de prime abord. Par ailleurs, il n'est pas rare d'entendre de prolifiques réalisateurs l'évoquer comme le plus grand film jamais fait.
Cette semaine, nous méditons sur l'importance du symbole qu'est King Kong, sa genèse, ses influence et ses héritiers. Rien de mieux pour étayer ce point de vue que Bye Bye Monkey, (Rêve de singe), la mélancolique tragi-comédie de Marco Ferreri:
L'évocation même du film donne le vertige: Gérard Depardieu en brute épaisse, Marcello Mastroiani en amant suicidaire et éploré, une poignée handicapés mentaux, une troupe de théâtre féministe et misandre, un musée de cire dans un New-York bien crasseux et le "cadavre" de King Kong sur une plage. Marcello et Gégé qui élève le "fils" de King Kong au centre de cette ménagerie.
Ferreri a tout compris: le cadavre du grand singe devient chez lui le symbole d'une masculinité fragile et brisée, de la solitude des hommes et de leur déchéance.
N'oubliez jamais: King Kong aussi est mort pour vos péchés...
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