Nous sommes conscients qu'une fois sur trois au 7ème antiquaire, nous nous retrouvons à parler de cinéma d'horreur en tout genre. Techniquement, avec l'Halloween qui frappe à notre porte, nous ne devrions pas avoir à justifier notre volonté de faire une émission sur William Castle, pas vrai?
N'en demeure pas moins que nous allons articuler une conviction profonde que nous avons à propos du bonhomme:
Le fait que l'essentiel de sa filmographie soit sensiblement composée des films d'épouvante est accessoire à ce que l'homme était vraiment... un des plus habiles bonimenteurs de l'histoire du cinéma et un vrai passionné de son médium.
Certes, Castle était un fétichiste du gadget et un vendeur hors de pair mais plus encore, c'était une véritable "patenteux", dans le concept comme l'exécution. Osons une déclaration péremptoire: n'était-il pas en quelque sorte l'héritier de Mélies, désireux de trouver de nouvelles manières de procurer à son auditoire des "chills and thrills"?
Mercantile? Certes. Ennuyant? Jamais! Il était le P.T Barnum du grand écran!!! Le cinéma actuel lui doit énormément, pour le meilleur et le pire, tout particulièrement au niveau de l'approche promotionelle.
La preuve en est que nous sommes de retour aux lunettes 3 D et aux bancs qui tremblent, deux gadgets qu'il a porté au nues. En quelque sorte, Castle est le grand-père illégitime du "Rocky Horror picture show"
Cette semaine, nous parlerons donc de la vie de cet exceptionnel bonhomme et de son parcours avant qu'il ne devienne le roi des gadgets. Nous n'allons pas simplement paraphraser le magnifique documentaire lui étant dédié "Spine Tingler! The William Castle Story (2007) mais bel et bien parler de ce qu'il n'a pas couvert.
S'il n'y avait qu'un seul film à évoquer qu'il faudrait conserver dans sa filmographie malheureusement trop peu célébrée, c'est son dernier, le particulièrement déstabilisant "Shanks" (1974)
Impossible de ne pas constater avec ce film qu'il y avait aussi un véritable cinéaste derrière le bonimenteur, capable de créer une ambiance vraiment palpable de morbidité sans jamais perdre son humour noir. Il y avait aussi de tout évidence un cinéphile: "Shanks" peut se voir comme un hommage à "Les enfants du Paradis" traversé d'une sensibilité empruntée à l'expressionisme allemand...qui serait fait par Walt Disney. Marcel Marceau interprète un marionnettiste sourd et muet, véritable souffre-douleur de son environnement. Sous l'égide d'une savant fou (joué aussi pas Marcel Marceau), il apprend à contrôler mécaniquement les cadavres comme des pantins dont il se sert pour se venger de ceux qui l'ont opprimés.
Une trouvaille de taille, un autre morceau de cinéma oublié qui mérite un culte. Ironie totale: le maître du marketing n'aura pas fait la moindre publicité particulière pour ce film qui tombera dans l'oubli quelques années plus tard, malgré l'interprétation sidérante du grand mime français.
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