Il fut l'agent provocateur d'un renouveau de l'occultisme au 20ème siècle. Le temps ne nous dira probablement jamais où commençait la réalité et se terminait la fiction avec cet homme et c'est justement là, à mon humble avis, le grand accomplissement de celui qui se dénommait lui-même la Bête.
On ne voit pas souvent Crowley au cinéma; plus d'un personnage sont inspirés de lui mais il est rarement directement référé. Dans quelques semaines sortira en vidéo (le 10 mars) le film Chemical Wedding , écrit par le chanteur d'Iron Maiden Bruce Dickinson et réalisé par un collaborateur occasionnel des Monty Pythons, Julian Doyle. Le titre en sera probablement changé pour Crowley. Voyez-vous, le film a très mauvaise réputation. Les critiques sont pernicieuses. Le film, assez attendu, a énormément déçu.
Pourtant tout y est; le Rituel à Babalon, les incantations au démon Choronzon, l'implication de Jack Parsons (occultiste créateur du carburant à fusée) et de Ron L. Hubbard (créateur de la dianétique et de l'église scientologiste) dans ses pratiques occultes, l'importance de la femme écarlate et de l'enfant Lunaire. Dickinson connaît son Crowley. L'acteur Simon Callow, jouant la réincarnation(?) de Crowley est absolument flamboyant, creepy et cabotin. Qu'est-ce qui cloche?
Après avoir vu le film, ça devient évident. Ce n'est ni une biographie, ni un drame respectueux, ce qu'aurait désiré les occultistes. C'est un film de série B comme les Brits savent en faire, inégal et ludique, chaotique et imparfait. Du Ken Russel réalisant pour Roger Corman. C'est une histoire pleine d'ambivalence et d'humour. ET C'EST ABSOLUMENT APPROPRIÉ. Crowley aurait adoré le film; il capture à merveille son irrévérence, sa finesse d'esprit et continue d'entretenir l'impénétrable mur de mystifications que l'homme avait habilement érigé autour de lui. De même que l'apparition faite par la bête sur l'album Sergent Peppers des Beatles (n'oublions que le scénario du film est de Bruce Dickinson; le monde du rock a toujours apprécié le bonhomme), le film contribue tout particulièrement à la mystification du personnage en continuant d'exalter sa figure d'icône de la pop-culture.
Crowley arbore à merveille le costume pourpre étant l'apanage de ces super-vilains échelonnant leur propre système de morale (sa maxime de prédilection était Do what thou wilt shall be the whole of the Law, délicieusement répété ad nauseam dans le film). Bref, un Crowley pour le 21ème siècle.
Crowley disait de lui-même: Je suis peut-être un sorcier noir, mais j'en suis un crisse de bon. Il dirait probablement de Chemical Wedding que si c'est un mauvais film, s'en est cependant un crisse de bon.
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