lundi 28 septembre 2009

Geek Chronique no.18: Who watches The Incredibles?

Dernièrement, une envie folle de regarder Watchmen me saisit. Je ne perd pas une seconde et je pop le blue ray dans le trucmuche. Vous le devinez, je ne fais aucunement partie des nombreux détracteurs du film. J'ai l'ai beaucoup vu et il continue de m'enchanter.

Un brin d'excitation quand le film commence avec des documents d'archives nous montrant en condensé l'histoire des grands super héros. Ensuite, de l'ancienne génération, nous sommes introduit à la nouvelle. Dès le départ, sans que nous le sachions, des rangs de cette génération nous proviendra le plus dangereux des vilains, un mégalomane blond avec un petit masque plein de ressource qui ourdit des sinistres plans de domination mondiale.

On enchaîne...un crime crapuleux est produit dans un building, accompagné d'une chute bien emblématique.


Par le biais
des médias, nous apprenons que les héros ont eu par le passé à se retirer, forcés par le gouvernement et la pression d'un public réfractaire. Les médias en feront craquer plus d'un...



En fait, la population en a tellement marre des capes qu'elle brûle publiquement des effigies de super héros...

C'est sans compter ceux qui sont morts par accident, trop galants et stupides...le cape coincée à la mauvaise place...

Cette situation est gérée secrètement par nul autre que Richard Nixon qui fait collaborer encore secrètement certain héros.

Le film porte une attention toute particulière à un héros bedonnant et nostalgique de ses années d'héroïsme. Ses capacités sont grandes mais il est figé de peur dans son quotidien et les breloques de son passé d'aventurier.

Les vieux héros se réunissent pour évoquer avec humour des savoureuses anecdotes de super vilains...il est moins question pour ces héros de sauver des vies et de combattre le crime que de se souvenir d'une époque où tout était possible et excitant.

En entendant un signal de radio de police à propos d'un incendie, enhardis par leurs anecdotes, les héros décident d'intervenir et sauvent les gens...

Ce retour à l'aventure permet à nos héros de retrouver la...vigueur d'antan.

Mais le pire reste encore à venir: nos héros apprennent que les super héros du passé disparaissent mystérieusement peu à peu. Quelqu'un connaissant leur identité secrète serait-il responsable?
Ils vont demander de l'aide à un vieux compagnon du passé, riche à craquer, un peu mégalo, qui vit dans un building qui célèbre les icônes héroïques du passé.


Nos héros apprennent que l'un des leurs est à la tête d'un sinistre complot incluant une grosse pieuvre expérimentale et l'assassinat des super héros survivants...ils tentent de déjouer le complot en se rendant dans la base du vilain jadis héros, immense complexe situé au coeur d'un environnement inhospitalier.

Notre vilain veut faire sauter la ville avec sa pieuvre et faire passer la blâme sur le dos des héros. Selon une vaste et complexe mise en scène, il deviendrait lui même un héros en aidant à rebâtir les dommages. Le long travail d'une vie à comploter...


À toutes les fois que je regarde Watchm...wait. Wait... a little...minute...

Notre émission du 30 septembre: Network et la cosmogonie corporative

CLIQUER ICI POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION
Ce sera cette semaine notre troisième émission sur Network de Sydney Lumet et Paddy Chayefsky. La première en duo. Que peut-il nous rester à dire sur cette bombe?


Ohhhhh, bien des choses en somme...


On a très souvent dit de Network que c'était un film visionnaire. Effectivement, dans sa volonté de satiriser à l'extrême les médias de son époque, Chayefsky a perçu de manière presciente ce que les médias de notre époque allaient devenir.


Ce n'est pourtant pas cet aspect visionnaire qui nous intéresse tout particulièrement à l'émission cette semaine. Dans le mot visionnaire, nous retenons le mot vision; Network a su saisir le langage ultra codifié d'une nouvelle religion, une cosmogonie électrique et sauvage.
Il ne faudrait pas croire que la télé (et par extension, Internet) a échappé à des forces anciennes nous définissant sur lesquelles nous pensons avoir une certain contrôle. Avec la télé, l'histoire ne fait que se répéter. L'empire ne s'est jamais effondré, nous sommes à la même place que nous étions voilà 4000 ans, nos boob-jobs et ab-rollers ne changent rien.
Cliquez sur l'oeil droit de Howard Beale pour écouter Jim en solo sur Network!
Tergiversons sur un paradigme: actuellement, en club vidéo, on ne loue que très peu de film. Les gens se descendent, de façon maladive et hallucinée, deux trois série télé à la fois. Je n'y fais pas exception. Au moins un dvd de Six feet under est loué à tous les jours depuis 7 ans dans la plupart de clubs, c'est un fait inargumentable. Au delà du simple culte, Six feet under est le Bardo Thodol d'une génération: on y trouve des réponses fondamentales sur la mort, la famille, le couple. Lost est un microcosme de notre civilisation, une ferme de fourmis expérimentale, Heroes un Dynasty nietzschéen, The wire une méditation kafkaienne sur l'échec de nos institutions, The Shield est un Macbeth en col bleu...

...Sex and the City un conte de fées urbain... ...Gossip girl est du Jane Austen pornographique pour pédérastes.
La série télé et l'obsession qu'elle engendre dans la populace est la continuation directe du roman feuilleton, du conte du Jongleur, de la Chanson de geste et de la légende du conteur dans la grotte auprès du feu. Ces séries nous définissent et nous sculptent. Sex and the city est un mode de vie embrassé par des hordes de femmes.
Et je ne parle que de série télé! Imaginez le reste...
C'est cet aspect de Network que nous allons couvrir, celui du film-parabole sur nos nouveaux anges et démons. Cette méditation, Alan Moore l'a fait en profondeur dans son texte A Light of thy countenance, adapté en bande dessinée par Felipe Massafera et Anthony Johnston dans Avatar press. Je vous offre en cadeau cette page, absolument bouleversante.

For I am He, the voice you turned to in your loneliness.
I am the one who shrank the mountains and the jungles;shrank whole wars and brought them unto your bottle. In your billions you adore me, faces underlit with grace.
I am the lenght and breadth of your reality and all your dearest toughts are but extensions of my own, my perfect dreaming mercy, born in brightness.
I am the silence of the will.

Geek Chronique 17: Bruce Campbell for Kraven the hunter

Ça fait 4 ans que je le hurle sur les toits. Ça prend pas la tête à Papineau câlisse! Mais on dirais qu'il va falloir que je l'annonce pour que l'idée germe dans les dossiers akashiques de l'univers. Depuis que Bruce Campbell joue dans Spider-man, tous les fans attendent patiemment qu'il incarne un personnage à part entière dans la franchise. Les rumeurs allaient déjà bon train dans Spider-man 3. Mais qu'est-ce que j'entend t'y pas? Les fans veulent Mysterio?


Ben non tabarnac! J'adore Mysterio, mais c'est évident. Bruce Campbell EST Kraven The Hunter. C'est une combinaison parfaite pour Raimi-Campbell. Kraven, une grande gueule d'un show de télé-réalité qui dit vouloir chasser et capturer Spider-man devant les caméras, un espèce de Steve Irwin doublé d'un lutteur de la WWF , cocky à l'os. Au début, le personnage est assez cocasse, un genre de comedy relief. Jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'il est tout de même un redoutable et efficace chasseur, tenace et obsédé. Évidemment, Kraven a eu droit à quelques histoires plus mémorables que d'autres mais en général, le personnage et terriblement drôle. Vous pensez qu'il ne pourrait pas être le vilain principal? Ok d'abord...ajoutez The Lizard. Kraven doit le chasser dans les égout devant caméras. Ça fini en team-up de vilains!
Tout est là, déjà en place; le corps, le jeu physique, ni trop vieux ni trop gros, l'humour...the chin!
Sam Raimi. Listen to me. Bruce Campbell is Kraven the Hunter. It's a cosmic truth.

Critique Cryptique: Bronson. Pas celui là. L'autre. Le vrai.

Ahhhhh. Bronson. Qu'il fait bon t'avoir rencontré. Je ne t'ai pas venu venir. Le monde devrait te connaître un peu plus. Je te présente...

Bronson est un film de Nicolas Winding Refn, le danois auquel on doit la trilogie des Pusher, avec le grand Mads Mikkelsen (Le Chiffre dans Casino Royale), qui joue d'ailleurs un Viking borgne dans son prochain film, Valhalla Rising.

Simon "le Chen" Chénier est Danois?

Bronson n'a rien à voir avec Charles Bronson. Le film nous parle de Michael Gordon Peterson, le prisonnier le plus violent d'Angleterre, ancien homme fort de cirque, une brute d'une puissance inépuisable, incarcéré pendant des années dans l'isolement le plus total. Bronson est le nom de guerrier qu'il s'est donné. Non seulement, il a transformé son corps en machine à tuer dans une pièce grande comme une toilette, mais il a publié des livres pour enfant. Get this...durant une prise d'otage, il a exigé en rançon un hélicoptère, une poupée gonflable et une tasse de thé.


Bronson est joué par Tom Hardy, un acteur british que les trekkies reconnaîtrons pour son interprétation (assez géniale selon moi, mais je semble faire partie d'un tout petit groupe) de Shinzon, le clone romulain de Picard dans Star Trek: Nemesis.

Pour le rôle, Hardy a pris 45 livres de muscles en suivant le même entraînement que Bronson lui même: 2500 push-ups par jour, rien que ça. Ce qui donne ceci:
Bronson est un espèce de vaudeville victorien reposant sur deux éléments: les épaules et le talent démesuré de Tom Hardy et la réalisation énergique de Winding Refn. Ce pourrait bien être le Clockwork Orange façon Danny Boyle de notre génération. On pense aussi a Chopper et Old boy. Ah cha cha!

Bronson est le film le plus rafraîchissant que j'ai vu depuis des lustres et une des plus époustouflante performance de comédien aussi.

Cliquez sur la moustache de Bronson pour écouter notre émission sur Charles Bronson!

Bronson est tellement dur que son pénis ressemble à Chuck Norris. Je le sais. On le voit tout le temps tout nu dans le film. Demandez Bronson. Pas l'autre. Le vrai.

dimanche 27 septembre 2009

Critique cryptique:Un Antichrist en manque de Possession


Fait deux ans que j'attends patiemment Antichrist de Lars Von Trier. Tout dans ce film me semblait être une bénédiction pour le cinéphile que je suis. L'horreur est mon genre préféré, surtout quand il se conjugue à la métaphysique. J'aime tout de Lars Von Trier; tous ses films, sa prétention neurasthénique de mégalo, son cynisme plein de connivences, son dogme 95. Tout. Plus les gens le détestent, plus je l'adore. Quand il annonça, quelque temps avant la sortie de sa comédie The Boss of it all (on parle de 2006!), qu'il ferait un film d'horreur, j'étais aux anges. Un film d'horreur métaphysique, qui plus est, inspiré d'un de ses maîtres à penser, Tarkovsky. J'étais littéralement extatique. La gloire. Que la controverse vienne! Que son brûlot choque! J'adore que Trier soit détesté: il est un digne fils de Loki, un trickster, un fouteur de merde. Il suffit de voir son documentaire-essai The Five Obstructions pour comprendre la fonction de régulateur que se confère le danois sournois. Antichrist. Comme je t'ai attendu. Comme un amant nerveux qui sait qu'il va se faire violer. Gainsbourg gagne la Palme d'or. Tout va bien. Le film choque. Génial. Un prix oecuménique fantoche plus tard, c'est encore mieux. J'aime tellement Von Trier, ce petit salopard à l'oeil torve, je l'adore...

Fébrile, je commence le film hier soir. Mon salon est plongé dans l'obscurité. Les recoins les plus malsains de mon âme sont gorgés de lubrifiants. Je suis prêt pour un viol en profondeur.


(....)

Après l'ouverture assez pompeuse, relecture baroque de la scène d'ouverture de Don't look now (on a beau y montrer un pénis défonçant de la Charlotte, la scène n'arrive pas à la cheville de celle de Roeg, plus torride alors que les années passent), je me dis que le film avait besoin de ces trente minutes pour installer une profonde spirale de désespoir et de culpabilité. J'aime la langueur au cinéma, voire même la lenteur. D'emblée dans le médium de l'horreur. Je me dis que cet ennui qui s'installe en moi n'est pas habituel. Après tout, Von Trier est reconnu pour son utilisation de procédé hypnotique (les rails de train de Europa me captivent à toutes les fois). Je ne me suis jamais emmerdé une seconde en regardant un seul Tarkovsky (pas même les scènes d'autoroute dans Solaris). Des gens qui baisent en noir et blanc au ralenti sur du Händel, c'est bien non? Qu'est-ce qui m'arrive?


Je regarde. J'écoute. Dafoe est drôlement éteint. C'est probablement volontaire (il est psychiatre). Gainsbourg est une comédienne ordinaire et j'imagine qu'il veut la laisser s'exprimer. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on lui demande de copier copieusement, presque plan par plan, au décibel près, l'hystérie inoubliable d'Isabelle Adjani dans Possession d'Andrzej Zulawski. Ah tiens, elle aussi avait gagné la Palme d'or en 81...

Cliquez sur le vagin sanglant d'Adjani pour écouter notre émission sur Possession!

L'imitation (celle de Gainsbourg au jeu et Von Trier à la réalisation) est tellement frappante qu'il devient impossible, pour toutes personnes ayant vu la cicatrice sur pellicule qu'est Possession, de ne pas s'y référer en regardant Antichrist. C'est pour ainsi dire presque le même film, mais la version ...sentier d'hébertisme. Antichrist grappille un peu à Don't look now, beaucoup à Possession et donne à toute l'affaire un rythme et une dialectique vaguement Tarkovskienne. Ce qui en fait un film en retard de plusieurs décennies. Oui madame. C'est vous dire si le film devient inintéressant si il n'imite pas. Les petites mutilations à coup d'outil rouillé sont drôlement grandguignolesques dans ce film, comme si on avait greffé une scène de Saw dans un Haneke.


Attendez! On y retrouve forcément une profonde et prenante réflexion sur le Mal ultime, force impalpable régnant en maître sur l'église de Satan, la Nature? T'sais, comme l'arbre maudit dans le Charisma de Kiyoshi Kurosawa? Ou comme tous les films de Werner Herzog? Il doit bien y avoir quelque chose dans ce truc non? Ça ne peut pas simplement être un Don't look now-Possession à la Tarkovski-Herzog non?


Eh ben oui.

Dans vingt ans, ce sera simplement un film oublié. Faudrait pas confondre lent et long, profond et creux. Le film se résume parfaitement bien par le biais d'une scène, qui se voulait effrayante et sombre vite dans l'hilarité. Dans une clairière où se trouve Dafoe, quelques feuillages s'agitent. En fouillant, il y trouve le cadavre d'un renard s'auto cannibalisant (le totem involontaire de Von Trier?) qui se lève et dit "le chaos règne".
Putain que cette scène me fait rire. Du coup, on est dans Neverending Story...

...sauf qu'au lieu d'avoir Gmork, un loup parlant et serviteur du Néant qui disserte de manière horrible sur le vide, on a un roadkill qui dit deux mots. C'est génial. C'est douteux.

Le chaos règne... t'en a d'bonnes Lars. Ben oui qu'il règne le chaos. Brr. Fait froid hein? Le monde est hostile. Les madames aiment ça crier et faire du mal aux monsieurs. Ok. Je suis d'accord, mais encore...c'est tout? Holy cow and wholy chao!

Tiens... je m'en permets une faible. Ton film, Lars, l'est pas profond, l'est pas choquant, l'est pas sulfureux. Il est juste Antichrist(ment) chiant.