« For the last four years, I’ve basically been living in an Argento movie »
-Richard Stanley
Parce qu'il me fallait une phrase d’ouverture pour ma critique de Troll Hunter, je vous offre cette petite perle de sagesse qui inspire l'effroi mais aussi l'émerveillement quand on s'imagine le type d’existence au quotidien que vit Stanley, le grand chamane du cinéma.
(Je travaille aussi sur l’édition de sa discussion publique avec Robin Hardy, vous aurez ça dans pas long…)
Mais pourquoi donc? Oui, on sait bien, rencontrer un homme d’une telle force laisse des traces dans la psyché et c’est sans doute parce que je viens tout juste de quitter Fantasia pour des vacances dans la très belle ville de Québec qu’on sent encore l’empreinte de l’homme sur mes paroles.
Oui, c’est à cause de ça, oui.
Mais c’est aussi à cause qu’elle résume la force d’un aspect dont j’ai raffolé dans TROLL HUNTER.
Pour la petite histoire : Une troupe de documentaristes (Un caméraman, une preneur de son et un réalisateur) tentent de monter un film sur une vague de corps d’ours retrouvés mutilés en Norvège. Les corps s’avèrent être un leurre lorsqu’ils font connaissance de Hans (Shit! OTTO JESPERSEN qui fait la voix du mammouth dans la version norvégienne de ICE AGE!), un homme mystérieux qu’il s’avère être celui auquel le titre du film réfère; et oui, il chasse le troll! S’ensuivra une chasse en trois actes particulièrement réussie qui n’a rien à envier à The HOST de Bon Jong-Ho.
Voila pour ça: l’histoire se déroule d’une façon bien amusante, parfois prévisible, mais toujours entraînante. Malgré les associations faites à certains canons de l’horreur, il me semble que TROLL HUNTER doit beaucoup plus à LORD OF THE RINGS version cinéma direct qu’à n’importe quel autre titre de « film de pellicule retrouvée » mais c’est mon opinion. Étant un avide joueur de Donjons et Dragons, la vitesse à laquelle André Ovredal fait entrer les archétypes D&Diens m’a immédiatement vendu au fait que TROLL HUNTER était un Table Top Twister (je parle ici du film avec Bill Paxton) doublé d’un mondo monstrous manual. Guerrier (Glenn Erland Tosterud, courageux et vaillant), Princesse (Joanna Mork, fantastique damsel-in-distress) et Clerc (Kalle, chrétien à tord) sont joint par Aragon…eh non…a Hans (Ranger, celui qui connaît les secrets de la forêt) pour vaincre les ambitions territoriales des Trolls, tout en conservant le secret de leur existence loin de la population Norvégienne.
Et me voici enfin suffisamment réjoui de pouvoir discuter de la citation qui ouvre cette critique puisque pour toutes les forces et les faiblesses de ce film, une chose prime avant tout lorsque l’on écoute TROLL HUNTER : une quasi impossibilité de discernement entre le monde réel et le monde fictif. Voyons en quelques points comment le scénario brouille brillamment les pistes entre le folklore et la réalité.
GROS GÂCHEUX À VENIR, SÉRIEUX...J'EN GRAISSE PAS MAL FORT À PARTIR D'ICI, LISEZ CE TEXTE APRÈS AVOIR VU LE FILM.
-Début du film : Hans est suspecté d’être un braconnier, responsable des carcasses d’ours délaissées sur les bords de route.
Réalité consensuelle +1
-La vérité est plus folle que la fiction, Hans est un chasseur de Troll qui cache un mystérieux secret sur la population Troll.
Réalité mythologique +1
-Les Trolls n’existent pas : ils sont des fabulations d’un vieil Hermite barjo qui vit dans une caravane.
Réalité consensuelle +1
-C’est bien faux, les Trolls existent parallèlement à notre civilisation et Hans est un homme au destin tragique, forcé de vivre en nomade, avec pour unique but de chasser et tuer les Trolls.
Réalité mythologique +1
-La responsabilité du contrôle de la population Troll est accordée à un groupe d'élite nommé le TSS (Troll Security Service) qui opère dans les bas fonds du gouvernement Norvégien. Ce groupe engage Hans comme « scalp-hunter » de Troll en mettant à sa disposition des lampes UV et des canons à lumière hautement technologiques pour mener sa quête cruciale (Greimas et les artéfacts magiques, houpla!)
Réalité consensuelle +1
-Lorsque Hans fait du terrain, il s’assure de n'avoir aucun chrétien dans son équipe car les Trolls sentent le sang catholique...en plus de se couvrir d’une substance qu’il nomme Troll-Smell pour se couvrir des narines monstrueuses.
Réalité mythologique +1
-Hans se bute à un jeune opportuniste arrogant responsable du cover-up des Trolls (Hans Morten Hansen, important stand-up comic Norvégien, porteur du record de la plus longue performance sur scène : 38heures et 14 minutes), le jeune fucker tire sur toutes les plugs possibles empêchant la troupe de documentaristes de faire le jour sur la situation. Il faut à tout prix empêcher l’étalement de cette connaissance auprès de la population.
Réalité consensuelle +1
-Thomas se fait mordre et est infecté par la rage, Kalle se fait débusquer dans une caverne par son odeur de Chrétienté.
Réalité mythologique +1
La finale du film, trop grandiose pour décrire. Le tout finement bouclé dans un combat entre le réel (tel que déterminé par la masse) et le fantastique (qui se partage par un petit groupe sélect). Nous retournons à notre partie de Donjons et Dragons, qui ne fait aucun sens lorsque observée de l’extérieur. Troll Hunter, en terme de film, devient cette partie d’immersion dans le fictif, une expérience de groupe contenue dans le groupe, une quête partagée dans un imaginaire commun et qui se traduit difficilement lorsque nous tentons de la partager avec des observateurs externes.
BONUS FEATURE :
La source d’inspiration de TROLL HUNTER mesurée à celle de WATCHMEN.
Réalité mythologique +1
-JIM
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