MUSTANG!!!!! CHEVAL NOIR INDOMPTÉ!!!!
MUSTANG!!!!! PERSONNE NE PEUT TE MONTER!!!!!
Dans les arrières-boutiques en plywood et les routes poussiéreuses de Saint-Tite, il y a un monde de passions sauvages qui ruent dans les brancards. Des secrets, des amours déçus et des colères qui grondent. Johnny Cooper, le grand Sachem du Festival country aimé de tous, est mort horriblement au rodéo, piétiné par Mustang.
Mustang: le cheval noir indompté.
MUSTANG. Que personne ne peut monter.
MUSTANG est enfermé dans un enclos en exemple, symbole et témoin vivant des mensonges qui sclérosent le village. Mais MUSTANG n'est que le catalyseur du drame. Et MUSTANG, le film, est une découverte sans précédent. Il mérite un culte, un DVD, la trame sonore en 8-track et un laser-disc. Il est inadmissible qui ce magnifique pur-sang galope au loin, narguant les cinéphiles québécois de ma génération, sans que nous ayons eu droit de le monter auparavant.
Si seulement MUSTANG n'était qu'un Western-poutine hybride (le seul en fait) où sont mélangés les genres dans une concoction lourde mais hautement appétissante, ce serait déjà suffisamment bourratif. Mais il est encore plus que ça; c'est un tragédie antique à Saint-Tite. La recette est parfaite: La patate du Western classique , la sauce brune du drame de cuisine québécois et le fromage en crottes de la tragédie antique, permettant la cohésion improbable des éléments précédents.
Willie Lamothe, le légendaire, joue Dick Lachance, chanteur de country qui n'a rien à voir avec son alter ego. C'est un cowboy fantaisiste (c'est le titre d’une de ses tounes) qui n'aime pas les chevaux. Il arrive avec son groupe au Festival de Saint-Tite pour constater que la mort de son vieux chum Cooper a laissé le village dans un état de dévastation psychologique indéniable. Affublé de ses compagnons de routes, dont le nom moins légendaire et souriant Bobby Hachey, il soupçonne quelque chose de louche. Il fera sa petite enquête Le groupe de Lachance a en quelque sorte une fonction de poutinage narratif (poutinarration?): ils sont le chœur grec de la tragédie, les fous du roi et des desperados du verbe au grand cœur.
La Tragédie se met en place: Un maire louche et libidineux joué avec gravitas par Claude Blanchard, Muriel Millard est son épouse fardée comme les clowns de ses peintures impressionnistes, la veuve blessée est Luce Guilbault, la femme fatale de Calgary est campée par Nanette Workman. On a aussi l'indien de service et la petite fille espiègle. Albert Millaire se la joue Western-spag en tant que bad boy tourmenté et Marcel Sabourin est l'idiot du village. Il est amusant de constater que la parlure populaire de ce magnifique groupe rend la performance de Millaire et Sabourin des plus comiques. Ces deux acteurs de théâtre sont pratiquement incapables de harnacher le joual du reste du groupe. Millaire a le regard d'un tueur et l'élocution d'un notaire de Saint-Bruno. C'est hilarant.
Est-ce que Klo, le bad boy du village, saura relever le défi du maire? Pourra t-il monter MUSTANG et ainsi venger Johny Cooper?
Seule réalisation de Marcel Lefebvre, il signe aussi la grandiloquente trame sonore (je ne déconne pas: c'est de l'immense orchestration mur à mur). Lefebvre est d’abord et avant tout reconnu comme auteur-compositeur pour à peu près tout le monde de Céline Dion ("Une colombe", c’est de lui!) à Jean Lapointe ("Qu'est-ce qui fait donc chanter les p'tits Simard! C'est les poudings...LAURA SECORD" c'est de lui aussi !!!!)
MUSTANG est traversé de moment de grâce et d'absurdité. Des morts atroces, des regards tout droit sortie d'un Leone qui ne cesse de se répéter sans qu'il y ait le moindre combat, les tounes de Willie Lamothe qui détonnent avec les amples orchestration de Lefebvre. Impossible de déterminer où commence et fini le niveau de conscience qu'avait Lefebvre de son propre projet.
Mais c'est justement l'improbabilité d'une cohésion entre tous ses éléments qui est la grande force du film. Saouler par les trop nombreux whiskies servis à Fantasia, ça prenait la poutine bien grasse et savoureuse qu'est Mustang pour remettre mon foie de cinéphile à la bonne place.
Qu'on se le dise: MUSTANG est un MUST(on veut un Dvd calisse)
Par ailleurs, j'ai une théorie.
Pendant une scène, on voit une statue de Mustang suspendue dan les airs comme si elle volait, cambrée de colère et les yeux rouges de haine.
Je suis maintenant certain que MUSTANG est la véritable inspiration pour le cheval emblématique de Fantasia 2011. Il représente aussi leur volonté secrète de faire passer ce film à l'histoire, comme il se doit.
Parce que Fantasia est le Mustang des festivals de cinéma: sauvage et indompté.
Oui un DVD serait de mise pour ce chef d'oeuvre oublié.
RépondreSupprimerIl y a des scènes dignent de Lynch et de Palma!
MP