mardi 19 juillet 2011

Fantasia 2011, Jour 4: Critique de PHASE 7-l'ennui au temps de la pandémie

Presque à tous les ans, je me souviens avoir vu au moins un film à Fantasia qui disparait sensiblement de la circulation par la suite (ou qui ne connaitra jamais de distribution massive). Rien à voir avec la piètre qualité du film. C'est qu'ils sont parfois spécifiquement "nationaux". Quelqu'un a vu, voilà quelques années, l'adaptation de la bédé espagnole Mortadel et Philémon? La qualité du film était indéniable mais le produit final était spécifiquement espagnol. Il demandait un minimum de référents. Dans ces conditions, le dépaysement est encore plus fort à mon sens. C'est aussi ça pour moi, le plaisir de ce festival. C'est voir des productions  au budget microscopique qui seraient pratiquement impossibles à découvrir dans un autre contexte et qui dépaysent dans tous les sens du terme. 

Phase 7 est ce film. L'idée est convenue. Le traitement lui, ne l'est guère. Pipi et Coco, un jeune couple qui n'en est plus à ses premières idylles, vont bientôt avoir un enfant. Le contexte n'est pas des plus reluisants: une épidémie ravage lentement mais surement plusieurs pays. Est-ce la guerre? La fin du monde? On n'en apprendra que très peu sur la chose. L'édifice de Pipi et Coco doit être mis en quarantaine. Dans ce contexte, vont-ils se tomber sur les nerfs à en crever?
 On pourrait présager un huis clos étouffant, une folie généralisée qui s'installe. Eh bien non. Les soucis des protagonistes sont d'une banalité effarante: une ampoule brulée, le rationnement des Froot-loops, les voisins paranos et ceux, encore plus chiants, qui veulent emprunter des trucs. En fait notre couple n'est pas des plus jovial. Ils s'engueulent légèrement et constamment pour des peccadilles. Il en va de même des voisins. Quand l'un des leurs disjoncte et se met à décimer les autres, c'est aussi pour un malentendu. 
 À part les films de Fabian Bielinsky et de Juan Jose Campanella, je n'ai pour ainsi dire que très peu de connaissances du cinéma argentin. Je ne connais pas les mécanismes de l'humour là bas. Mais après avoir vu tout au plus une dizaine de films provenant de la terre du tango, il est  possible d'y constater un rythme, une cadence bien précise. Je dirais même une langueur. Phase 7 n'y échappe pas. En fait, il n'échappe à rien. C'est la moins paniquante des attaques virales de l'histoire. Évidemment, le budget famélique limite les possibilités de démonstrations de la situation, mais des films fauchés y sont néanmoins parvenus (Right at your door et REC). En fait, le réalisateur Nicolas Goldbart fait le choix délibéré de nous montrer une fin du monde traversée d'une certaine lenteur.

C'est là que les mécanisme comiques du film opèrent le mieux. C'est "Les Zombies attaquent l'Auberge du chien noir" sans que l'on voit un seul zombie. La lenteur et l'indifférence finissent par faire sourire le spectateur qui craignait de s'ennuyer quelques minutes plus tôt. Même la bavarde trame sonore de synthétiseur rappelant les films de zombies italiens fini par faire rire tellement elle est juxtaposée à des scènes anticlimatiques. 

Fantasia, c'est aussi ça: un petit film argentin de fin du monde où le couple joue au battleship en regardant le monde crever. Et vous savez quoi? Après les virus et les cannibales Mccarthien, les gens qui se suicident et violent des bébés, je ne serais pas surpris que les survivants de notre monde ressemblent à Pipi et Coco...un couple qui s'emmerde. Ha ha.

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