dimanche 31 juillet 2011

Fantasia 2011: critique de KLOVN:the movie. Quelque chose qui fait rire au royaume du Danemark

 Quelques minutes après la finale de Klovn: the movie, j'étais dans un tel état de grâce que  je lisais tout ce que j'étais capable de trouver sur la télésérie danoise dont le film est adapté. Vous vous souvenez ce qui c'est passé à la sortie de Shaun of the dead? Un engouement instantané pour Spaced, la série des mêmes créateurs; le monde en demandait encore. Il y a fort à parier  qu'un phénomène similaire se produira avec Klovn. Pour ma part, je ne goutterai au repos que lorsque j'aurais vu les les six saisons de la série, les 60 épisodes de 25 minutes au complet. Si comme moi vous vivez dans l'attente cruelle et continuelle de  Curb your enthusiam, -Klovn  ne peut échapper à la comparaison-, le film va pincer vos cordes sensibles. En fait, Klovn se situe parfaitement à mi-chemin entre deux séries télés élevant l'humour jusqu'aux hautes sphères de la philosophie, Curb your enthusiasm et It's always sunny in Philadelphia.

Du premier, Klovn possède le mordant de l'humour inconfortable carburant aux maladresses sociales. Il est traversé de ce genre de scènes que le spectateur regardera la tête de côté, les mains dans le visage et le regard  entre les doigts. Les silences trop longs, les humiliations et les moments d'interactions sociales qui vont forcément foirer sont au rendez vous. Y'a de la tartufferie à revendre dans Klovn. Forcément, on pense aussi à The Office. Il emprunte également la même approche au niveau de la réalisation et des dialogues, celle de chroniques du quotidien de personnages se jouant eux-même. 
À l'instar de It's always in PhiladelphiaKlvon peut être aussi épique dans sa vulgarité, irrévérencieux et outrancier. Les personnages sont moralement déficients, complètement centrés sur eux-même et bien qu'ils soient inséparables, ils sont nuisibles l'un pour l'autre. 

Mais Klovn n'est pas qu'un simple amalgame. S'il balance tour à tour irrévérence et comédie de situation, il sait aussi se faire très subtil par moment. Je résume et vous donne un exemple...

Frank et Casper sont deux potes de longue route. Tous les deux, ils sont du ÇA ambulants: narcissiques, peureux, juvéniles, libidineux et parfois vaguement stupides. Ils ont l'intention de faire une longue excursion en canoë qui les mèneront jusqu'à un somptueux bordel oû il s'en donneront à coeur joie. Un petit problème: ils ont des copines. Celle de Frank est par ailleurs enceinte et elle doute fort de ses capacités de père. Pour prouver à sa copine qu'elle se trompe, il a la bonne idée de quitter quand même en compagnie de Bo, son jeune neveu de 13 ans. 
Au tout début du film, un indice précieux sur son sens profond nous est fourni. Nos deux personnages font partie d'un club de lecture oû le dernier thème est Joseph Conrad. Conrad est l'auteur du roman Heart of Darkness, adapté au cinéma par Coppola qui en a fait Apocalypse Now. Klovn emprunte la structure et les thèmes du récit de Conrad: nos deux protagonistes devont traverser une rivière pour se rendre au bordel oû un "village" de femmes exotiques les attendent. Mais le maître des lieux les attend de pied ferme. Les expériences vécues tout au long du parcours changeront Frank et Casper à jamais. Ils plongeront dans les recoins les plus reculés du coeur de l'homme, là oû on doit apprendre à se tenir debout, ne serait-ce que pour pisser dans les bois.

Des lecons de vie bouleversantes nous sont fournies: il faut dire à sa copine qu'on l'aime avec des "perles" mais en évitant ses yeux. Le gras de bide peut donner l'impression que le pénis est plus petit, surtout chez les adolescents. C'est d'ailleurs préférable de pisser assis quand on a un micro-pénis. On ne peut manger toutes les crêpes d'une femme sans participer minimalement à un ménage à trois. On peut flirter avec des hommes pour obtenir quelque chose d'eux sans être homosexuel. Aucun gag de pédophilie n'est de mauvais goût entre hommes consentants. 


Klovn est le digne héritier de Molière. C'est une exploration des vicissitudes de l'homme et de son obsession pour les blagues de pénis.

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