Ce mercredi à 3:30, nous recevrons Robert Morin. Pour le 7ème antiquaire, ce n'est pas qu'un honneur, c'est la chance d'une vie. Point d’obséquiosité ici: Morin nous a fourni certains des plus intenses moments d'émotions de notre courte mais intense vie de cinéphile. Il le fait encore. Nous ne serions pas plus émus en rencontrant Lynch, Herzog ou Haneke.
"Il stimule des zones de la pensée assez profondes pour être inconfortables aux hypocrites"
Cette ligne de Claude Gauvreau à propos de Denis Vanier me fait tout de suite penser à Robert Morin. Elle lui va comme un gant de velours sur un poing en sang. Pour moi, au cinéma, Morin est à Pierre Perreault ce que Denis Vanier est à Alfred Desrochers en poésie.
Je lis ces mots et j’entends la double voix du vidéaste dans Yes sir...madame, tour à tour fébrile et cynique. Je le revois frapper son père dans Petit pow pow Noël, chanter du Josephine Baker seul dans les toilettes en pleurant. Je me remémore les mines déconfites du public quand des scènes de ce film furent montrées à Tout le monde en parle. Je repense aux quidams scandalisés par Le Neg qu'ils n'ont par encore vus. Je revois le jet de pisse d'une puissance inouïe éclabousser le vitre de char du gars dans Il a gagné ses épaulettes. J'entends le cascadeur de La vie c'est pour le restant de mes jours dirent que "si Johnny Farago peut chanter, si Pierre Lalonde peut chanter, moi, j'peux cascader". Le gorge me serre en entendant le vieux fou chanter La Fortune dans Le voleur vit en Enfer. Je repense aux effets Rashomon, aux connections balzaciennes, au grapillage de "vues mortes" qui traversent son œuvre, à ses dualités devenant polarités. Je le revois même jouer un crosseur dans Les Bougons.
Je pense à tous ces moments et je me dis que nous sommes chanceux de l'avoir Morin: nous, les Québécois, ta mère, nos auditeurs français, ceux qui ne le connaissent pas et qui vont le découvrir, le gars au dépanneur...
J'aime voir Robert Morin manger de la marge et nous en faire manger à coups de buckets. J'aime sa voix de gravelle qui garoche les mots avec une précision de sniper. J'aime les mutants qui hantent son cinéma, qui sont plus vrais que toi et moi. J'aime écouter ses Vues.
Et plus que tout, j'aime ne pas savoir ce qui est vrai ou faux...
et savoir que Morin lui aussi s'en câlisse comme dans l'an 40.
Le réel, ça sera pour le restant de mes jours.
Je lis ces mots et j’entends la double voix du vidéaste dans Yes sir...madame, tour à tour fébrile et cynique. Je le revois frapper son père dans Petit pow pow Noël, chanter du Josephine Baker seul dans les toilettes en pleurant. Je me remémore les mines déconfites du public quand des scènes de ce film furent montrées à Tout le monde en parle. Je repense aux quidams scandalisés par Le Neg qu'ils n'ont par encore vus. Je revois le jet de pisse d'une puissance inouïe éclabousser le vitre de char du gars dans Il a gagné ses épaulettes. J'entends le cascadeur de La vie c'est pour le restant de mes jours dirent que "si Johnny Farago peut chanter, si Pierre Lalonde peut chanter, moi, j'peux cascader". Le gorge me serre en entendant le vieux fou chanter La Fortune dans Le voleur vit en Enfer. Je repense aux effets Rashomon, aux connections balzaciennes, au grapillage de "vues mortes" qui traversent son œuvre, à ses dualités devenant polarités. Je le revois même jouer un crosseur dans Les Bougons.
Je pense à tous ces moments et je me dis que nous sommes chanceux de l'avoir Morin: nous, les Québécois, ta mère, nos auditeurs français, ceux qui ne le connaissent pas et qui vont le découvrir, le gars au dépanneur...
J'aime voir Robert Morin manger de la marge et nous en faire manger à coups de buckets. J'aime sa voix de gravelle qui garoche les mots avec une précision de sniper. J'aime les mutants qui hantent son cinéma, qui sont plus vrais que toi et moi. J'aime écouter ses Vues.
Et plus que tout, j'aime ne pas savoir ce qui est vrai ou faux...
et savoir que Morin lui aussi s'en câlisse comme dans l'an 40.
Le réel, ça sera pour le restant de mes jours.