Vous excuserez la formule pompeuse et péremptoire de notre émission cette semaine. N'en demeure pas moins que la question mérite d'être posée.
Il est tout a fait normal que le cinéma ait fait de Dracula et du monstre de Frankenstein un duo complémentaire. Cela dit, même dans ses incarnations modernes, Dracula reste une glorieuse relique qui n'a que très peu de chose à dire sur son époque. Le monstre de Frankenstein est une figure résolument moderne. La création de Shelley était faite sur mesure pour le cinéma. Le 7ème art n'est-il pas lui même une créature composite et morcelée, longtemps à la recherche de son créateur? Pas surprenant que la première adaptation au cinéma nous provienne d'un autre savant fou et mégalomane, Edison, le "père" du cinéma. (cliquez sur l'image du bas pour écouter notre émission sur le monstre de Frankenstein au cinéma)
Toutes les problématiques de la science moderne sont engoncées dans le monstre de Frankenstein: génétique, éthique des expérimentations, quête d'immortalité, acharnement thérapeutique.
Le 7ème a toujours trouvé que Dr. Jekyll et Myster Hyde faisait pour la psychologie, la psychiatrie et la psychanalyse ce que le monstre de Frankenstein faisait pour la science et la médecine. En fait, Mister Hyde est d'emblée une créature de pure modernité, complémentaire à Frankenstein. Les thèmes parlent d'eux même: toxicomanie, répression des pulsions, meurtres en série, dédoublement de personnalité. Lutte des classes également
Cette semaine, nous faisons un survol personnel de nos adaptations préférées, de la première à la dernière, des grands inconnus. Son évolution a travers les décennies, ses incarnations modernes.
Des origines, avec John Barrymore en 1920...
Jusqu'aux adaptations improbables... Une surprise de taille: un blaxploitation de William Crain, réalisateur de Blacula, intitulé Dr.Black, Mr.Hyde (1976). Savoureuse ironie, le film de Crain, volontairement ou non, remonte aux sources de la nouvelle de Stevenson avec beaucoup plus de pertinences qu'on pourrait ne le croire. Il remonte aux fondements même du cinéma, en empruntant par ailleurs beaucoup à King Kong (Tarantino aura pris ça là, c'est clair!)