Le
mythe du DIRECTOR'S CUT ! Cette semaine pour notre émission du 7ème
Antiquaire on observe cette notion, devenue pratiquement une norme
aujourd'hui avec les profits du marché vidéo, cette mention a pourtant
une origine et sa définition s'est assurément transformé avec le temps.
On vous parle de ces coupes et remontages qui peuvent changer
entièrement un film et la vision de son cinéaste. On s'attarde sur Blade Runner, Brazil, Heaven's Gate et quelques autres titres plus
évidents mais nous n'éviterons pas de creuser jusqu'à Chaplin ou Welles si il le faut,
en prenant un détour vers Nightbreed. Le tout en se questionnant sur la
notion même du "director's cut".
Sachez qu'on a assurément manqué de temps
pour faire le tour complet de la question et dire tout ce qu'on aurait
voulu dire mais n'ayez crainte, on sortira éventuellement notre version director's cut de cette épisode, que ce soit sous forme de texte sur notre site web ou autre.. qui sait. N'ayant qu'une heure on se concentre donc sur les films des grands studios hollywoodiens et sur certaines époques en particulier. On mentionne donc pas la situation en France avec des cas classiques comme Le Grand bleue ou 37,2 le matin, ou même les remontages de certains films de
Renoir.. mais sans plus attendre, là
voilà notre version cut (ou est-ce finalement notre director's cut) : http://media.choq.ca/audio/emissions/7eantiquaire/2014/11/26030-emission-du-27-novembre-2014.mp3
Le 7ème Antiquaire se penche sur BEGOTTEN (1990) d'Edmund Elias Merhige pour cette épisode radiophonique. Expérience cinématographique organique, film étudiant,
hommage aux cinéastes expérimentaux, film gore et viscéral. Begotten fut un film choc à
sa sortie, qualifié autant de chef d'oeuvre que de film
prétentieux. La rencontre entre Begotten et le 7ème Antiquaire devait arriver. 25 ans plus tard on revisite cet oeuvre culte pour voir ce
qui reste de ce film en décomposition.
Le cinéma punk de SOGO ISHII au 7ème
Antiquaire cette semaine. Cinéaste japonais étant aujourd'hui plus dans
l'ombre que certains de ses successeurs, Sogi Ishii a été une influence
majeure pour des cinéastes comme Shinya Tsukamoto, Sabu ou Kiyoshi
Kurosawa. Il a fait l'expérience de trois systèmes de production
cinématographique et trouvera au final la sienne : "do it yourself".
Nous allons observer les trois périodes cinématographiques qu'il a
traversé, en se concentrant sur sa période punk. De ses premiers courts
métrages étudiants à ses expériences récentes multimédias, en passant
par son film emblématique punk : Burst City. On lève le son et on cri
dans le micro ICI
vous pouvez aussi cliquer sur le demi-bouddha ci-bas pour écouter l'émission
LIQUID SKY (1982), le film culte de Slava
Tsukerman au 7ème Antiquaire. Cette semaine on entre dans une zone
étrange où le new wave a pris le dessus sur le punk et où les
extra-terrestres s'intéressent à l’héroïne et aux orgasmes. Premier film en sol américain par Tsukerman, un immigrant russe, Liquid Sky
montre une contre-culture new yorkaise du début des années 80 à travers
un regard étranger (autant qu'étrange). Attention film psychotropique.
Regardez le vidéo ci-bas comme introduction à l'émission.
Un film new wave de science-fiction ou un film d'extra-terrestres new-yorkais, Liquid Sky est entre The man who fell to earth (1976) de Nicolas Roeg et Repo Man (1984) d'Alex Cox, tant chronologiquement, esthétiquement qu'idéologiquement.
On y observe un groupe d'individus dans un milieu underground en parallèle à une possible invasion extra-terrestre. Cependant, les êtres venus d'ailleurs ne font que rester dans leur soucoupe volante stationnée sur le toit de l'appartement de Margaret et ne sont donc jamais vus. Passant l'essentiel de leur temps à l'observer et profiter de chaque moment de prise d’héroïne (liquid sky) ou d'activité sexuelle puisqu'ils consomment l’endorphine produit par le cerveau humain lors d'orgasme ou de forte dose d’héroïne (oui ça fait penser à I come in peace (Dark angel) de Craig R. Baxley mais croyez-moi ça n'a rien à voir. Imaginez plutôt cette prémice filmé par Paul Morrisey avec le costumier d'Almodovar et interprété par David Bowie au lieu de Dolph Lungren et vous avez une idée du film).
Le film questionne beaucoup le point de vue, le regard et la perception. Étant étranger dans un nouveau pays, Slava Tsukerman plonge dans un milieu de contre-culture dans un moment crucial où il se fait récupérer par l'industrie de la mode. Dans ce monde de l'image qu'est les États-Unis des années 80 (particulièrement New York), Margaret est en crise identitaire. Elle a fui son identité de femme d'avocat dans le Connecticut pour se retrouver à New York où elle est modèle pour une agence de mode qui récupère les tendances du quartier Soho dans lequel elle vit maintenant. Totalement désincarnée et dépourvue d'émotion, elle n'est plus qu'une image qui a maintenant pour rôle d'être regardée et observée. Le cinéaste tourne autour de cette idée de différentes manières avec des jeux d'observations et de surveillances que plusieurs personnages se font entre eux.
Il y traitera aussi de récupération, tant identitaire que culturelle. Tsukerman filme une contre-culture qui s'est fait récupérer par l'industrie. Un moment clé où un mouvement de révolte est devenu un produit de consommation, où le punk rebelle est devenu un poseur new wave vendant son image pour vendre un produit. On voit aussi apparaître ce moment où l'industrie de la mode projettera une image de plus en plus androgyne à travers leurs modèles. Tsukerman s'intéresse beaucoup à cette image androgyne qui prend plus de place depuis la fin des années 70 et l'image du glam-rock qui est apparu depuis peu. Il va aller jusqu'à faire jouer les deux personnages principaux, masculin et féminin, par la même actrice, Anne Carlisle, ce qui est rare pour l'époque. Ces deux rôles seront un alter ego l'un pour l'autre et c'est dans une finale surprenante que Margaret aura le dessus sur son double masculin en le supprimant par un acte sexuel. Il faut savoir que tous ceux qui ont un rapport sexuel avec Margaret meurent instantanément en se désintégrant. Par cet acte indirectement causé par les extra-terrestres qui l'observent, on annonce déjà l'épidémie du Sida qui va s'abattre (beaucoup à New york) peu de temps après.
Film pouvant être lu à plusieurs niveaux, Liquid Sky est avant tout un film sur la perte et la récupération de l'identité (sexuelle, culturelle et sociale) vu à travers le regard particulier d'un immigrant russe en terre de liberté.
Il est à noter que le film a eu sa toute première projection à Montréal en août 1982 durant un festival (le FFM je crois), ce qui fait du Québec son lieu de baptême de projection publique.
-David Fortin, 7ème Antiquaire
nos émissions complètes se trouvent ici ou en parcourant ce blog (liens audio et textes)