Bonjour à toi cher auditeur-trice J'espère que tu vas bien et que tu ne te fais pas trop chier au boulot.
C'est le temps béni/maudit de l'année où CHOQ.CA la radio web de l'Uqam, fait son gala d'excellence. Cette année, TOI, cher auditeur-trice, tu as la possibilité de voter pour ton émission préférée! C'est ça la puissance de la démocratie.
Si jamais tu as le temps et que tu en a envis, si jamais le 7ème antiquaire arrive parfois à égayer tes longues nuits d'hiver à grand coups de soliloques et de loghorrées sur le cinéma là où tu les veux, je t'invite à voter en cliquant sur le lien
Cette semaine le
7ème Antiquaire s’est proposé une expérience peu commune, peut-être
même dangereuse, mais qui s’est révélée fort intéressante.. même passionnante.
Nous nous sommes lancé dans la découverte d’un cinéaste très peu connu sur
lequel il n’y a pas encore eu beaucoup d’écrits et dont les films ne se
trouvent pas encore facilement. Cependant, depuis 2013 ce cinéaste espagnol se
fait lentement redécouvrir et encenser par certaines critiques. Gonzalo Garcia
Pelayo fut donc pour nous une découverte totale.
Gonzalo Garcia Pelayo
C’est à la suite d’un article publié dans
le journal français Libération en mars dernier (http://next.liberation.fr/cinema/2014/03/18/pelayo-possede-par-le-dement_988042)
que notre curiosité de cinéphiles a été titillée. On y dévoile non seulement un cinéaste méconnu qui a été important
dans l’histoire du cinéma espagnol mais aussi un homme qui s’est rendu riche en
élaborant un système de calcul des probabilités pour exploiter les failles des
jeux de roulette des casinos. Gonzalo Garcia Pelayo est un touche-à-tout. Il a
autant été cinéaste que producteur musical, producteur/animateur télévisuel,
animateur radio et joueur professionnel au casino. Mais reprenons l’histoire
depuis le début.
Gonzalo Garcia Pelayo est né en 1947 à
Madrid, en pleine Espagne franquiste. Il aura donc grandi et vécu 30 ans sous
un régime conservateur autoritaire de dictature, de répression et de censure.
Jeune adulte, Pelayo s’intéresse déjà beaucoup au cinéma. Comme il est alors
difficile d’étudier le cinéma en Espagne, il part à Paris où la « nouvelle
vague française » commence à faire du bruit. Il y restera deux ans (1965 à
1967) à passer l’essentiel de son temps à voir des films à la Cinémathèque
francaise (voyant 2 à 3 films par jour) et à lire les Cahiers du cinéma. Il y rencontrera André Bazin, mais surtout, il découvrira des
films qui le boulversent (Viridiana de Luis Buñuel sera son premier
choc cinématographique, mais aussi les films de Jean-Luc Godard et le Gertrud de Dreyer) et
voudra alors chercher à rendre un choc cinématographique semblable. Le germe
cinéphilique est alors semé et Pelayo rentre en Espagne en 1967 avec près de
1000 films regardés en cinémathèque.
tournage de Manuela (1975)
Le régime politique n’aidant pas au
dévelloppement de son désir d’être cinéaste, il laissera ses ambitions de
cinéaste de côté le temps d’ouvrir en 1967 une boîte de nuit, le Don Gonzalo,
et développera plutôt sa première passion qu’est la musique. Pelayo se fera
plus tard producteur de musique et innovera avec une rencontre entre le flamenco et le
rock psychédélique. C’est à la suite de la mort du général Franco et de son régime
peu de temps après que Gonzalo Garcia Pelayo se lance vraiment dans le cinéma
avec un premier long métrage, Manuela (1975).
Son film le plus facile d’approche et le plus classique, a été aussi le seul à
avoir été populaire en Espagne. On dira plus tard qu’il aura certainement
influencé Luis Buñuel à faire Cet obscur objet du désir (1977) (film dans lequel on retourve l’acteur Fernando Rey qui se retrouve
aussi dans Manuela). Cependant, les gens ne
voient pas le deuxième niveau de lecture du film et Pelayo s’en désole. Il
décide alors d’aller droit au but pour son prochain film et dire ce qu’il
voulait vraiment dire en ne se mettant aucune barrière. Il en sortira son
meilleur film, Vivir en Sevilla (1978). Après seulement
quelques présentations en festivals espagnols, le film
ne sera compris ni de la population, ni de la critique. Pelayo réalise tout de même
trois autres films par la suite qui seront eux aussi à peine présentés, sans
succès et rapidement tombés dans l’oubli.
Il quittera le cinéma avec l’arrivée du
Parti socialiste ouvrier espagnol (1982-1996). À partir de ce moment, Pelayo se
concentrera sur la production musicale et télévisuelle jusqu’à ce qu’il se
découvre une passion pour le calcul de probabilité et la roulette. Avec l’aide
de sa famille, Pelayo découve les failles de certaines roulettes en parcourant
les casinos et exploitera cette faille en développant un système de calcul des
probabilités qui le rendra riche. Un court documentaire vidéo résumant
l’histoire se trouve sur youtube :
Un film de fiction relatant ses exploits à
ce sujet a aussi été fait en 2012 : The Pelayos d’Eduard Cortés. C’est d’ailleurs surtout pour cet exploit que le nom de
Gonzalo Garcia Pelayo était connu.
Ce n’est que depuis quelques années que des
critiques (tel Álvaro
Arroba qui plaça pour la
revue Sight and Sound le film Vivir en Sevilla dans son top 10 des meilleurs films) et historiens du cinéma espagnol sont revenus
sur son œuvre pour la revaloriser. Depuis, ses films ont fait l’objet d’une
rétrospective à la Viennale (Viena International Film Festival) en octobre
2013, ainsi qu’au musée Jeu de Paume à Paris en mars 2014. Ce soudain intérêt
pour ses films donnera un second souffle cinématographique à Gonzalo Garcia
Pelayo qui se lancera dans la réalisation d’un nouveau film (Alegrías de
Cádiz, 2013) pour le présenter à temps lors du
cycle lui étant consacré à Vienne. Depuis, des journaux tels Le New York
Times, Libération et Le Monde ont commencé à répendre la bonne nouvelle par leur enthousiasme
face à ce qu’ils ont vu. Cet enthousiasme a été contagieux pour nous et nous a
fait nous lancertête première dans le
visionnement d’un film que nous ne comprenions qu’à peine (le film ne se
trouvant qu’en espagnol sans sous-titre). De mon coté j’ai eu la chance de le
regarder avec une personne comprenant mieux l’espagnol ce qui m’a grandement
aidé à saisir toutes les particularités du film. Cet élan précipité nous a donc
fait découvrir un film remarquable qui respire la liberté et démontre
clairement qu’un cinéaste espagnol avait été trop rapidement oublié. Sa récente
redécouverte offira probablement une nouvelle sortie de ses films et,
espérons-le, une rétrospective en cinémathèque près de chez nous afin de
découvrir son œuvre dans les meilleures conditions. Nous nous sommes donc
penché sur son seul film disponible, Vivir en Sevilla.
Vivir en Sevilla (1978)
Tourné durant une importante transition
démocratique suivant près de 40 ans de dictature, Vivir en Sevilla est un film qui se veut une ode à la liberté. Liberté du peuple,
liberté sexuelle, liberté d’expression, liberté cinématographique. Il a
d’ailleurs été tourné de façon totalement indépendante. Son film (et son œuvre
de façon générale) témoigne d’une certaine Andalousie, d’une vie dans une
nouvelle Espagne en transition. C’est aussi une symphonie pour Séville et ses
habitants. Pelayo veut autant
rendre compte que s’interroger sur les relations humaines, d’un point de vue
amoureux et sexuel, en les ancrant dans le contexte social et politique
particulier dans lequel l’Espagne se trouve alors. Suite à plusieurs années de
répression culturelle, artistique et sexuelle, Pelayo renverse radicalement la
situation avec un film qui brise les conventions cinématographiques alors en
place en Espagne. Les influences de la « nouvelle vague française »
(Godard particulièrement) se font sentir mais les gens qu’il filme et leur
réalité en font un film totalement espagnol. Avec un optimisme païen et une
volonté de montrer l’érotisme sans culpabilité, il racontera l’histoire d’une
relation entre Ana et Miguel. Nous suivons donc l’évolution de cette relation, sa rupture et son
renouvellement. Cette histoire sera aussi un parallèle de la relation du peuple
espagnol à son pays, qui se sépare un temps, pour mieux se retrouver. La
politique est d'ailleurs toujours dans le film, tantôt à travers une conversation ou un
entretien, tantôt dans une image de manifestation en arrière plan.
Au niveau de la forme, le film est en deux
parties qui sont séparées par un intermède musical, une danse de la fierté. On
y passe régulièrement du documentaire à la fiction. On place souvent du texte à
l’écran. On insère de la narration pour commenter ce qu’il y a à l’écran (par
moment à la manière du film Moi un noir de Jean
Rouch, par moment à la manière de Godard). On y trouve occasionnellement des
brisures de ton. Il y a donc un mélange de genres et de formes à travers l'image et le son. La musique y
tient un rôle essentiel puisqu’elle fait partie intégrante du scénario. C’est
d’ailleurs toujours à partir de pièces musicales et de leurs paroles que Pelayo
s’inspire pour écrire un scénario. C’est le point de départ. Ensuite viennent
les images. Le film est aussi une célébration de la musique, du verbe et de la
voix. Au final, Vivir en Sevilla dresse le portrait d’une société qui s’ouvre sur les
nouveaux horizons offerts par la démocratie. Pelayo filme la vie qui renait en
montrant le désir. Un hommage à une ville et ses habitants.
Hommage à une ville et ses habitants, ode au désir : Vivir en Sevilla (1978)
Gonzalo Garcia Pelayo a donc fait un cinéma
de transition. Transition politique mais aussi transition cinématographique.
C’est maintenant que ses films se font redécouvrir qu’on lui reconnaît des
liens vers les cinéastes espagnols qui lui ont suivi. Il aura su construire une
œuvre qui a été la transition vers un nouveau cinéma espagnol alors naissant.
-David Fortin
En bonus pour les intéressés:
Un
entretien vidéo récent (et fort passionnant) avec le cinéaste qui a été fait
lors de la rétrospective à Paris. :
Nous aborderons dans cette édition la relation ambiguë qu'entretient la culture québécoise avec figure du Super-héros (et le comic-book par extension). La forme par...ticulière et parodique que nous donnons à nos (super) héros nationaux. Mais le thème ne s'arrête pas là: on peut-veut aussi parler de Super-héros d'origine québécoise pour étayer, 2 invités de tailles: Jean-Dominic Leduc, qui vient de publier DEMI-DIEUX, 40 ans de super-héros dans la bande dessinée québécoise ainsi que Benoit Godbout: Bédéiste, co-créateur des "L'académie des chasseurs de prime" et d'un projet à venir de comics de super-héros québécois avec bibi à la scénarisation, "Le Chat et la souris" (cliquez ici pour en savoir plus!)
Le cinéphile pourra utiliser les arcanes majeurs du Tarot de la Lanterne Magique pour orienter sa méditation par le biais de symboles qui lui sont familiers, qui sont proches de sa sensibilité post-moderne et donc, possédant de plus amples résonances dans sa conscience. Vous pouvez écouter nos émissions sur le Tarot ici-même.
ARCANE 2-LA PAPESSE.
La papesse est le premier conseiller de l'histoire du Tarot. Souveraine, ancienne, vénérable, statuesque (rappelons que la Maria de Metropolis est l'inspiration de la statuette des Oscars). Elle représente l'intuition féminine, le savoir occulte, les secrets anciens, l'inconscient. Elle cache sa véritable nature et révèle la vôtre. Mais elle est aussi mensonge et déception, simulacre. Comme la Maria de Metropolis, nimbée et auréolée de certains mensonges, elle est inspirante mais elle peut aussi impliquer le danger d'aller trop loin dans la quête du savoir et de s'y perdre, un excès d'intériorité. Dans notre Tarot, nous opposons sa nature à celle de l'Impératrice, chaleureuse et maternelle mais parfois sans profondeur.
À la troisième émission de Pop-en-stock podcast, une analyse multi-angle du phénomène de société qu'est GRAND THEFT AUTO 5. Au delà de l'importance du jeu, GTA5 est révélateur de profonds changements dans les pratiques vidéo-ludiques des "gamers", des mutations de l'industrie et d'un paradigme culturel qui ne cesse de prendre de l'ampleur...
Retrouvez pour notre émission no.2. de Pop-en-stock podcast sur Sherlock Holmes et la place particulière qu'il occupe dans le panthéon de la culture populaire. En compagnie de Sarah Grenier-Millette, on parle cette semaine des multiples incarnations du personnage.
Télé, cinéma, comics, pastiches, les grandes adaptations,les mutations. The game is afoot!
Au menu de la toute première émission radio de Pop-en-stock ; la genèse du projet et la relation symbiotique particulière qu'occupera ce podcast avec le portail. Aussi, on vous présente nos chroniqueurs qui se sont prêtés à un désuet exercice: parler d'eux-même par le biais d'un objet ou d'une œuvre fétiche (Comme jadis, à la entrée, mais de manière infiniment plus inquiétante).
Guy Maddin et l'élan expressioniste. Loin d'être un esthète éthéré et obsédé par le passé et la référence, le 7ème est d'avis que l'esprit du cinéaste canadien est l'authentique vestige d'une époque révolu, un cinéaste "steampunk déraciné d'un passé futuriste qui n'existe plus et qui n'a jamais existé. You feel me?
Bush Christmas VS The Kate Bush Christmas special.
Notre traditionnelle emission de fin d'année; des suggestions de films de Noel atypiques. Cette annee, il est question de passer Noel bien au chaud dans le bush...avec Kate et des enfants australiens qui crèveraient 30 fois s'il n'avaient pas l'aide d'un brillant petit aborigène qui n'a rien à foutre de Noël. Bon temps des fetes les aminches.
Des sauvages sans conscience. Des âmes nobles en harmonie avec la nature qui jamais n'esquisse le moindre sourire. Des guerriers suprêmes et connectés de manière symbiotique à l'environnement. Des alcooliques violents.
Pour le québécois cinéphiles que je suis, citadin n'ayant jamais fréquenté d'autochtones, voilà les pléthores de clichés racistes que je suis habitué de me faire servir par la culture de masse, particulièrement le cinéma. C'est un phénomène assez fascinant que l'"indien sur pellicule" (Je cite ici le titre du bouleversant documentaire de Neil Diamond, Reel Injun, qui sert largement de base de réflexion pour notre émission cette semaine.) L'indien de pellicule est au final un personnage fantasmé de toute part par le blanc, inventé de toute pièce par nos perceptions tronqués de ces cultures diversifiées et "élusives". Ce sont LES INDIENS, sans trop de distinctions par rapport aux tribus, au langage, aux coutumes, c'est un groupe monolithique d'individu qui sont tour à tour la menace suprême et l'éternelle victime.Les grands indiens du cinéma n'en étaient la plupart du temps pas du tout.
Je suis curieux de savoir jusqu'à quel point mes perspectives des cultures autochtones ont été affecté par le cinéma, possiblement même sous la forme d'une admiration frôlant le racisme par inversion. J'ai tout fait pour ne pas tomber dans ce piège et pourtant, je suis certain qu'à un niveau inconscient, j'ai été néanmoins influencé. La preuve: je n'ai pas été insulté par les NA'Vis, ces indigènes bleus du film Avatar. Pour moi, ils étaient la continuation directe de tous les clichés positifs gravitant autour des autochtones du cinéma, poussé au paroxysme.
Cette semaine au 7ème, L'indien de l'écran: les clichés, la perspective des amérindiens sur leur image, les acteurs qui joue des Indiens et qui n'en sont pas, les films les mettant en vedette.