vendredi 21 septembre 2012

Notre émission du 20 septembre: Céréales et celluloïd-Le petit déjeuner des champions-The Road to Wellville

Pour écouter cette urgente émission, vous pouvez CLIQUER ICI...

Cette semaine, le 7ème antiquaire fera l'émission la plus vitale de sa prolifique existence. Notre volonté de tisser des entrelacs complexes mais précis de liens improbables tout en restant pertinents nous entraîne aujourd'hui dans un terrain pour le moins croquant et visqueux à la fois. 
Le cinéma et les céréales ont une évolution parallèle et un insidieux partenariat. De cette volonté initiale de nourrir le corps et l'esprit, ils sont désormais devenus les outils du charlatan pour proliférer et devenir ces explosions de couleurs vides qui donnent mal à la tête et qui dominent le marché... Mais impossible d'y résister...Essayer de comprendre cette relation, c'est mieux percevoir ce qui cloche dans notre civilisation...

ARRÊTEZ DE RIRE!

Ce n'est drôle qu'en surface. Le sujet est beaucoup plus grave qu'il n'y parait de prime abord. Oh que oui! Les céréales sont le vecteur de tramautismes personnels non négligeables certes (voir ce petit vidéo explicatif ici même), mais je suis convaincu que les différentes marques arborant des mascottes qui pullulent sur le marché sont en fait d'insidieuss forces totémiques qui ont la fonction de régulateurs du statu quo, d'équarisseur idéologique et d'outil de  vénération de notre passé de colonisateur.
Néanmoins, comme de nombreux cinéphiles américains avec un appétit pour la junk, le nombre d'heures que nous avons passé devant du mauvais cinéma en mangeant un bol de froot loops poisseux est incalculable. Nous savons forcément de quoi il en retourne.
Cette semaine donc, quelques évocations de traumatismes infantiles directement connectés à la consommation de céréales et de films (et le mien ne parle pas de Sugar Crisp, c'est promis)...


...une analyse des céréales basées sur des franchise de film...

Sur la boîte de céréales de BATMAN, on peut lire qu'elle ne contient pas "d'huile des tropiques". Fioou. Ca sonne vaguement louche, de l'huile des tropiques...
...nos meilleures scènes de céréales au cinéma...



Une petite toune de Diane Juster et pour finir, une analyse de fond de ce qui est sans contredit pour les céréales ce que "There will be blood" était pour le pétrole, "The Road to Wellville" d'Alan Parker.
À mi-chemin entre P.T Anderson,Terry Gilliam et Mel Brooks, avec une sensibilité burlesque grosse comme ça, truffé de blagues d'anus aux 15 secondes, tapissés des seins mur à mur et avec un Anthony Hopkins hystérique qui joue un Kellogg qui abuse des Frosted flakes, il est absolument impensable que cette comédie parfois surannée, souvent indigeste ne soit pas LE film culte des amateurs de céréales.
En fait, en tant que film improbable sur un sujet qui n'intérèsse personne réalisé avec inspiration, on ne peut pas faire mieux que "The road to Wellville"
 Et surtout n'oubliez pas les aminches, les céréales, comme le cinéma, ne sont QU'UNE partie d'un petit déjeuner complet!





jeudi 13 septembre 2012

Notre émission du 13 septembre: Rondo Hatton, le golem de chair

Pour écouter cette émission, cliquer ICI.
Après de nombreux hiatus, les fruits confits du hasard et autres chamboulements existentiels nous réduisant à raréfier notre présence sur les ondes binaires et encore plus sur ce blogue, nous sommes, les aminches, si j'ose le dire, de retour...pour de bon.
Nous sommes de retour cette semaine avec une émission dont nous tiraille depuis longtemps, un hommage au comédien Rondo Hatton et à son personnage du Creeper.

Appelé à passer à l'histoire, la cruauté du hasard n'aura permis que partiellement la consécration de l'acteur et chez une frange "spécialisée" de la cinéphilie seulement. Pourtant, Hatton et son Creeper mérite une reconnaissance qui transcence les genres cinématographiques. Il est une créature de cinéma à part entière.
Pour les néophytes: Hatton était atteint d'un cas sévère d'acromégalie, un problème hormonal qui déforme les mains, les pieds et particulièrement le visage.  La vie de Rondo fut brève. Il ne passera pas la cinquantaine. Il connut la guerre  et un amer succès en devenant le malabar de service dans une quantité de films de série B dans lesquels il n'était que rarement crédité. Homme-singe, malfrat, fier-à-bras; la totale.
Jusqu'à ce qu'il donne naissance au tueur-étrangleur nommé The Creeper, le temps d'une aventure de Sherlock Holmes ("The Pearl of Death", 1944, avec l'éternel Basil Rathbone dans le rôle du détective). Il le jouera canoniquement dans deux autres films (trois pour les non-puristes). A star was born...mais l'étoile brûlera le temps d'une comète. Ces deux films, Rondo n'aura jamais le temps de voir en salle avant sa mort, nais sa présence silencieuse, sa démarche lourde et sa voix caverneuse n'allait pas sombrer dans l'oubli.
Impossible de ne pas voir chez The Creeper le vestige des grands monstres de l'expressionisme allemand. Il en est même en quelque sorte la synthèse. Si la Universal grappillait alors allègrement des méthodes et des thèmes chez les maîtres germaniques, c'est avec les films qu'elle produisait le mettant en vedette  que le tout devenait d'emblée flagrant.  À la fois Césare, le tueur de "M" et le Gwynplaine de "L'homme qui rit", le Creeper a beau être un des premiers tueurs en série de l'histoire du cinéma (il est même l'exemple type du proto-slasher, n'ayant besoin que de ses mains pour tuer), il est aussi l'esclave de sa propre nature. Il ne peut s'empêcher d'étrangler les femmes et de briser la colonne des hommes. Comme le somnambule du "Cabinet du docteur Caligari", le Reinfield de "Nosferatu" et la Maria de "Metropolis", il est cet individu robotisé, réduit à la servitude par un despote manipulateur, une mise en garde contre la démesure et la mégalomanie des dirigeants. Un golem de chair, cruellement sculpté par la vie.
Volontairement ou non de la part des réalisateurs, à mesure que le Creeper évoluait, plus son histoire se confondait avec celle de Rondo; le thème de l'exploitation du monstre par un maître devenait indissociable de celle que connaissait Hatton au sein des studios. Il aura "choisi" de se laisser exploiter, ne voyant pas d'autres options. En ce sens, les deux derniers films réalisés en 46 juste avant sa mort, "House of horrors" et "The brute man", exercent un pouvoir de fascination supplémentaire. Certes, ce sont des films beaucoup plus subtils qu'ils n'y parait de prime abord mais on y voit aussi le début et la fin d'un envol. Des lors, il est impossible de ne pas y voir une manière de prophétie. Celle d'un homme dégouté de lui même mais dont la cage de chair sera aussi le seul refuge.
Depuis, le visage de Rondo est célébré dans une pléthore de médium. La culture populaire a su lui rendre l'hommage qu'il méritait. Il fut le méchant Lotharo dans "The Rocketeer",
Il est le "véritable" visage de Judge Dredd...
...et une statue porte désormais son visage, le Rondo Hatton Classic Horror Awards, un prix remis par un vote de public aux  gens oeuvrant dans le milieu de l'horreur.

Cette semaine, Rondo Hatton, une analyse de ses films, une évocation de sa vie, une célébration de l'homme.