BATTLES WITHOUT HONOR AND HUMANITY (1973) de Kinji Fukasaku au 7ème
Antiquaire aujourd'hui. Pour notre couverture des films rétro du
Fantasia International Film Festival, cette semaine on plonge dans
l'univers du crime organisé au Japon. Mais outre les yakuzas, Fukasaku
dresse surtout un portrait du Japon d'après-guerre, ainsi qu'une
critique sociale, politique et économique de son pays.
FESTIVAL FANTASIA 2015 : GENRES DU PAYS. On reçoit Marc Lamothe,
co-directeur du Fantasia International Film Festival pour nous parler de
la section "Genres du pays". Nous allons explorer ces films de genre
québécois que sont les rares "La LUNULE (1973)", "LES YEUX ROUGES
(1982)", "MONTRÉAL BLUES (1972)" et bien sûr le sulfureux SCANDALE
(1982).
KUNG FU KILLER (Kung Fu Jungle / Yi ge ren de wu lin), de Teddy Chan, 2014.
On y suit l'enquête d'une policière qui doit faire équipe avec un ex-entraîneur en arts martiaux (résidant maintenant en prison) afin de retrouver un tueur en série qui s'attaque aux experts en kung-fu.
Avec une histoire plutôt convenue, le réalisateur Teddy Chan
(Bodyguards & Assassins), qui co-signe aussi le scénario, a eu
l'idée de faire un film qui rend hommage à l'art martial par excellence
en chine, le Kung Fu. Il réussi en partie en y démontrant plusieurs styles de combat tout au long du film. De plus, chaque scène a aussi droit à son caméo de
producteurs et réalisateurs ayant marqués le genre dans le cinéma
chinois. Des légendes du Kung-Fu ou du Wu Xia Pian, des films de la Shaw
Bros aux films de King Hu, apparaissent donc régulièrement dans le film
de Chan. L’enquête quant à elle, ne sert qu’à placer des ponts entre
les scènes de combats.
Malgré cette idée de départ intéressante, Teddy
Chan se contente d'enchaîner les scènes de façon bancale et va même
jusqu'à rajouter de la mièvrerie au scénario par un mélodrame inutile.
En effet, plusieurs scènes de souvenirs qu’a le tueur des derniers
moments vécus avec sa femme décédée d'une maladie semblent servir de
motivation à ses actes meurtriers sans vraiment apporter du contenu
d’intérêt à l’histoire ou même faire de sens. Dommage qu’une entreprise
qui veut rendre hommage au Kung Fu, tant le genre cinématographique que
l'art martial lui-même, soit pris dans un emballage aussi fade.
Cependant, les amateurs du genre pourront tout de même apprécier les
scènes de combats qui sont plutôt bien chorégraphiées,
particulièrement le combat final se déroulant sur une autoroute où
Donnie Yen et Baoqiang Wang s’en donnent à cœur joie dans un combat au bô (pôle de bambou). On aurait aimé que tout le film soit aussi inspiré que
cette scène.
"ON APPRIVOISE PAS LES CHATS SAUVAGES" (comme disait l'autre)
Mélanie Griffith apprend à ses dépends qu'on apprivoise pas les chats sauvages
ROAR ! "le film le plus dangereux jamais tourné : aucun animal ne fut
blessé... 70 membres de l'équipe de tournage le furent". Pour débuter
notre couverture des films rétro du Festival Fantasia, on vous parle
aujourd'hui de la ressortie d'un film oublié de 1981 qui comprend
Melanie Griffith (tsé), sa mère Tippi Hedren (The Birds), le caméraman
Jan de Bont (Speed) et environ 130 lions, panthères, tigres, guépards
sauvages qui les poursuivent et les attaquent pendant 1h30, le tout
supervisé de façon totalement irresponsable par le père (et réalisateur)
Noel Marshall qui tente de prouver sans réussite qu'il sait comment
gérer des félins sauvages pour les besoin d'un film... et pour prouver
que la cohabitation avec les humains c'est possible. C'est beau la vie
quand on est naïf dans les années 70.
Admirrez la différence de marketing du film au Japon et en Angleterre:
The Hallow (aussi intitulé The Woods) est un film qui se rapproche du film d'épouvante en forêt ayant fait les beaux jours des années 80. Un couple s'installent avec leur nouveau-né dans une maison de campagne irlandaise. Le mari y travaille à l'investigation d'une maladie qui s'attaque à certains arbres du coin, au grand dam des habitants du village qui voient dans cet acte un outrage à leurs averstissements. En effet, ces villageois croient en une force surnaturelle, ancrée dans leur mythologie locale, qui réside dans une partie de la forêt sous la forme de créatures devenant menaçantes si l'humain ose s'aventurer sur leur territoire. Le réalisateur Corin Hardy (le vidéoclip en stop-motion Warrior's Dance du groupe The Prodigy) s'efforce de donner un look "old school" à son film en n'utilisant essentiellement que des effets pratiques et mécaniques (maquillages, latex, animation image par image, etc.) en ayant le moins possible recours aux effets numériques (CGI) trop souvent utilisés dans le cinéma d'horreur des dernières années. Hardy ayant très jeune expérimenté avec la création de monstres et l'animation image par image pour des films super 8 semble trouver son aise dans ce projet. Le film est visuellement bien photographié par Martijn Van Broekhuizen qui sait créer une atmosphère mystérieuse par ses images nocturnes de campagne brumeuse en Irlande. Malgré l’aspect convenu du synopsis, plusieurs bonnes idées de réalisation parcourent le film et donnent des scènes inventives et efficaces d'effroi. Outre l'idée intéressante de faire naître la menace d'une bactérie végétale qui se propage sur les arbres, le réalisateur la fusionne à un mythe irlandais. De plus, il mise beaucoup sur la suggestion dans la première moitié de son film et le suspense y gagne beaucoup. Cependant, le film se perd en fin de parcours où on y mélange des développements d'intrigue superflus qui ne font que semer de la confusion et rallonger le film de plusieurs minutes de trop. Sans réinventer le genre, The Hallow reste un film d'horreur efficace qui sondes les sources moléculaires du film de peur en forêt.
Demain à 17:30 , le festival fantasia présentera The Reflecting Skin de Phillip Ridley, une version restaurée en 2K. En ce qui concerne le 7ème antiquaire, c'est LE grand événement du festival. Ridley fait partie de ces réalisateurs cultes dont le plus grand film reste encore un espèce de songe qui oscille vers l'oubli, une rumeur entrevue par des cinéphiles-chasseurs en recherche de cette expérience qui aurait pu échapper à leur vigilence. La possibilité, hautement improbable au demeurant, de voir le film dans une meilleure condition que celle de sa sortie tient du mindfuck. Certes, nous ne sommes plus à une époque où les films sont introuvables. TOUT se trouve à qui veut s'investir. Mais The reflecting skin en salle, dans une copie digne de ce nom, c'est la possibilité de vivre un choc sensoriel rare, un rendez-vous manqué sur deux générations. En 2010, Fantaisia projetait Heartless, le premier film de Philip Ridley en presque 15 ans. Pour la plupart des festivaliers, c'était la découverte de cet artiste multidisciplinaire faisant du cinéma en dilettante. Avec le recul, il semble évident que ce dernier film ne constitue pas une introduction appropriée pour les néophytes; il en a laissé plus d'un de glace et même notre critique à l'époque (que vous pouvez lire en cliquant ici) se portait plus à sa défense qu'il tente d'en vanter les mérites.
Ce serait une chose terrible de condamnerRidley pour les maladresses de son dernier film. Seul et unique incursion dans un contexte urbain (il filmait pour la première fois chez lui, à Londre), ses deux films précédents avaient pour contexte le deep south américain. En fait, tout semblait indiquer que Ridley deviendrait le chantre du sous-genre du Southern Gothic. Ses deux films précédents, The Reflecting skin et The Passion of Darkly Noon réinventaient littéralement ce genre encore à définir. Ce sont également des films qui ne vieillissent pas, qui n'ont aucun des tics clinquants et urbains de son dernier. Nous sommes dans le monde du conte initiatique, le versant sombre des mythes à l'américaine
En ce sens, Ridley est un conteur au sens le plus pur de terme qui utilise à grands coups de fouet les mécanismes du mélodrame. Or, il est clair qu'il y a une volonté chez lui de faire du "mélodrame décalé", (on pense bien sur à Lynch), avec de forts accents fantastiques. C'est une notion que nous avons largement couvert dans notre critique de son dernier film et qui est essentielle pour apprécier son cinéma.
Voici une entrevu avec vos serviteurs menée par les bons soins de Gwen Boul pour l'excellent site français TRYANGLE. On peu crever des maintenant. Tout est là. Merci
Les gens du Tryangle m’ayant dit de faire court, le 7e Antiquaire est un podcast (ou programme de baladodiffusion, histoire de rendre grâce à la francophonie) consacré au cinéma oublié et animé par deux érudits québécois aussi frappés qu’attachants. Pratiquant à merveille des rituels issus de la magie du chaos, ils vous retourneront le cerveau et vous ne regarderez plus vos films comme avant.
Continuant son exploration des médias internet, votre serviteur, dans un accès de folie qui lui est propre, a eu l’idée d’aller voir ce qui se passait du côté de la Belle Province. A l’heure où les barrières physiques s’envolent, pourquoi en effet limiter son chant d’action à notre sphère franco-française alors que la musicalité et la jovialité québécoises peuvent nous retourner le cerveau et les idées d’une si belle façon que Le 7e Antiquaire ? Ce papier aurait pourtant dû être écrit il y a bien des mois déjà. Quand j’étais encore plongé dans une transe extatique à l’écoute du Dynamic Duo composé de Francis Ouelette et Jean-Michel Berthiaume (rejoints il y a quelques mois par David Fortin), animateurs de l’émission. L’enthousiasme à son apothéose, j’aurais pu transmettre ce flux audio occulte sous une forme moins paresseuse.
Oui mais voila, attendant d’avoir l’avis des ces trois charmants animateurs hyperactifs, puis happé ma folie graphique, j’ai laissé traîner les choses. Heureusement je pouvais compter sur ma culpabilité judéo-chrétienne et mon âme de justicier pour arriver finalement à pondre un texte vantant les qualités indéniables de ce site.
Non content de nous faire découvrir des films peu ou pas connus, à l’image du travail des repackeurs de VHS sur le défunt site La Caverne des Introuvables, ce podcast est une expérience proprement magique. Un rituel où, après avoir ingéré un bol de céréales multicolore et saturé en sucre, les animateurs sniffent les émanations de pellicule brulée afin de sonder les mystères de l’Univers.
Au début, l’auditeur comprend difficilement leurs incantations (les esprits chagrins s’arrêteront au ridicule supposé de l’accent québécois, les autres y verront un amour de la langue française et une musique incomparable). Mais, avec un tant soit peu d’attention, il sera charmé, ou plutôt ensorcelé comme le hurle Screaming Jay Hawkins durant le générique, par la complicité de ces érudits de la culture populaire. Car la voix profonde et chaleureuse de Francis Ouelette, suivie par celle, mi-shaman mi Tom Waits, de Jean-Michel Berthiaume vous forceront à vous asseoir confortablement, une bière fraîche à la main et un sourire béat aux lèvres le temps d’une émission.
Au fil des échanges entre Franck et Jim, l’auditeur tombe parfois sur des sentences aussi étranges que définitives. En voici un petit florilège.
– « L’apocalypse, c’est un massage des pieds cosmique. » – « Il y a un degré de séparation entre Heidegger et Ben Affleck. » – « Les céréales le matin, c’est mon camp de concentration personnel. » – « Ce vidéo-club il est au 36 Ontario Street. C’est juste en face de Sherley, celle qui ote ses dents pour sucer. » – « Les enfants c’est comme Nyarlathotep : le chaos rampant. »
Définir ce qui fait l’alchimie si particulière du 7e Antiquaire n’est pas chose aisée. Il faut s’appeler Carlos Casteneda pour pouvoir retranscrire fidèlement une telle expérience psychédélique, qui pis est quand on est redescendu puis passé à d’autres trips depuis.
Bien entendu il y a un enthousiasme pour la cinéphilie des marges, le plaisir d’en apprendre toujours plus sur le 7e art et ses enfants cabossés. Mais ce n’est pas seulement cela qui vous fait vous enquiller toutes leurs émissions comme votre serviteur l’a fait.
L’élément déterminant est le privilège d’assister à une conversation entre deux amis. Observer comment leurs deux esprits, via la forme du dialogue antique, tissent une toile autour d’un thème particulier. La façon dont les motifs se répètent au fur et à mesure des émissions. Apprécier la musicalité syncopée, jazzy, de la langue québécoise, ponctuée d’onomatopées, de cris et de fous rires de Jim et Franck. Voir s’entrechoquer des mèmes a priori dissemblables puis ressentir l’illumination dans la voix des animateurs quand ils s’emboîtent parfaitement.
Le 7e Antiquaire c’est donc certainement plus qu’une émission sur le cinéma. C’est un point de convergence entre ce dernier et l’occultisme, l’érudition, la philosophie, l’humour et l’amitié. Un mot, elle est donc indispensable.
Ce goût pour la transversalité, qui m’est si cher, se retrouve d’ailleurs sur l’autre site où officient ces adeptes de la chaos magick :Pop-en-stock. Ouvrant son horizon à toutes les formes de culture populaire (cinéma bien sûr mais aussi séries télévisuelles, musique, littérature ou BD), le site réussit le pari de traiter ces sujets avec un respect universitaire, sous la forme d’articles ou de podcasts.
Je pars ici dans une partie éhontément subjective et basée sur des impressions personnelles mais la France reste encore grandement construite sur les normes, les cases. Scientifiques d’un côté, littéraires de l’autre. Basse culture d’un côté, haute culture de l’autre. Et j’en passe. Tout cela évolue heureusement, avec par exemple les très bonnes conférences du Stunfest, qui abordent le jeu vidéo sous un angle universitaire (et que vous pouvez revisionner sur le site Nesblog), ou le Centre de recherche sur l’imaginaire à la faculté de Grenoble, mais nous avons encore du boulot dans ce domaine.
Comme l’explique un peu plus bas dans son interview Francis Ouelette, la position intermédiaire du Québec, entre héritage français et attrait actuel de la culture américaine, me semble permettre une plus grande élasticité d’esprit. Poser un regard critique, distancé, universitaire, sur les objets et phénomènes culturels les plus récents ou frivoles (Mon Petit Poney, 50 nuances de Grey) ou aller fouiller dans la culture classique pour y trouver les origines d’une figure populaire (Frankenstein, Sherlock Holmes).
Dire que le Québec en entier est ouvert à cette gymnastique mentale me semble présomptueux mais il convient de souligner un élément important : à savoir que Pop-en-Stock est développée au sein de l’excellente radio Choq.ca, elle-même installée à l’Université du Québec à Montréal (Uqam). Faculté où existe, depuis 1999, Figura, le centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Il n’est donc pas improbable que cette approche respectueuse de la culture populaire ait influencé les créateurs de la radio ainsi que leurs animateurs.
Si des Québécois, des Français expatriés ou toute autre forme de vie intelligente se sent l’énergie de conforter ou démonter cette opinion, n’hésitez donc pas à intervenir dans les commentaires. Quant à moi je laisse la parole à Francis Ouelette qui, avec sa si belle prose, vous en dira plus sur son travail et son approche.
L’ENTREVUE DU TRYANGLE
LE TRYANGLE. Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques lignes ? FRANCIS : On me nomme Francis Ouellette…A part ceux et celles qui me haïssent, qui ne me nomment pas. Comme le diable. Ils me disent « HÉ TOI? Je ne t’aime pas. Je ne te nommerai pas ! ». Je n’en ai cure. Bien fait pour eux. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi certaines personnes ne m’aiment pas, cela dit. Après tout, malgré mes 38 ans, j’ai le cœur d’un enfant de 5 ans, la libido d’un vieux dégueulasse de 72 et j’ai le physique rassurant d’un Bisounours croisé avec un boxeur raté qui prend du bide. WHAT’S NOT TO LOVE???
J’ai fait quelques études… Assez piètrement d’ailleurs. Un Bac en littérature et un certificat en scénarisation. Pendant mon Bac, j’ai volé à la bibliothèque une copie de Onzes milles verges (NDR : de Guillaume Apollinaire). Je me suis touché dans les toilettes en le lisant. Je l’ai gardé en souvenir de ce moment déterminant. Je n’ai pour ainsi dire rien retenu d’autre de ces études. Jim est le scolarisé de notre duo dynamique. Ce qui explique sans doute pourquoi j’ai été tour à tour clown, agent de sécurité, commis de club vidéo, Père Noël de centre d’achat, intervenant et garde du corps. Je suis littéralement un personnage de roman de Chuck Palaniuk. En ce moment je suis le directeur général d’une solide maison de distribution de cinéma Funfilm Distribution. Sokourov, Jodorowsky, Tarr, Depardon, Pahn, Dumont et la crème de la crème 35% du cinéma de cheu nous. On gagne des prix. Ça va bien. Je me suis retrouvé là-bas avec de la chance, une grande gueule et des heures sup qui n’en finissaient plus. J’aime bien ce que je fais. C’est un boulot qui demande pas mal d’huile de bras de ma tête. Pour cette raison, mes activités sur le net se limitent à Pop-en-stock et le 7ème antiquaire. C’est assez. C’est même trop.
Pouvez-vous nous présenter les sites Pop-en-Stock et le 7e Antiquaire. Depuis quand sont-ils actifs et quels sont leur ligne éditoriale ? Avez-vous une idée du nombre de podcasts enregistrés tous les deux depuis la création de ces sites ?
Avec plaisir. Il faut répondre à ces trois questions en rafale. Il convient de commencer avec le 7e Antiquaire. Voilà le topo. Jean-Michel Berthiaume, alors étudiant à l’Université du Québec à Montréal (Uqam) – il l’est encore-, décide de lancer en 2006 le bal d’un podcast de 30 minutes où il déblatère sur un vieux film, un truc inconnu ou oublié ou un réalisateur passé de mode qui ne méritait pas ça. À cette époque, nous sommes des colocataires et un grande part de nos vies gravite autour du cinéma, de la littérature, de la bande-dessinée, du jazz, de l’occultisme et de la folie contrôlée et passagère. On boit beaucoup, dort peu et on travaille ensemble dans un club vidéo où nous terrorisons et fascinons la clientèle. Parfois, on baise avec des dames et l’autre voit tout parce que ce qui sépare nos deux chambres est une bibliothèque ouverte. Jeunes, insoumis et fougueux, nous étions. Et puis un jour sans crier gare, Jean-Michel me demande de faire une émission avec lui. J’en fais quelques unes et on passe rapidement à un format d’une heure. Neuf ans plus tard, ce podcast aura donné plus de 322 épisodes, un site web tombé en désuétude qui a eu quelques heures de gloire (mais qui retrouve un peu de son souffle depuis qu’un troisième membre s’est ajouté à l’équipe, le rigoureux David Fortin, croisement de fortune entre Jeff Goldblum et Douglas Fairbanks. Le gars était fan de l’émission, il est devenu un ami, un frère et finalement, un animateur de radio). Nous avons mené des entrevus avec des réalisateurs comme Philippe Grandrieux et Richard Stanley, torturé quelqu’un en onde, donné des cours à l’université, contribué à des revues et nous nous sommes fait des grands amis. On a même confectionné un jeu de Tarot qui utilise des archétypes du cinéma. Oui, ouiii.
Les animateurs du 7e Antiquaire Jean-Michel Berthiaume, Francis Ouelette et David Fortin ainsi que leurs animaux totem respectifs.
Initialement, le 7ème était la continuation d’un projet d’amitié entre Jean-Michel « JIM » Berthiaume et moi. Il était question de poursuivre cet exercice intellectuel de découverte constante de l’objet-cinéma qui scandait nos journées, de s’écarteler la conscience à chaque semaine avec de l’ancien-nouveau, de l’archaïque et de l’archétype. Maintenir cette relation en quelque sorte. À chaque semaine, nous désignions un film, un réalisateur, une cinématographie et on plongeait dans l’œuvre de manière débridée. Ou alors, nous proposions une analyse aussi inédite que possible d’une œuvre archi consacrée, question d’en révéler certains mystères, d’extirper un tout autre champ de signifiant au film. Assez rapidement, c’est devenu autre chose et des tics se sont imposés : délires analytiques et interprétatifs, révérence quasi-religieuse de certaine œuvres et volonté constante de croire et de prouver que le cinéma peut changer une personne et en faire un dieu vivant (ou du moins, le révéler à lui-même). Certains films seront évoqués et analysés comme s’ils contenaient les plus grands mystères du monde. Des grands classiques seront analysés comme des « vulgaires » film de genre. Nous avons inventé et analysé des films qui n’existent pas, souffert physiquement et mentalement pendant certaine émissions, parlé de Raoul Ruiz comme de John Carpenter, de vieux films pornos comme de Méliès. Une chose demeure, c’est que le 7ème est un peu une émission de philosophie du cinéma. Je dirais aussi que cette émission est une des plus grandes aventures intellectuelles, émotives, mystiques et professionnelles que j’ai entreprises dans la vie. Et aujourd’hui, le duo est devenu un trio.
Pop-en-Stock est une toute autre bête, beaucoup plus grosse et vorace. Le projet initial est une initiative de deux professeurs d’université et auteurs, Antonio Dominguez Leiva et Samuel Archibald. Les accomplissements intellectuels et professionnels de ces deux pionniers en terre Québec sont trop nombreux pour que nous en parlions ici. Google sera votre ami. Ce sont des mentors malgré eux. Je vous mets le descriptif du projet ici-même parce que ça déchire et ça donne le ton : « Hybride, réflexive et changeante, la culture populaire contemporaine évolue à une vitesse qu’il est difficile d’appréhender avec les moyens de l’édition traditionnelle. Pop-en-Stock est une revue savante nouveau genre, conçue pour optimiser l’observation de la culture populaire en temps réel, en mettant à profit les avantages du numérique » ET TOC. Beaucoup d’analyses originales, érudites et pointues sur l’objet pop, parfois fort académiques, toujours fascinantes. Jean-Michel et moi avons tout simplement proposé au deux initiateurs du projet (il faut dire qu’ils étaient devenus des potes depuis) de nous laisser greffer une version podcast à leur site. Il était question pour nous de tergiverser de manière aussi rigoureuse que possible de cet objet élusif appelé « culture pop » : le comic-book, les jeux vidéo, le cyberpunk, Céline Dion (NDR : vous ne la regarderez plus de la même manière après cette émission), Lovecraft, My Little Ponies… You name it.
Il était aussi question de proposer des vulgarisations de certaines théories et analyses trouvées sur le site, de même que proposer les nôtres. En peu de temps, le podcast est devenu un collectif de collaborateurs qui se pointent quand le sujet proposé les intéressent et apportent leurs suggestions sur les thèmes à venir. Nous invitons souvent des étudiants et professeurs qui se spécialisent sur la question choisie. Nous avons depuis plus de 50 épisodes. Par ailleurs, Pop-en-Stock propose depuis peu une série de livres théoriques aux éditions De Ta Mère.
Avez-vous des collaborateurs réguliers dans vos émissions, et dans ce cas, pourriez-vous nous les présenter rapidement ? David Fortin, érudit documentaliste à la Cinémathèque québécoise est un des angles du triangle scalène du 7ème antiquaire. À Pop-en-Stock, outre nos grands chantres de la théorie pop-trash-intello-punk de haut-vol, Antonio Dominguez Leiva, véritable Buckaroo Banzai de la pensée et Samuel Archibald, Midas qui transforme en intelligence brute tous les mots qui sortent de sa bouche ou de sa plume, nous avons quelques réguliers qui viennent à titre de spécialistes. Mathieu Li-Goyette, brillant critique de cinéma pour le sitePanorama Cinéma (probablement le meilleur au Québec) est notre expert bédé en résidence avec l’érudit doctorant Gabriel Gaudette. Guillaume Couture vient souvent nous parler de jeux vidéo et vient nous titiller de sa grosse intelligence. Un autre gars brillant (allez voir ses capsules webs intitulées Je joue le jeu, vous ne serez pas décus !). Lea Osseyrane, touche-à-tout délicieuse à l’énorme culture. Mais ils sont trop nombreux pour tous les mentionner !
Comment avez-vous rencontré Jean-Michel Berthiaume et quel a été le déclic pour faire ces émissions ? J’ai un jour entendu Jean-Michel, alors que j’étais moniteur de camp de jour et qu’il avait 14 ans (?), parler de John Woo dans les escaliers d’un gymnase à une bande de jeunes. Je l’ai tout de suite aimé. C’est devenu mon plus vieux pote à ce jour. Depuis, on a fait moult jobs ensemble (on travaille encore ensemble d’ailleurs) et on fait deux émissions par semaine en commun. Ca synchronise un tantinet ce que les rappers du Wisconsin appellent « that mental shit ». On a d’ailleurs parfois une forme de langage basé sur des cris, des agrégats et des citations comprises que de nous deux et un cercle d’initiés. On fait parfois des pans de notre émission au complet en utilisant ce langage. Le 7ème est demeuré cet espace où nous pratiquons ce méta-langage. Non pas que nous y manquions de rigueur.
Pour Pop-en-Stock, c’est une volonté de participer de manière sincère et appuyée à l’étude de la chose pop et de le faire entouré de gens que nous trouvons stimulants. Il est aussi question d’aborder des sujets qui sont peu traités dans les médias « consensuels » de manière académique. En tant que geek bédéphiles, c’est aussi une occasion d’avoir un volet d’analyse de comic-book. Nos émissions de comic-book sont vraiment délirantes.
Comment expliquez-vous l’alchimie qui se crée entre vous deux durant les émissions? J’ai le sentiment que vous êtes des accoucheurs d’idées pour l’un et l’autre, qu’il y a une synergie entre vous. C’est un processus entre nous deux où on maintient une fine balance entre l’amour fraternel, l’excitation geek, la révérence du pénitent et la valeur du guerrier. En fait, nous sommes tellement un vieux couple que Jim termine mes phrases. Je dirais que Jim est l’individu le plus stimulant que je connaisse. Et ça, ça se paye en bloc. Je cherche toujours à le séduire intellectuellement. Jim a un processus de pensée divertissant à l’extrême qui me fait penser au jazz : syncopé, scandé, beat à fond. Aussi, nous sommes tous les deux portés sur la chose occulte : plusieurs de nos émissions du 7ème sont des conjurations, des rituels, des sorts de protection ou des incantations. En tant qu’adeptes de la magie du chaos, l’émission est souvent devenue pour nous un laboratoire d’expérimentations magickes, une méthode de déplacement de notre parallaxe.
Pop-en-Stock demande plus de rigueur au niveau de la structure et de l’animation et nous nous permettons moins de délirer, quoique nous y sommes autant stimulés d’une toute autre manière.
Pouvez-vous nous expliquez votre volonté d’aborder la pop culture sous un angle si pointu, ou académique (philosophie, sociologie,sémiotique, histoire, etc) ? Est-ce que cette approche est spécifiquement québécoise ? Le Québec à une position singulière dans le monde, autant géographique que celui des idées. Nous sommes des Américains récalcitrants, dans un pays qui nous est souvent étranger, le Canada. La culture française est omniprésente chez nous également. Les codes de ce mish mash culturel sont parfois engoncés dans notre conscience, même chez les gens qui ne parlent pas un traître mot d’anglais. Nous sommes issus d’une culture jeune où les héros et les grandes œuvres le sont tout autant. Peut-être qu’il y a chez nous une soif de reconnaissance d’une culture considérée inférieure, de souveraineté culturelle? Sans doute que cette frontière tend chez nous à s’effriter à mesure que nous assistons au changement de génération. Je serais aussi tenté de dire que nous sommes paradoxalement issus d’une génération qui ne croit plus avoir besoin de défendre la culture populaire. Sa pérennité semble assurée et elle est enfin entrée dans les classes d’universités.
LA SELECTION DU 7E ANTIQUAIRE
L’occultisme et la magie
Deux films à conseiller : L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen. Un ouvroir de la conscience magique fait spécifiquement pour les enfants, une très puissante et parfois insidieuse introduction à une multitude de concept occultes : le tarot, les incantations, la fractalité, Aleister Crowley, le chaos. Je pense que c’est un film (et un livre) qui a le pouvoir d’ouvrir la conscience. Lien vers l’émission. Et le deuxième est Performance de Donald Cammel et Nicolas Roeg. Une incantation qui se fraye un chemin dans la conscience. Un vrai sort. Il y a dans Performance une charge magique qui est palpable, perceptible, violente. Lien vers l’émission.
Les extra-terrestres Concernant les vrais : 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubirck et Contact de Robert Zemeckis . J’aime que mon alien soit métaphysique et transcendant. Et je garderai toujours un souvenir émerveillé des extra-terrestres dans Abyss de James Cameron. Lien vers l’émission sur 2001. Et pour les faux : L’Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel et The Thing de John Carpenter. L’angoisse de la dépossession de soi à son meilleur! Et enfin, pour ceux qui aiment le mélange des deux : Le jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise.
Le complot
Network de Sidney Lumet, un de cinq films essentiels du 7e Antiquaire. S’il n’y a au final qu’un seul véritable complot qui les absorbe tous, c’est Network qui en parle le mieux. Network n’est pas un film, c’est une prophétie continuellement renouvelable. Lien vers la première émission (NDR : Ce film a eu en effet l’honneur d’avoir 4 ou 5 émissions lui étant consacrées, avec une analyse différente à chaque fois).
La sexualité queer/déviante The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman, un véritable pamphlet sur l’exploration et la libération des mœurs déguisé en guignol pour mieux faire passer…l’idée. « Don’t dream it…be it ». Lien vers l’émission.
La spiritualité
La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky, à mon sens le film le plus total sur TOUTES les formes de spiritualité. Tout y est. Au final, le film est un système syncrétique qui permet au spectateur de déambuler d’une foi à l’autre jusqu’à ce qu’elles se conjuguent toutes. Lien vers l’émission.
Et je terminerai cette entrevue par deux petites questions :
Pourriez-vous nous suggérer des oeuvres de pop-culture qui peuvent faire découvrir le Québec à un Francais ? Pour saisir la Québécitude dans toutes ses contradictions et ses beautés, je vous conseille les films Un chat dans le sac de Gilles Groulx et Chasse au Godard d’Abbitibbi d’Eric Morin. Respectivement le passé qui parle d’un avenir à bâtir et le futur qui passe par le passé. J’ai également une affection indéfectible pour le film Mémoires affectives de Francis Leclerc. Nullement un des classiques de notre cinématographie mais je crois que quelque chose de la Québécitude y est mieux compris que dans bien d’autres films. (NDR : vous pouvez également écouter l’émission speciale Saint-Jean – la fête nationale québécoise – à ce sujet) En littérature sinon, tournez vous vers Prochain épisode d’Hubert Aquin, un grand roman incontournable, une véritable bombe, ainsi que les poèmes-trash de Denis Vanier, parce que le Québec a eu avec lui son Bukowski.
Connaîtriez-vous une oeuvre de pop-culture française qui vous semble pas assez connue ou reconnue en France et/ou qui pourrait synthétiser l’esprit français à vos yeux ? Le couple Jean-Marc et Randy Lofficier et la somme de leur œuvre. Je ne sais si leur travail est célébré chez vous mais je l’espère. L’architecture du monument qu’ils ont érigé est galvanisante.
MIRACLE MILE (1988) de Steve De Jarnatt. Cette semaine au 7ème
Antiquaire on traite d’un excellent mais méconnu film PRÉ-APOCALYPTIQUE
(Ces films qui se déroulent sur les dernières heures de l’humanité tel
qu’on la connait... tsé avant Mad Max). À l’image de Last Night de Don
McKellar (que le 7ème Antiquaire a déjà reçu en studio) mais abordant un
ton différent, Miracle Mile offre une vision de l’écroulement
rapide des repères, de la morale et de l’équilibre de l’humanité lorsque
celle-ci se sait sur le point de s’éteindre. Fait avec peu de moyen, le
film de De Jarnatt réussi habilement à créer une tension constante
(avec l’aide de la musique de Tangerine Dream) et à mélanger les tons,
insérant suspense, drame et humour. Après la bombe il ne restera que
cette archive audio: (podcast)
VALERIE AND HER WEEK OF WONDERS,1971 (Valérie au pays des merveilles) du cinéaste Tchèque Jaromil Jires. Cette semaine au 7ème Antiquaire on reçoit Alexandre Fontaine Rousseau pour nous guider dans un voyage surréaliste avec un film qui ouvre une porte vers cette zone confuse entre l'innocence de l’enfance et l'impureté de l'âge adulte, tout en parlant en parallèle d'un autre passage important que vécu la Tchécoslovaquie durant cette période. Va y avoir des fleurs, des vampires, des rituels et des menstruations (on sera pas trop loin de Wicker Man pour les intéressés).
LES LÈVRES ROUGES (Daughters of Darkness, 1971) et MALPERTUIS (1971).
Cette semaine au 7ème Antiquaire on vous parle des deux films cultes du
cinéaste belge Harry Kümel. Avec un pied dans le cinéma d'exploitation
et un autre dans le cinéma classique, Kümel reste aussi insaisissable
que ses films. Danielle Ouimet avec Delphine Seyrig VS Daniel Pilon avec
Orson Welles.. faut le faire. Magnifique détournement du film de
vampire d'un côté et du film de maison hanté de l'autre. Du beau cinéma frontière.
Cette semaine au 7ème Antiquaire on explore LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP
(1963) et SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN (1964) du maître Bava. Influencé par
Hitchcock et influençant Argento, ces deux excellents films annoncent
l’arrivée du Giallo en y posant les fondations thématiques et formelles.
Bloc 2 de notre émission retour sur les films de la première édition
de La Cinémathèque interdite.
Narciso Ibáñez Serrador en programme double au 7ème Antiquaire : "Who can
kill a child" (¿Quién puede matar a un niño? / les revoltés de l’an 2000), 1976 et "The house that
screamed" (La Residencia / La résidence), 1969. Cinéaste espagnol trop méconnu en deux films importants qui cachent derrière leur allure de film de genre, une critique de plusieurs aspects de l'Espagne franquiste. Longtemps négligé, le cinéma d'horreur espagnol des années 70 commence à peine à se faire connaitre et comporte de multiples films importants mais malheureusement méconnus. Nous abordons donc avec cette émission deux films ayant germés durant cette période, qui sont réalisés par un cinéaste important à découvrir, Narciso Ibáñez Serrador.
Inspiré par le programme double de la
première édition de La Cinémathèque interdite,
on a décidé d'explorer les deux films que proposait cette édition en deux émissions (Serrador cette semaine et Bava la semaine prochaine). Nous avons
aussi le plaisir de recevoir en début d'émission les initiateurs de ces programmations, Apolline Caron-Ottavi
et Julien Fonfrède, qui nous parle du projet qu'est La Cinémathèque interdite et
de la deuxième édition qui se tiendra le samedi 25 avril à la Cinémathèque québécoise.
Hors-Série musical no1. David prend possession du studio et vous partage
une sélection de musique de films ayant été abordés à l’émission ces
dernières années. En quatre blocs de mix musicaux et extraits de films c'est un spécial trames sonores dans lequel on explore
musicalement les mondes de Carpenter, Argento, Greenaway, Tarkovski,
Otomo, Fellini, Lynch, Terayama et plusieurs autres à travers des
compositeurs et musiciens du cinéma exceptionnels.
- François de Roubaix : Titan ("À vous de jouer Milord" (série-tv), 1974)
- Eduard Artemiev : Station ("Solaris" d'Andrei Tarkovsky, 1972)
-John Carpenter et Alan Howarth : Opening titles ("Prince of Darkness" de John Carpenter,1987)
- Thomas Bangalter : Stress ("Irreversible" de Gaspar Noe, 2002)
-Ennio Morricone : Metti, una sera a cena + Terrazza Vuota ("Metti, una sera a cena" de Giuseppe Patroni Griffi, 1969)
- Mike Jackson and the Soul Providers : Out The Door (The Revenge of Mister Mopoji)
- J.A. Seazer et Shûji Terayama : ("Emperor Tomato Ketchup" de Shuji Terayama, 1971)
- Geinō Yamashirogumi : Kaneda ("Akira" de Katsuhiro Otomo, 1988)
- Mark Isham : Transfer + Guards and Cards ("The Hitcher" de Robert Harmon, 1986)
- Jonny greenwood : Proven Lands ("There will be Blood" de Paul Thomas Anderson, 2007)
- Ennio Morricone : Indagine Su Un Cittadino Al Di Sopra Di Ogni Sospetto ("Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon" d'Elio Petri, 1970)
- Michael Boddicker : end title ("Bukaroo Banzai" de W.D. Richter, 1984) - Goblin : Tenebre ("Tenebrae" de Dario Argento, 1982) - David Lynch et Alan Splet : In Heaven ("Eraserhead" de David Lynch, 1977) - Michael Nyman : ("The cook, the thief, his wife and her lover" de Peter Greenaway, 1989)