lundi 29 octobre 2012

Notre émission du 25 octobre: Halloween sanglant Douteux présente: THE VIDEO DEAD

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Cette année, le 7ème antiquaire célèbre l'Halloween en gang, avec un enthousiasme qui n'est pas sans rappeler celui d'un Jeffrey Dahmer coincé dans un sauna qui serait voisin d'un boucherie sans mur mitoyen (Vite! Sortez le vin blanc et les pots massons)

Grâce aux bons soins des gens du Douteux, nous pourrons réaliser un fantasme; celui de s'improviser en véritables "horror show hosts" le temps d'une soirée de la fête des morts! Putain ce que nous sommes excités!  Pour ceux et celles qui ne sauraient pas ce qu'est précisément un "horror show host", cette tradition séculaire et évanescente, hautement codifiée et vénérable, qui nous est presque inconnue en sol canadieN, nous avons consacré une émission pleine de passion à ce phénoméne ici même "Les Horror Show Hosts, une tradition américaine"). Nous fomentons depuis quelques temps d'en devenir nous même.
Durant cette soirée, vos animateurs présenterons avec un leur hystérie habituelle de grands navets en compagnie de gens non moins hystériques (pour plus d'informations, cliquez ici

Les films en question:"The Devil’s Story", «le film d’horreur le plus douteux ever», et "The Video Dead" (en version française), «l’un des rares bijoux du cinéma douteux des années 80». En plus de visionner des films d’horreur spécialement mauvais et d’être jugés, à cause de votre déguisement, par le regard dédaigneux des autres spectateurs, vous aurez aussi l’occasion d’assister aux projections de courts-métrages classiques, une gracieuseté Roadkill Superstar, Izabel Grondin et Rémy Couture".
De quoi se calisser la tête dans un écran de télé hein?
En réécoutant pour les besoins ce réputé navet confit qu'est THE VIDEO DEAD, le 7ème a eu une sorte de choc. À première vue, cette histoire d'attaque de zombie qui "sortent" d'une télé hantée/possédée pour terroriser un frère et une soeur ineptes jouées par des crétins des alpes dans un bungalow au coeur d'une banlieue anonyme a tout pour être une film culte à écouter entre copains saouls pendant deux séances de dégeulie (et ça, c'est ce que j'appelle une phrase bien construite).
Puis soudain, une surprise de taille: dans ce film mal foutu, mal joué et réalisé pour moins que  le sel de pinottes rancies, il se terre une autre histoire, d'autant plus insidieuse qu'elle n'a clairement  pas été prévue par le réalisateur...
 À grands coups de ruptures de ton, de moments improbables et absurdes et de lignes oblitérant les bases du langage pour lui conférer une vacuité que n'aurait pas détesté Ionesco, THE VIDEO DEAD devient alors une tragi-comédie totalement involontaire sur l'horreur de la commodité, de la domesticité et la conformité d'un certain mode de vie américain. L'objet jadis rassurant, l'outil naguère "nécessaire" (nous incluons bien sur le langage dans cette liste)  perdent soudain leur fonction première et prennent une dimension inquiétante et inutile. L'ennemi de THE VIDEO DEAD ne sont pas les zombies mais la banlieue elle-même dans toute son inquiétante étrangeté. Son effarante banalité.

Tout devient ici une arme potentielle: une télévision, une laveuse, un broyeur et un fer à repasser...
Les zombies  de ce film ont conservés dans leur mémoire musculaire une infatuation pour l'objet qui tient du fétichisme. Parce qu'au fond, ces zombies n'en sont pas vraiment: ce sont vos voisins et de la visite de passage, qui veulent salir vos hors-d'oeuvre, manger vos canapés et vous ennuyer à mort à grands coups de discussions vides qui tournent en rond.
Un peu comme une version de "Les Voisins" de Louis Saïa et Claude Meunier dans lequel il y aurait des mort-vivants.
 
En complément de sa présentation à la Soirée du DOUTEUX, le 7ème vous offre cette semaine une analyse cossue de ce navet confit qui, pour le moins qu'on le mastique bien, s'avère étrangement nutrifif.

jeudi 18 octobre 2012

Notre émission du 18 octobre: Le pénis au cinéma: historique, évocations et théories des apparitions du phallus au grand écran qu'elles soient furtives ou "dans ta face"

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Hollywood aime suggérer qu'ils sont gros, durs et toujours dressés. Les pénis des conquérants. Le nom lui-même le suggère:
Holly: "arbre robuste aux branches souples garnis de fruits rouges. Ses branches ont un peu partout dans le monde une fonction décorative).
Wood :"érection".
Hollywood est le pays de l'érection décorative. Les Francs-maçons participent à un circle jerk séculaire. Il est le pénis de l'Amérique.
Pourtant, si on suggère souvent le pénis au cinéma, on ne le montre que très rarement: le sacro-saint phallus se perd à force  d'analogie, le temps de se transformer en bombe, en building, en pistolet, mais il n'est pas au rendez-vous des plaisirs de la chair...il est de passage. C'est précisément ça dont votre mère parlait lorsqu'elle évoquait "les pénis de passage" d'ailleurs.
 Il suffit toutefois qu'on montre la verge même furtivement pour qu'elle passe à la pérennité.
Si le cinéma d'auteur et européen ( pour le moins qu'une telle chose existe qu'un cinéma des Europes) nous l'a beaucoup plus souvent montré, sa fonction y prend une toute autre dimension.

Il est banal, indifférent, montré dans sa mollesse et son inutilité, le témoin distant de joutes oratoires sur le sexe (exception de taille: les espagnols n'ont vraiment aucun problème à la flopper au cinéma). Il apparait sans crier gare entre une scène d'amour et de bouffe, pendant les vacances, au petit matin. Il ne fait pas partie du processus émotif.  Là où l'Amérique le glorifie sans le montrer, l'Europe le montre dans toute sa banalité flasque. Reste que de toutes les formes d'art, c'est sans contredit le 7ème qui est le plus inconfortable avec la chose tout en étant paradoxalement obsédé par elle. Quand et si le cinéma est phallocrate,  l'est-il par insécurité? Posons-nous la question que diable!!!
Au final, le pénis au cinéma devient très souvent le symbole de la faiblesse masculine, de l'inefficacité du mâle. Pour cette raison, bien au-delà de toutes réactions puériles, le pénis montré et assumé à l'écran dans un film non pornographique devient forcément mémorable et utile. Ewan MacGregor en est la preuve vivante (bien qu'il soit tout à fait efficace) 
Depuis 2000, le pénis dresse de plus en plus le bout de son nez au cinéma, sa surexposition pornographique aidant assurément le processus transitoire. Au delà de cette simple volonté de "choquer" en feignant l'indifférence, quelle est la fonction du pénis au cinéma? A-t-il une utilité narrative? Peut-il aider la progression d'une histoire? Doit-il être bloqué ou guidé, vrai ou faux, mou ou dur?

À qui donc sert le pénis de pellicule?
Cette semaine, le 7ème antiquaire se penche sur ces nombreuses et épineuses questions. Nous gravirons pour vous vers les hautes cîmes de la théorie.
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Les premières apparitions du phallus à l'écran, les scènes mémorables où l'on parle de bittes, les apparitions furtives de pénis de stars qui sont passées à l'histoire, les grandes érections dans des petites scènes et les petites molles dans les grandes. Notre émission fera rimer "cinéphile" et "érectile".
Quand le pénis est un intrus, une blague un personnage parlant, une attaque...
Quand, au final, il n'a que très peu à voir avec cet organe de reproduction qui nous obsède tous et ce, même quand on en a rien à foutre.

lundi 15 octobre 2012

Notre émission du 12 octobre:Philippe Grandrieux, une rencontre avec l'explorateur des beautés convulsives

Pour écouter maintenant notre émission cliquer ici...

Ma première fois, nous étions trois dans la salle de cinéma. C'était une des dernières journées chaudes de l'automne et il était clair que personne n'aurait envie de se terrer dans une salle de cinéma.
Il faisait bien trop froid dans la salle, l'air climatisé était  mal calibré. Dès les premières minutes du film, je grelotais. "Sombre" s'ouvre: les cris des enfants, la respiration haletante de Jean, le personnage principal, vient se conjuguer au froid. L'entrée en matière est brutale.
J'allais voir "Sombre" de Philippe Grandrieux pour deux raisons: la bande-annonce m'avait fait une promesse et je voulais savoir si elle serait tenue.  J'espérais que le film me fasse plonger dans une part de moi-même que j'avais terriblement besoin de retrouver; la part qui devait de toute urgence laisser respirer la bête et qui pourtant, avait tout autant envie d'aimer. Cette hasardeuse conciliation, ce travail de toute une vie (ce sera le mien dans tous les cas), j'espèrais que "Sombre" m'en parlerait. J'allais aussi voir le film parce que j'espèrais y trouver le murmure d'un conte,  quelque chose qui n'a cure des cadres de l'Histoire et de la géographie.
La fable amoureuse de Jean, ce loup, ce dévoreur de femme et de Claire, la vierge que rien ne rattache à la vie, je l'ai recu en profondeur en pleine conscience. Tout ce dont j'avais besoin était là. Il fait froid dans la salle, je suis en colère et j'ai envie de toucher une chair que je ne connais pas. L'image à l'écran est miroitante comme une voile qui n'attend qu'à être déchiré.
La deuxième fois, ce sont les années à attendre un autre de ses films qui m'ont convaincues d'aller voir "La Vie Nouvelle". Dans une salle pleine à craquer, à une époque où il m'était impossible d'être entouré d'autant de mes semblables sans perdre mon calme, je visite cette terra incognita filmique où les chiens ont des faims terribles et le bruit des cheveux coupés ressemble à celui de l'écorce qu'on gratte. J'y trouve d'autres réponses, d'autres beautés dont j'avais plus que jamais besoin. Et quand "La Vie nouvelle" basculera invariablement dans cet autre monde, comme peu de film l'ont fait, je pense comprendre quelque chose de Grandrieux et de son cinéma: voilà le travail d'un explorateur, quelqu'un pour qui tout est à revoir avec un oeil qui nait, au delà des diktats du laid ou beau. Ce soir là, je sortirai du cinéma avec celle qui partage ma vie et nous aurons une altercation. Elle a peur qu'il y ait chez moi une certaine complaisance dans la "morbidité"... 
Et puis, c'est le temps d"Un Lac"...
Je n'ai qu'un seul mot dans la conscience après le film. La Grâce. La vraie. Celle qui est largement au delà du plaisir ou de la souffrance. Et c'est à ce moment que je suis tombé amoureux de lui.
Le cinéma de Grandrieux n'aspire pas à la mystique ou à la transcendance. Par contre, il parvient à  nous en faire vivre de fugaces instants. Pour ça, je veux simplement lui dire merci. 
Cette semaine, le 7ème antiquaire recoit l'explorateur pour parler tout simplement du monde.
Pour nous écouter nous entretenir avec lui, cliquer ici.  

mercredi 10 octobre 2012

Notre émission du 4 octobre: William Castle-ça vaut le coup d'être le roi! -SHANKS

Pour nous écouter cette semaine, CLIQUER ICI!
Nous sommes conscients qu'une fois sur trois au 7ème antiquaire, nous nous retrouvons à parler de cinéma d'horreur en tout genre. Techniquement, avec l'Halloween qui frappe à notre porte, nous ne devrions pas avoir à justifier notre volonté de faire une émission sur William Castle, pas vrai?
N'en demeure pas moins que nous allons articuler une conviction profonde que nous avons à propos du bonhomme:  
Le fait que l'essentiel de sa filmographie soit sensiblement composée des films d'épouvante est accessoire à ce que l'homme était vraiment... un des plus habiles bonimenteurs de l'histoire du cinéma et un vrai passionné de son médium.
Certes, Castle était un fétichiste du gadget et un vendeur hors de pair mais plus encore, c'était une véritable "patenteux", dans le concept comme l'exécution. Osons une déclaration péremptoire: n'était-il pas en quelque sorte l'héritier de Mélies, désireux de trouver de nouvelles manières de procurer à son auditoire des "chills and thrills"?
Mercantile? Certes. Ennuyant? Jamais! Il était le P.T Barnum du grand écran!!! Le cinéma actuel lui doit énormément, pour le meilleur et le pire, tout particulièrement au niveau de l'approche promotionelle.
 La preuve en est que nous sommes de retour aux lunettes 3 D et aux bancs qui tremblent, deux gadgets qu'il a porté au nues. En quelque sorte,  Castle est le grand-père illégitime du "Rocky Horror picture show"

Cette semaine, nous parlerons donc de la vie de cet exceptionnel bonhomme et de son parcours avant  qu'il ne devienne le roi des gadgets. Nous n'allons pas simplement paraphraser le magnifique documentaire lui étant dédié "Spine Tingler! The William Castle Story (2007) mais bel et bien parler de ce qu'il n'a pas couvert.
S'il n'y avait qu'un seul film à évoquer qu'il faudrait conserver dans sa filmographie malheureusement trop peu célébrée, c'est son dernier, le particulièrement déstabilisant "Shanks" (1974)
Impossible de ne pas constater avec ce film qu'il y avait aussi un véritable cinéaste derrière le bonimenteur, capable de créer une ambiance vraiment palpable de morbidité sans jamais perdre son humour noir. Il y avait aussi de tout évidence un cinéphile: "Shanks" peut se voir comme un hommage à "Les enfants du Paradis" traversé d'une sensibilité empruntée à l'expressionisme allemand...qui serait fait par Walt Disney. Marcel Marceau interprète un marionnettiste  sourd et muet, véritable souffre-douleur de son environnement. Sous l'égide d'une savant fou (joué aussi pas Marcel Marceau), il apprend à contrôler mécaniquement les cadavres comme des pantins dont il se sert pour se venger de ceux qui l'ont opprimés.
Une trouvaille de taille, un autre morceau de cinéma oublié qui mérite un culte. Ironie totale: le maître du marketing n'aura pas fait la moindre publicité particulière pour ce film qui tombera dans l'oubli quelques années plus tard, malgré l'interprétation sidérante du grand mime français.

mercredi 3 octobre 2012

Notre émission du 27 septembre: CRIMEWAVE, ce bâtard si attachant

Cliquer ICI pour écouter l'émission
Nous sommes en 1985. Quelques années auparavant, les frères Raimi venaient de terminer un tout petit film dans l"anonymat", "Evil Dead". De leur côté, les frères Coen  complétaient depuis peu leur premier long, "Blood simple".

Les  deux clans se rencontrent et décident de travailler ensemble le temps d'un film. Ils ont une idée qui tient du génie: une comédie néo-noire déjantée qui grappillera avec une égale allégresse Tex Avery et les Three Stooges. Du slapstick, des assassins hystériques sortis tout droit d'un épisode de Bugs Bunny et un rythme bon à donner un anévrisme. Sur papier, les deux familles semblent tenir LA grande comédie hybride de leur époque.
Jusqu'à ce que débute la réalisation du film...qui tourne vite au massacre. 


"Crimewave" sera un échec sur presque toute la ligne. Des producteurs tyranniques, des problèmes de casting, le comédien Brion James qui essaye d'exorciser sa lampe de chambre d'hôtel (ce qui inspirera assurément Raimi pour "Evil Dead 2"). Raimi renie la paternité de ce mutant qui hurle et court partout en bavant. Les Coen n'en parleront  plus jamais.

Et pourtant. Et pourtant...

Il va sans dire que "Crimewave" n'est pas un grand film. C'est même un bâtard. Et nous au 7ème, c'est précisément pour cette raison qu'on l'aime. Pour toutes ses imperfections, le film contient déjà toutes les obsessions et les tics qui détermineront la carrière des deux clans. Le scénario est indubitablement du Coen, à un tel point qu'on pourrait le considérer comme le deuxième volet d'une trilogie sur les fugitifs têtes-à-claques poursuivis par des assassins professionnels, entre "Blood simple" et "Raising arizona". Par ailleurs, il est assez surprenant de constater que le même années, Raimi fera par la suite son "Evil Dead 2" et les Coen "Raising Arizona", deux films qui partagent une énergie et une approche du filmage qui sont grandement similaires.
Quelques petits morceaux d'anthologie ressortent également, où Raimi expérimente déjà avec une signature qui sera reconnaissable entre mille une décennie plus tard...avec un Bruce Campbell au sommet de sa bonhommie.


Cette semaine, le 7ème antiquaire décide de redorer le blason de cet hybride imparfait mais Ô combien attachant qu'est "Crimewave". Et si pour le meilleur et le pire, indirectement ou non, il était le film le plus déterminant de la prolifique  carrière des deux clans?

Inutile de dire que pour faire cette émission, il nous fallait un coup de main. Nous aurons donc avec nous en studio nulle autre que la sulfureuse Sabine Garcia...parce que le hasard l'exige!