Après avoir vu Avatar, le 7ème a hésité à en parler sur ce modeste blogue. Il faut avouer, même si j'utilise ici une formule qui semblera un peu convenue, qu'on assiste pas simplement à un film en le regardant...on est témoin d'un pan de l'histoire de cinéma. On se retrouve placé, non sans quelques frissons, dans une toute nouvelle perspective de cet art. À l'instar des gens qui ont entendu les première paroles sur pellicule ou ceux qui ont vu The Wizard of Oz à sa sortie (on y fait d'ailleurs une référence analogique bien sentie dans Avatar), ce que l'on voit demande littéralement de nouveaux référents.
J'ai cherché longuement une formule courte mais entière pour décrire mes impressions du film. Je ne suis parvenu qu'à celle-ci. Au delà du cinéaste, James Cameron est un explorateur. Cameron se fait vieux et il est clair qu'il aurait adoré être vivant pour assister à la rencontre d'une autre forme de vie, quelque part là-haut et, qui sait, peut-être même faire un film sur le sujet. Comme le temps presse, Cameron a simplement inventé un monde.
Voilà. Il me semble que ça dit tout. Au delà des trouvailles techniques, du vertige incommensurable que procure le film, Cameron et son équipe ont tout simplement inventé, de la manière la plus absolue, une faune, une flore, un langage, une tribu, une planète. L'espace de quelques heures, il a eu la grâce de nous faire visiter un monde nouveau avec une perspective neuve.
Devant le vertige que peut procurer la chose, j'entends déjà, tels des oiseaux de proies affamés, des critiques du dimanche et des gens se disant cinéphiles tenter de fourrager dans l'oeuvre, question d'y trouver des points faibles. Incapables de juger de la richesse des images avec le vocabulaire approprié -ce vocabulaire pour décrire ce film devra être inventé-, les gens se retourneront sur la petitesse du scénario, la naïveté du message.
Ne faites pas cette erreur. Chers lecteurs, si vous attribuez généralement quelconque crédibilité à nos propos, ne faites pas cette erreur. Le scénario d'Avatar n'est pas simple, simpliste, naïf ou juvénile. Il est ancien. Il remonte aux sources. Il tient de la mythologie la plus pure. Cette histoire, il est clair que vous la connaissez. Elle se trouve dans les contes et les légendes. C'est Pocahontas, c'est A man called horse, Dances with wolves. C'est un western, un vrai.
Je suis consterné d'entendre tant de gens déclamer que l'histoire n'a rien de nouveau. Cette histoire n'a pas besoin de fournir quoi que ce soit de nouveau. Tout dans ce film est absolument nouveau, il ne pouvait être question d'être innovateur au niveau narratif, les gens se seraient retrouvés sans aucun référent et le film serait devenu hermétique. La film ne pouvait être expérimental dans son intégralité (il l'est profondément). Il faudra vous contenter de l'imagination qui est déployée dans tous les autres aspects du film. Quelle engeance!
Vous savez ce que les critiques disaient de Citizen Kane et 2001 à leur sortie? Techniquement irréprochables mais leur histoire est banale. Où sont les paroles de ces critiques aujourd'hui? Il n'y a plus d'histoire banale. Il n'y a que des manières banales de les raconter et des spectateurs moroses.