jeudi 15 novembre 2012

Notre émission du 15 novembre: Le manuscrit trouvé à Saragosse de Wojcieh Has -une discussion avec Antonio Dominguez Leiva

Pour nous écouter cette semaine, cliquer ici
Et le vertige fut.

Vous souvenez-vous, cinéphiles, lecteurs, occultistes d'occasion ou philosophes de circonstances, de la dernière fois où vous vous êtes trouvés devant une oeuvre avec une véritable impression de vertige? La dernière fois que vous avez ressenti de la consternation devant la largesse d'une histoire, avec la sensation tenaillante d'assister à une fornication entre le sacré et de maudit? Voilà une sensation qui ne  se présente que très peu  dans une courte vie d'homme n'est-ce-pas? Et quand elle vous saisie, cette sensation,  quelque chose comme une reconnaissance profonde s'ensuit,  non?

Cette semaine, le 7ème vous parle de son plus intense vertige de l'année, "Le Manuscrit trouvé à Saragosse" de Wojcieh Has (1965)
 ll y a de ces  moments forts rares au 7ème antiquaire où nos explorations cinéphiliques finissent par nous mener ipso facto vers  ce genre d'oeuvre. Une histoire qui s'impose sans que nous la connaissions a priori . Ce film au titre maintes fois croisé, murmuré, mentionné au détour d'une autre découverte, comme un livre interdit que seul l'initié peut ouvrir quand il sera prêt. 
 Voilà quelques années, ce fut la découverte du film "A page of madness" de Teinosuke Kinugasa (1926) qui nous procurait ce vertige (un page qu'on imagine bien arraché du manuscrit trouvé à Saragosse, d'ailleurs). Totale consternation en se demandant comment une création à la modernité si féroce  n'avait pas trouvé la pérennité qui s'impose dans le panthéon des grandes oeuvres humaines. Je me souviens des mots qui me sont littéralement sortis de la bouche en regardant le film : "C'est aussi vital que Un Chien Andalou de Bunuel...et peut être même encore plus.."

Et c'est encore autour de Bunuel que nous découvrons une autre oeuvre de cette trempe. Nous ne vous mentirons pas; nous avons regardé "Le manuscrit trouvé à Saragosse" parce que ce titre est quelques fois évoqués comme une des plus importantes influences du cinéaste espagnol.

Et le vertige fut...
 Certes, le film du polonais Wojciech Has relève le pari improbable de s'approprier une oeuvre littéraire réputée impossible à adapter, d'un auteur  lui-même insaisissable. Le roman de Jan Potocki est à la hauteur de son auteur: furieusement exploratoire, moderne, happant au passage des myriades d'influences pour se les approprier et les réinventer. Nous aurons avec nous en studio le professeur, auteur, théoricien et libertin Antonio Dominguez Leiva , pour parler de cet auteur, véritable Buckaroo Banzai des lettres . Un penseur de taille pour en évoquer un autre. C'est de mise...

En regardant ce film gigogne qui lorgne du côté de la fractalité narrative, il devient clair qu'il a immensément influencé Bunuel et  le scénariste Jean-Claude Carrière, Jodorowsky et un maudite bonne gang qui ne l'ont probablement jamais mentionné: Robert Altman, le "Magnolia" de P.T Anderson, Le "Dracula" de Coppola pour la facture visuelle. Terry Gilliam au complet...

Et le 7ème ne comprend pas. On ne comprend pas que ce film de soit pas une incontournable référence. La maîtrise du scénario y est tout aussi parfaite que la réalisation. Le sublime, l'horreur y côtoient le drolatique et le folichon. Tous les comédiens sont exceptionnels (sans oublier les femmes, saisissantes de beauté, aux décolletés aussi vertigineux que le film)
Terminons sur cette citation tirée du film, qui explique fort bien sa mécanique en spirale  et comment il parvient à conférer  une certaine exaltation mystique:

"We are like blind men lost in the streets of a big city. The streets lead to a goal, but we often return to the same places to get to where we want to be. I can see a few little streets here which, as it is now, are going nowhere. New combinations have to be arranged, then the whole will be clear, because one man cannot invent something that another cannot solve".

Et le vertige fut.

lundi 29 octobre 2012

Notre émission du 25 octobre: Halloween sanglant Douteux présente: THE VIDEO DEAD

POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION DIRECTEMENT, CLIQUER ICI:
Cette année, le 7ème antiquaire célèbre l'Halloween en gang, avec un enthousiasme qui n'est pas sans rappeler celui d'un Jeffrey Dahmer coincé dans un sauna qui serait voisin d'un boucherie sans mur mitoyen (Vite! Sortez le vin blanc et les pots massons)

Grâce aux bons soins des gens du Douteux, nous pourrons réaliser un fantasme; celui de s'improviser en véritables "horror show hosts" le temps d'une soirée de la fête des morts! Putain ce que nous sommes excités!  Pour ceux et celles qui ne sauraient pas ce qu'est précisément un "horror show host", cette tradition séculaire et évanescente, hautement codifiée et vénérable, qui nous est presque inconnue en sol canadieN, nous avons consacré une émission pleine de passion à ce phénoméne ici même "Les Horror Show Hosts, une tradition américaine"). Nous fomentons depuis quelques temps d'en devenir nous même.
Durant cette soirée, vos animateurs présenterons avec un leur hystérie habituelle de grands navets en compagnie de gens non moins hystériques (pour plus d'informations, cliquez ici

Les films en question:"The Devil’s Story", «le film d’horreur le plus douteux ever», et "The Video Dead" (en version française), «l’un des rares bijoux du cinéma douteux des années 80». En plus de visionner des films d’horreur spécialement mauvais et d’être jugés, à cause de votre déguisement, par le regard dédaigneux des autres spectateurs, vous aurez aussi l’occasion d’assister aux projections de courts-métrages classiques, une gracieuseté Roadkill Superstar, Izabel Grondin et Rémy Couture".
De quoi se calisser la tête dans un écran de télé hein?
En réécoutant pour les besoins ce réputé navet confit qu'est THE VIDEO DEAD, le 7ème a eu une sorte de choc. À première vue, cette histoire d'attaque de zombie qui "sortent" d'une télé hantée/possédée pour terroriser un frère et une soeur ineptes jouées par des crétins des alpes dans un bungalow au coeur d'une banlieue anonyme a tout pour être une film culte à écouter entre copains saouls pendant deux séances de dégeulie (et ça, c'est ce que j'appelle une phrase bien construite).
Puis soudain, une surprise de taille: dans ce film mal foutu, mal joué et réalisé pour moins que  le sel de pinottes rancies, il se terre une autre histoire, d'autant plus insidieuse qu'elle n'a clairement  pas été prévue par le réalisateur...
 À grands coups de ruptures de ton, de moments improbables et absurdes et de lignes oblitérant les bases du langage pour lui conférer une vacuité que n'aurait pas détesté Ionesco, THE VIDEO DEAD devient alors une tragi-comédie totalement involontaire sur l'horreur de la commodité, de la domesticité et la conformité d'un certain mode de vie américain. L'objet jadis rassurant, l'outil naguère "nécessaire" (nous incluons bien sur le langage dans cette liste)  perdent soudain leur fonction première et prennent une dimension inquiétante et inutile. L'ennemi de THE VIDEO DEAD ne sont pas les zombies mais la banlieue elle-même dans toute son inquiétante étrangeté. Son effarante banalité.

Tout devient ici une arme potentielle: une télévision, une laveuse, un broyeur et un fer à repasser...
Les zombies  de ce film ont conservés dans leur mémoire musculaire une infatuation pour l'objet qui tient du fétichisme. Parce qu'au fond, ces zombies n'en sont pas vraiment: ce sont vos voisins et de la visite de passage, qui veulent salir vos hors-d'oeuvre, manger vos canapés et vous ennuyer à mort à grands coups de discussions vides qui tournent en rond.
Un peu comme une version de "Les Voisins" de Louis Saïa et Claude Meunier dans lequel il y aurait des mort-vivants.
 
En complément de sa présentation à la Soirée du DOUTEUX, le 7ème vous offre cette semaine une analyse cossue de ce navet confit qui, pour le moins qu'on le mastique bien, s'avère étrangement nutrifif.

jeudi 18 octobre 2012

Notre émission du 18 octobre: Le pénis au cinéma: historique, évocations et théories des apparitions du phallus au grand écran qu'elles soient furtives ou "dans ta face"

POUR ÉCOUTER DIRECTEMENT CETTE ÉMISSION, CLIQUER ICI...
Hollywood aime suggérer qu'ils sont gros, durs et toujours dressés. Les pénis des conquérants. Le nom lui-même le suggère:
Holly: "arbre robuste aux branches souples garnis de fruits rouges. Ses branches ont un peu partout dans le monde une fonction décorative).
Wood :"érection".
Hollywood est le pays de l'érection décorative. Les Francs-maçons participent à un circle jerk séculaire. Il est le pénis de l'Amérique.
Pourtant, si on suggère souvent le pénis au cinéma, on ne le montre que très rarement: le sacro-saint phallus se perd à force  d'analogie, le temps de se transformer en bombe, en building, en pistolet, mais il n'est pas au rendez-vous des plaisirs de la chair...il est de passage. C'est précisément ça dont votre mère parlait lorsqu'elle évoquait "les pénis de passage" d'ailleurs.
 Il suffit toutefois qu'on montre la verge même furtivement pour qu'elle passe à la pérennité.
Si le cinéma d'auteur et européen ( pour le moins qu'une telle chose existe qu'un cinéma des Europes) nous l'a beaucoup plus souvent montré, sa fonction y prend une toute autre dimension.

Il est banal, indifférent, montré dans sa mollesse et son inutilité, le témoin distant de joutes oratoires sur le sexe (exception de taille: les espagnols n'ont vraiment aucun problème à la flopper au cinéma). Il apparait sans crier gare entre une scène d'amour et de bouffe, pendant les vacances, au petit matin. Il ne fait pas partie du processus émotif.  Là où l'Amérique le glorifie sans le montrer, l'Europe le montre dans toute sa banalité flasque. Reste que de toutes les formes d'art, c'est sans contredit le 7ème qui est le plus inconfortable avec la chose tout en étant paradoxalement obsédé par elle. Quand et si le cinéma est phallocrate,  l'est-il par insécurité? Posons-nous la question que diable!!!
Au final, le pénis au cinéma devient très souvent le symbole de la faiblesse masculine, de l'inefficacité du mâle. Pour cette raison, bien au-delà de toutes réactions puériles, le pénis montré et assumé à l'écran dans un film non pornographique devient forcément mémorable et utile. Ewan MacGregor en est la preuve vivante (bien qu'il soit tout à fait efficace) 
Depuis 2000, le pénis dresse de plus en plus le bout de son nez au cinéma, sa surexposition pornographique aidant assurément le processus transitoire. Au delà de cette simple volonté de "choquer" en feignant l'indifférence, quelle est la fonction du pénis au cinéma? A-t-il une utilité narrative? Peut-il aider la progression d'une histoire? Doit-il être bloqué ou guidé, vrai ou faux, mou ou dur?

À qui donc sert le pénis de pellicule?
Cette semaine, le 7ème antiquaire se penche sur ces nombreuses et épineuses questions. Nous gravirons pour vous vers les hautes cîmes de la théorie.
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Les premières apparitions du phallus à l'écran, les scènes mémorables où l'on parle de bittes, les apparitions furtives de pénis de stars qui sont passées à l'histoire, les grandes érections dans des petites scènes et les petites molles dans les grandes. Notre émission fera rimer "cinéphile" et "érectile".
Quand le pénis est un intrus, une blague un personnage parlant, une attaque...
Quand, au final, il n'a que très peu à voir avec cet organe de reproduction qui nous obsède tous et ce, même quand on en a rien à foutre.

lundi 15 octobre 2012

Notre émission du 12 octobre:Philippe Grandrieux, une rencontre avec l'explorateur des beautés convulsives

Pour écouter maintenant notre émission cliquer ici...

Ma première fois, nous étions trois dans la salle de cinéma. C'était une des dernières journées chaudes de l'automne et il était clair que personne n'aurait envie de se terrer dans une salle de cinéma.
Il faisait bien trop froid dans la salle, l'air climatisé était  mal calibré. Dès les premières minutes du film, je grelotais. "Sombre" s'ouvre: les cris des enfants, la respiration haletante de Jean, le personnage principal, vient se conjuguer au froid. L'entrée en matière est brutale.
J'allais voir "Sombre" de Philippe Grandrieux pour deux raisons: la bande-annonce m'avait fait une promesse et je voulais savoir si elle serait tenue.  J'espérais que le film me fasse plonger dans une part de moi-même que j'avais terriblement besoin de retrouver; la part qui devait de toute urgence laisser respirer la bête et qui pourtant, avait tout autant envie d'aimer. Cette hasardeuse conciliation, ce travail de toute une vie (ce sera le mien dans tous les cas), j'espèrais que "Sombre" m'en parlerait. J'allais aussi voir le film parce que j'espèrais y trouver le murmure d'un conte,  quelque chose qui n'a cure des cadres de l'Histoire et de la géographie.
La fable amoureuse de Jean, ce loup, ce dévoreur de femme et de Claire, la vierge que rien ne rattache à la vie, je l'ai recu en profondeur en pleine conscience. Tout ce dont j'avais besoin était là. Il fait froid dans la salle, je suis en colère et j'ai envie de toucher une chair que je ne connais pas. L'image à l'écran est miroitante comme une voile qui n'attend qu'à être déchiré.
La deuxième fois, ce sont les années à attendre un autre de ses films qui m'ont convaincues d'aller voir "La Vie Nouvelle". Dans une salle pleine à craquer, à une époque où il m'était impossible d'être entouré d'autant de mes semblables sans perdre mon calme, je visite cette terra incognita filmique où les chiens ont des faims terribles et le bruit des cheveux coupés ressemble à celui de l'écorce qu'on gratte. J'y trouve d'autres réponses, d'autres beautés dont j'avais plus que jamais besoin. Et quand "La Vie nouvelle" basculera invariablement dans cet autre monde, comme peu de film l'ont fait, je pense comprendre quelque chose de Grandrieux et de son cinéma: voilà le travail d'un explorateur, quelqu'un pour qui tout est à revoir avec un oeil qui nait, au delà des diktats du laid ou beau. Ce soir là, je sortirai du cinéma avec celle qui partage ma vie et nous aurons une altercation. Elle a peur qu'il y ait chez moi une certaine complaisance dans la "morbidité"... 
Et puis, c'est le temps d"Un Lac"...
Je n'ai qu'un seul mot dans la conscience après le film. La Grâce. La vraie. Celle qui est largement au delà du plaisir ou de la souffrance. Et c'est à ce moment que je suis tombé amoureux de lui.
Le cinéma de Grandrieux n'aspire pas à la mystique ou à la transcendance. Par contre, il parvient à  nous en faire vivre de fugaces instants. Pour ça, je veux simplement lui dire merci. 
Cette semaine, le 7ème antiquaire recoit l'explorateur pour parler tout simplement du monde.
Pour nous écouter nous entretenir avec lui, cliquer ici.  

mercredi 10 octobre 2012

Notre émission du 4 octobre: William Castle-ça vaut le coup d'être le roi! -SHANKS

Pour nous écouter cette semaine, CLIQUER ICI!
Nous sommes conscients qu'une fois sur trois au 7ème antiquaire, nous nous retrouvons à parler de cinéma d'horreur en tout genre. Techniquement, avec l'Halloween qui frappe à notre porte, nous ne devrions pas avoir à justifier notre volonté de faire une émission sur William Castle, pas vrai?
N'en demeure pas moins que nous allons articuler une conviction profonde que nous avons à propos du bonhomme:  
Le fait que l'essentiel de sa filmographie soit sensiblement composée des films d'épouvante est accessoire à ce que l'homme était vraiment... un des plus habiles bonimenteurs de l'histoire du cinéma et un vrai passionné de son médium.
Certes, Castle était un fétichiste du gadget et un vendeur hors de pair mais plus encore, c'était une véritable "patenteux", dans le concept comme l'exécution. Osons une déclaration péremptoire: n'était-il pas en quelque sorte l'héritier de Mélies, désireux de trouver de nouvelles manières de procurer à son auditoire des "chills and thrills"?
Mercantile? Certes. Ennuyant? Jamais! Il était le P.T Barnum du grand écran!!! Le cinéma actuel lui doit énormément, pour le meilleur et le pire, tout particulièrement au niveau de l'approche promotionelle.
 La preuve en est que nous sommes de retour aux lunettes 3 D et aux bancs qui tremblent, deux gadgets qu'il a porté au nues. En quelque sorte,  Castle est le grand-père illégitime du "Rocky Horror picture show"

Cette semaine, nous parlerons donc de la vie de cet exceptionnel bonhomme et de son parcours avant  qu'il ne devienne le roi des gadgets. Nous n'allons pas simplement paraphraser le magnifique documentaire lui étant dédié "Spine Tingler! The William Castle Story (2007) mais bel et bien parler de ce qu'il n'a pas couvert.
S'il n'y avait qu'un seul film à évoquer qu'il faudrait conserver dans sa filmographie malheureusement trop peu célébrée, c'est son dernier, le particulièrement déstabilisant "Shanks" (1974)
Impossible de ne pas constater avec ce film qu'il y avait aussi un véritable cinéaste derrière le bonimenteur, capable de créer une ambiance vraiment palpable de morbidité sans jamais perdre son humour noir. Il y avait aussi de tout évidence un cinéphile: "Shanks" peut se voir comme un hommage à "Les enfants du Paradis" traversé d'une sensibilité empruntée à l'expressionisme allemand...qui serait fait par Walt Disney. Marcel Marceau interprète un marionnettiste  sourd et muet, véritable souffre-douleur de son environnement. Sous l'égide d'une savant fou (joué aussi pas Marcel Marceau), il apprend à contrôler mécaniquement les cadavres comme des pantins dont il se sert pour se venger de ceux qui l'ont opprimés.
Une trouvaille de taille, un autre morceau de cinéma oublié qui mérite un culte. Ironie totale: le maître du marketing n'aura pas fait la moindre publicité particulière pour ce film qui tombera dans l'oubli quelques années plus tard, malgré l'interprétation sidérante du grand mime français.

mercredi 3 octobre 2012

Notre émission du 27 septembre: CRIMEWAVE, ce bâtard si attachant

Cliquer ICI pour écouter l'émission
Nous sommes en 1985. Quelques années auparavant, les frères Raimi venaient de terminer un tout petit film dans l"anonymat", "Evil Dead". De leur côté, les frères Coen  complétaient depuis peu leur premier long, "Blood simple".

Les  deux clans se rencontrent et décident de travailler ensemble le temps d'un film. Ils ont une idée qui tient du génie: une comédie néo-noire déjantée qui grappillera avec une égale allégresse Tex Avery et les Three Stooges. Du slapstick, des assassins hystériques sortis tout droit d'un épisode de Bugs Bunny et un rythme bon à donner un anévrisme. Sur papier, les deux familles semblent tenir LA grande comédie hybride de leur époque.
Jusqu'à ce que débute la réalisation du film...qui tourne vite au massacre. 


"Crimewave" sera un échec sur presque toute la ligne. Des producteurs tyranniques, des problèmes de casting, le comédien Brion James qui essaye d'exorciser sa lampe de chambre d'hôtel (ce qui inspirera assurément Raimi pour "Evil Dead 2"). Raimi renie la paternité de ce mutant qui hurle et court partout en bavant. Les Coen n'en parleront  plus jamais.

Et pourtant. Et pourtant...

Il va sans dire que "Crimewave" n'est pas un grand film. C'est même un bâtard. Et nous au 7ème, c'est précisément pour cette raison qu'on l'aime. Pour toutes ses imperfections, le film contient déjà toutes les obsessions et les tics qui détermineront la carrière des deux clans. Le scénario est indubitablement du Coen, à un tel point qu'on pourrait le considérer comme le deuxième volet d'une trilogie sur les fugitifs têtes-à-claques poursuivis par des assassins professionnels, entre "Blood simple" et "Raising arizona". Par ailleurs, il est assez surprenant de constater que le même années, Raimi fera par la suite son "Evil Dead 2" et les Coen "Raising Arizona", deux films qui partagent une énergie et une approche du filmage qui sont grandement similaires.
Quelques petits morceaux d'anthologie ressortent également, où Raimi expérimente déjà avec une signature qui sera reconnaissable entre mille une décennie plus tard...avec un Bruce Campbell au sommet de sa bonhommie.


Cette semaine, le 7ème antiquaire décide de redorer le blason de cet hybride imparfait mais Ô combien attachant qu'est "Crimewave". Et si pour le meilleur et le pire, indirectement ou non, il était le film le plus déterminant de la prolifique  carrière des deux clans?

Inutile de dire que pour faire cette émission, il nous fallait un coup de main. Nous aurons donc avec nous en studio nulle autre que la sulfureuse Sabine Garcia...parce que le hasard l'exige!

vendredi 21 septembre 2012

Notre émission du 20 septembre: Céréales et celluloïd-Le petit déjeuner des champions-The Road to Wellville

Pour écouter cette urgente émission, vous pouvez CLIQUER ICI...

Cette semaine, le 7ème antiquaire fera l'émission la plus vitale de sa prolifique existence. Notre volonté de tisser des entrelacs complexes mais précis de liens improbables tout en restant pertinents nous entraîne aujourd'hui dans un terrain pour le moins croquant et visqueux à la fois. 
Le cinéma et les céréales ont une évolution parallèle et un insidieux partenariat. De cette volonté initiale de nourrir le corps et l'esprit, ils sont désormais devenus les outils du charlatan pour proliférer et devenir ces explosions de couleurs vides qui donnent mal à la tête et qui dominent le marché... Mais impossible d'y résister...Essayer de comprendre cette relation, c'est mieux percevoir ce qui cloche dans notre civilisation...

ARRÊTEZ DE RIRE!

Ce n'est drôle qu'en surface. Le sujet est beaucoup plus grave qu'il n'y parait de prime abord. Oh que oui! Les céréales sont le vecteur de tramautismes personnels non négligeables certes (voir ce petit vidéo explicatif ici même), mais je suis convaincu que les différentes marques arborant des mascottes qui pullulent sur le marché sont en fait d'insidieuss forces totémiques qui ont la fonction de régulateurs du statu quo, d'équarisseur idéologique et d'outil de  vénération de notre passé de colonisateur.
Néanmoins, comme de nombreux cinéphiles américains avec un appétit pour la junk, le nombre d'heures que nous avons passé devant du mauvais cinéma en mangeant un bol de froot loops poisseux est incalculable. Nous savons forcément de quoi il en retourne.
Cette semaine donc, quelques évocations de traumatismes infantiles directement connectés à la consommation de céréales et de films (et le mien ne parle pas de Sugar Crisp, c'est promis)...


...une analyse des céréales basées sur des franchise de film...

Sur la boîte de céréales de BATMAN, on peut lire qu'elle ne contient pas "d'huile des tropiques". Fioou. Ca sonne vaguement louche, de l'huile des tropiques...
...nos meilleures scènes de céréales au cinéma...



Une petite toune de Diane Juster et pour finir, une analyse de fond de ce qui est sans contredit pour les céréales ce que "There will be blood" était pour le pétrole, "The Road to Wellville" d'Alan Parker.
À mi-chemin entre P.T Anderson,Terry Gilliam et Mel Brooks, avec une sensibilité burlesque grosse comme ça, truffé de blagues d'anus aux 15 secondes, tapissés des seins mur à mur et avec un Anthony Hopkins hystérique qui joue un Kellogg qui abuse des Frosted flakes, il est absolument impensable que cette comédie parfois surannée, souvent indigeste ne soit pas LE film culte des amateurs de céréales.
En fait, en tant que film improbable sur un sujet qui n'intérèsse personne réalisé avec inspiration, on ne peut pas faire mieux que "The road to Wellville"
 Et surtout n'oubliez pas les aminches, les céréales, comme le cinéma, ne sont QU'UNE partie d'un petit déjeuner complet!





jeudi 13 septembre 2012

Notre émission du 13 septembre: Rondo Hatton, le golem de chair

Pour écouter cette émission, cliquer ICI.
Après de nombreux hiatus, les fruits confits du hasard et autres chamboulements existentiels nous réduisant à raréfier notre présence sur les ondes binaires et encore plus sur ce blogue, nous sommes, les aminches, si j'ose le dire, de retour...pour de bon.
Nous sommes de retour cette semaine avec une émission dont nous tiraille depuis longtemps, un hommage au comédien Rondo Hatton et à son personnage du Creeper.

Appelé à passer à l'histoire, la cruauté du hasard n'aura permis que partiellement la consécration de l'acteur et chez une frange "spécialisée" de la cinéphilie seulement. Pourtant, Hatton et son Creeper mérite une reconnaissance qui transcence les genres cinématographiques. Il est une créature de cinéma à part entière.
Pour les néophytes: Hatton était atteint d'un cas sévère d'acromégalie, un problème hormonal qui déforme les mains, les pieds et particulièrement le visage.  La vie de Rondo fut brève. Il ne passera pas la cinquantaine. Il connut la guerre  et un amer succès en devenant le malabar de service dans une quantité de films de série B dans lesquels il n'était que rarement crédité. Homme-singe, malfrat, fier-à-bras; la totale.
Jusqu'à ce qu'il donne naissance au tueur-étrangleur nommé The Creeper, le temps d'une aventure de Sherlock Holmes ("The Pearl of Death", 1944, avec l'éternel Basil Rathbone dans le rôle du détective). Il le jouera canoniquement dans deux autres films (trois pour les non-puristes). A star was born...mais l'étoile brûlera le temps d'une comète. Ces deux films, Rondo n'aura jamais le temps de voir en salle avant sa mort, nais sa présence silencieuse, sa démarche lourde et sa voix caverneuse n'allait pas sombrer dans l'oubli.
Impossible de ne pas voir chez The Creeper le vestige des grands monstres de l'expressionisme allemand. Il en est même en quelque sorte la synthèse. Si la Universal grappillait alors allègrement des méthodes et des thèmes chez les maîtres germaniques, c'est avec les films qu'elle produisait le mettant en vedette  que le tout devenait d'emblée flagrant.  À la fois Césare, le tueur de "M" et le Gwynplaine de "L'homme qui rit", le Creeper a beau être un des premiers tueurs en série de l'histoire du cinéma (il est même l'exemple type du proto-slasher, n'ayant besoin que de ses mains pour tuer), il est aussi l'esclave de sa propre nature. Il ne peut s'empêcher d'étrangler les femmes et de briser la colonne des hommes. Comme le somnambule du "Cabinet du docteur Caligari", le Reinfield de "Nosferatu" et la Maria de "Metropolis", il est cet individu robotisé, réduit à la servitude par un despote manipulateur, une mise en garde contre la démesure et la mégalomanie des dirigeants. Un golem de chair, cruellement sculpté par la vie.
Volontairement ou non de la part des réalisateurs, à mesure que le Creeper évoluait, plus son histoire se confondait avec celle de Rondo; le thème de l'exploitation du monstre par un maître devenait indissociable de celle que connaissait Hatton au sein des studios. Il aura "choisi" de se laisser exploiter, ne voyant pas d'autres options. En ce sens, les deux derniers films réalisés en 46 juste avant sa mort, "House of horrors" et "The brute man", exercent un pouvoir de fascination supplémentaire. Certes, ce sont des films beaucoup plus subtils qu'ils n'y parait de prime abord mais on y voit aussi le début et la fin d'un envol. Des lors, il est impossible de ne pas y voir une manière de prophétie. Celle d'un homme dégouté de lui même mais dont la cage de chair sera aussi le seul refuge.
Depuis, le visage de Rondo est célébré dans une pléthore de médium. La culture populaire a su lui rendre l'hommage qu'il méritait. Il fut le méchant Lotharo dans "The Rocketeer",
Il est le "véritable" visage de Judge Dredd...
...et une statue porte désormais son visage, le Rondo Hatton Classic Horror Awards, un prix remis par un vote de public aux  gens oeuvrant dans le milieu de l'horreur.

Cette semaine, Rondo Hatton, une analyse de ses films, une évocation de sa vie, une célébration de l'homme.

jeudi 23 août 2012

Relâche de quelques semaines pour raisons de REPRODUCTION

 
IT'S COMING!!!!!!!!!!!!Le 7ème antiquaire fera relâche pour les semaines à suivre: Jean-Michel va être papa d'un p'tit mec d'une minute à l'autre. À l'instar d'un film de Lynch, Gustav se fait attendre en ce moment et quand il sera arrivé, ça prendra assurément quelques semaines pour décanter le magnifique mindfuck qui vient avec! On se revoit bientôt les aminches!!!

mardi 7 août 2012

Le Cheval-Une réflexion galopante de Jean-Michel Berthiaume


"Le cheval (Equus ferus caballus ou Equus caballus) est un grand mammifère herbivore et ongulé appartenant à l'une des sept espèces de la famille des équidés. Il a évolué au cours des dernières 45 à 55 millions d'années à partir d'un petit mammifère possédant plusieurs doigts pour devenir un grand animal à sabot unique. L'utilisation du cheval, peut-être domestiqué il y a 9 000 ans dans la péninsule arabique, se serait répandue de 3 000 à 2 000 ans av. J.-C. à toute l'Eurasie. Bien que la quasi-totalité des chevaux soient désormais domestiques, le cheval de Przewalski est considéré comme le dernier vrai cheval sauvage, et il existe de nombreux chevaux domestiques retournés à l'état sauvage." source : Wikipedia

Québequisme : Ch'val



On en a tu assez parlé du maudit cheval au cinéma? Tu sais d’avoir abordé cette veille expérience marquante durant laquelle on filmait les pattes du cheval à la course afin de déterminer s’il existait un moment durant lequel le cheval ne touchait pas au sol. Anecdote que nous avons répétée et répétée depuis notre émission sur A MAN CALLED HORSE! (à crier à voix haut, s.v.p.) 



Mais qui sert comme moteur d’analyse pour plusieurs films : CHEVAL=CINÉMA.
Des classiques qui resterons à jamais imbriqués dans nos réflexes de cinéphiles comme MALLETTE=ÂME et E.T.=CACA.

                                      (i got a feeling, that tonight's gonna be a good night...that tonight's gonna be a good good night, i got a feeling)

Une fois de plus sachez que je vais sortir cette bête de l’établi et je vais la fouetter comme MEL GIBSON(=TORTURE) car il me semble qu’il y a encore de quoi d’intéressant à faire avec ce futur pot de colle lorsque qu’on regarde les deux grands films de cheval de la dernière année. Et oui, l’un est passé étonnamment inaperçu et l’autre a garni une attention inattendue.

Et oui je parle sans doute de WARHORSE et CHEVAL DE TURIN!  

Car nous avons ici non pas seulement une variation sur le même thème (Hein, y fallait le voir celui-là!) mais aussi une variation sur une perspective du cinéma tous deux établis par des hommes qui n’en sont pas à leur premier tour de piste. Cette interprétation peut sembler galopante mais nous sommes confiants lorsque nous assumons le fait que Le Cheval de Turin et Le Cheval de Guerre ne sont pas uniquement des films qui abordent la magnifique créature équestre dans toute sa splendeur cinématographique mais qui tentent aussi de communiquer une perspective sur le cinéma lui-même. Ici, deux perspectives de maîtres celle de Señor Spielberg et celle du très honorable Tarr, inclusivement.

*Teuf* Un bref résumé!



WARHORSE raconte l’histoire d’un cheval qui parcourra le monde d’aventure en aventure et de famille en famille touchant au plus profond de leur être tout les gens qu’il croisera dans sa quête homérique afin de retourner à son premier maître un jeune homme plein d’affection et de vitalité nommé … (on s’en fout)



LE CHEVAL DE TURIN parle d’un cheval qui à une époque à servi à causer une profonde réalisation chez un philosophe et qui depuis se laisser tranquillement mourir dans une « shed » pendant qu’un père et sa fille manque clairement de stimulation dans leur maison de pierre.  

Je pense que j’en ai dit assez.



Imaginez-vous donc maintenant (et je ne crois pas la tâche bien difficile) que les deux films Spielberg et Tarr on décidé d’illustrer leur perspective du cinéma par le biais d’un cheval. Les situations qui surviennent dans la vie du dit cheval peut donc être transposé afin d’expliquer leur profonde conviction sur la situation du cinéma en ce moment. Les deux hommes, férus de symbolisme, auraient dont exécuté leur film somme, se servant d’un animal de locomotion afin de véhiculer leur impression sur la situation présente du 7eim art.
Spielberg, dans le premier cas, voit le cinéma comme utile et viril, comme une force que les gens tentent de s’accaparer que ce soit pour des raisons affectives ou pour des raisons de prestige. Le cinéma de Spielberg peut exister entre les tranchés et dans les scènes le plus bucoliques imaginables. Le cheval survit et progresse, et n’est jamais brisé par la présence d’un humain. En plus, il n’a pas de prix et s’épanouit seulement lorsque traité avec amour.

Tarr, lui, voit le cinéma comme une bête qui fût d’antan une grande source d’inspiration. Un vue sublime qui pouvait fondamentalement altérer l’être humain et qui mérite  d’être vénéré comme une créature divine malgré qu’il soit maintenant plus souvent utiliser pour traîner des charrettes (CHARRETTE=IDÉOLOGIES) désuètes et en décrépitude. Comme nous l’avons dit plus tôt, le cheval, ayant accompli sa tache principale se laisse maintenant mourir (c’est peut-être donc ça la raison de l’annonce de Tarr que Cheval de Turin sera son dernier film).

                                                                                     (Heyoooo)

Mais comme le dicton le dit si bien : A cheval drogué, regarde pas Madrid, reste à voir si cette interprétation tient le coup ou si j’ai simplement fumé trop de foin.