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Lech Kowalski |
Cinéaste
d'origine polonaise, né à Londres de parents qui ont fui les camps de
concentrations, Lech Kowalski a grandi à New York. Il s'installe rapidement
dans le Lower East Side et suit un mode de vie plutôt marginal en s'intégrant dans le milieu artistique qui éclot alors dans cette ville. Durant ce temps,
Kowalski observe, filme beaucoup et s’intéresse particulièrement à l'effervescence
du mouvement punk qui apparait (il se tient régulièrement au CBGB et au Mud
Club, deux clubs où ont performé l’essentiel des groupes punk importants).
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Sid et Nancy dans D.O.A. |
Lorsqu’il
apprend la première tournée des Sex Pistols en Amérique en 1978 il va sauter
sur l'occasion et trouver par des moyens plutôt inattendus le financement pour
tourner un film (D.O.A.) sur leur venue. Il débutera alors le tournage de son
premier film important et, sans le savoir, de ce qui deviendra l'icône
cinématographique du mouvement punk. Avec ce film, Kowalski filme aussi les
transformations d'un temps. La naissance et la mort du mouvement punk n'auront
jamais été aussi bien captés que dans D.O.A.
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John Spacely sur son skateboard dans Story of a junkie |
Lech
Kowalski est un cinéaste qui filme le réel. Celui qu'il connait. Celui autour
de lui. C'est en partageant le quotidien de John Spacely qu'il va décider de
faire un film avec lui (Story of a junkie). Il va apprendre à le connaître d'abord,
le projet se développera ensuite au fur et à mesure. Rendre compte d'un état
des lieux, d'un mode de vie, d'une résistance. Montrer les survivants. Ces
humains qui pratiquent l'art de survivre. Ceux qui sont en marge d'un système
établi pour s'en créer un autre. Qu'ils soient punks, anarchistes, junkies, sans
abris.. ou tout ça à la fois. Sans jugement, mais avec une mise en scène
souvent très réfléchie, Lech Kowalski filme ces gens qui sont la trace et la
mémoire de cette contre-culture, de ce refus du conformisme, mais aussi des
problèmes qui y sont inévitablement reliés. Ses films sont en ce sens de
véritables documents ethnographiques. Par ces images, il montre aussi les
transformations majeures des lieux. Le Lower East Side de New York et sont
Alphabet City (avenue A-B-C-D) n’est assurément plus ce qu’il a été durant le
tournage de Story of a junkie (1983-1984). Le passage du temps dans un lieu nous
montre aussi l'arrivée massive de la drogue dans le quartier et toute
l'infrastructure et le système interne qui se crée alors avec les habitants.
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Rock Soup |
Kowalski
démontre aussi avec Rock Soup (1991) le constat d'un Lower East
Side (Tompkins Square Park dans Alphabet City) beaucoup changé mais qui
conserve les mêmes problèmes, seulement cachés différemment (on ne squatte plus
les immeubles abandonnés d'Alphabet City dans Rock Soup puisque
le quartier est devenu huppé et que ces mêmes immeubles sont maintenant
transformés et loués à des personnes aisées financièrement). Cette
transformation des lieux et les traces qu'elle laisse, cet art de survivre,
Kowalski les filmera encore dans ses films suivants (Born to lose, On Hitler's
Highway, Boot Factory, etc.) pour finalement créer le site web vidéo Camera War
(camerawar.tv) et se lancer plus à fond dans le cinéma engagé.
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Lech Kowalski sur le tournage de Story of a junkie |
Pour
cette émission nous nous sommes concentré sur sa première période cinématographique
(D.O.A., Story of a junkie, Born to lose, Rock Soup), dans laquelle Kowalski
trace une trajectoire de ces survivants qui vivent autour de lui autant qu’autour
de nous (les punks, les sans-abris, les junkies) en faisant des portraits sans
compromis, parfois durs, mais toujours dans le respect et l’affection la plus
totale.
-David Fortin