Il y a longtemps que le 7ème fantasme d'une émission sur Monteiro. Cette dernière décennie, il fut notre découverte marquante, au moment même où il quittait ce monde, en 2003. Ce trésor maudit des portugais est mort avant son doyen Manoel de Oliveira (à 102 ans, Oliveira est le réalisateur le plus âgé du monde. Encore actif aujourd'hui, le vénérable meistre connaissait Monteiro qui avait joué pour lui dans Veredas... en 1978!). Il laisse derrière lui une oeuvre qui échappe à toutes définitions, élusive, libre et frondeuse, comme le bonhomme.
Dans la cours des grands, Monteiro est le gringalet inquiétant avec lequel on ne parle pas, respecté mais laissé seul, un peu effrayant. À part en France, où il a une manière de culte, il n'aura été vraiment prophète qu'en son pays et souvent de malheur. La bienheureuse rétrospective de la Cinémathèque québécoise aura fait découvrir le monstre à plusieurs assoiffés d'iconoclasme. Depuis, nous en sommes convaincu, le vide laissé par lui est insondable. Le cinéma n'aura eu qu'un seul homme de sa trempe. Comme le proposait le titre de son film, qu'allons nous faire de cette épée?


Laid mais souverain, vivant mais cadavérique, anarchiste mais bourgeois, athée mais pieux, dandy mais philosophe, raffiné mais vicieux, érotomane mais esthète, vulgaire mais sublime. Entre la pureté et la fange. Rien n'est inconciliable pour César. On pisse dans le Rubicond en sifflant du Wagner.


Conscient de sa laideur et de sa grandeur, il s'est vampirisé lui-même, a exposé son corps décharné à la Lumière, avec toutes ses anfructuositées creusées par le vice. D'une beauté forcément crépusculaire.


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