RETOUR SUR QUELQUES FILMS :
THE MOLE SONG |
- The Mole Song : Undercover Agent Reiji (Takashi Miike)
Miike realise beaucoup
de films. Probablement trop. Nous ayant déjà impressionné avec des films comme Rainy dogs, Audition ou plus récemment 13
assassins, tous découverts au festival Fantasia, il peut aussi nous
décevoir avec des œuvres plus mineures noyées dans son énorme filmographie. Comme
le mentionnait le présentateur avant la projection, Miike en est rendu à son 90e
film avec The Mole Song : Undercover
Agent Reiji (rappelons que son premier film date de 1991 alors ça donne 90
films en 23 ans, donc pas loin de 4 films par années). En murissant
ses idées et en ne se pressant pas à tourner il pourrait facilement faire un
excellent film par année, mais Takashi Miike est une bête de travail et ne peut
probablement pas s’empêcher de garder ce rythme frénétique de réalisation. Ceci
dit, The Mole Song : Undercover
Agent Reiji fait partie de ses bons films. Cinéaste de tous les genres, avec
ce film on est dans l’humour déjanté auquel on avait déjà eu droit avec ses comédies
comme « Hapiness of the Katakuris ». Cependant, après une première
moitié très drôle le film finit par manquer d’inspiration, et éventuellement se
perdre un peu en longueur. Mais n’ayez crainte, le film reste un très bon
divertissement et saura plaire aux admirateurs du cinéaste qui avaient été déçu
par ses opus de l’année dernière. Le film sera d’autant plus apprécié lorsque
vu dans l’ambiance éclaté du festival Fantasia où le rire devient facilement
contagieux.
ANIMOSITY |
- Animosity (Brendan
Steere)
En festival, il y a toujours ce
film qu’on a pas placé à l’horaire et qu’on décide de voir sur un coup de tête pour
passer le temps entre deux films. Animosity était un de ces films pour moi. Sans
avoir vraiment lu le synopsis et ayant aperçu rapidement la bande annonce, je croyais
aller voir un slasher. La réalité était tout autre. Le film déjoue particulièrement
bien les attentes du spectateur tout au long du récit dans lequel on nous
dévoile très lentement le mystère qui s’y déroule et les véritables intentions
des personnages. Un scénario intéressant qui peut rappeler l’idée
centrale de Solaris de Tarkovski mais placé dans un tout autre environnement et
assumant la part horrifique d’un tel sujet. Tourné de façon totalement
indépendante, le film souffre de la minceur évidente du budget et les acteurs sont plutôt inégaux à l'exception de Tracy Willet qui est excellente dans le rôle exigeant du personnage principal
du film. Au final, on salut le concept scénaristique qui nous a tenu intrigué tout au long du film mais la réalisation dans son ensemble n'est malheureusement pas aussi marquante.
Faults (Riley
Stearns)
Belle surprise que ce Faults qui est à
mi-chemin entre Fargo des frères Coen et Martha Marcy May Marlene de Sean
Durkin. Un film humoristique sur fond d'histoire sombre de culte. Le long métrage de Stearns débute avec un humour décalé typique d'un certain cinéma indépendant et se transforme lentement pour laisser plus
de place au sérieux du sujet réel et à la confrontation qu'apporte le huis-clos dans lequel le récit est ancré. Malgré une finale un peu prévisible, le film est une réussite se penchant sur un sujet lourd en apparence avec un sourire grinçant, plaçant ainsi un recul nécessaire pour laisser l'humour prendre place. Les comédiens
principaux Leland Orser et Mary Elizabeth Winstead y donnent une performance
exceptionnelle.
- Bold and Brash : filmmaking
Boisvert Style (Simon Boisvert)
Le cinéma de Simon Boisvert est une zone en
soi. Ceux qui le connaissent déteste ou y voue un culte. Pour les autres, la
meilleure façon de le découvrir est de regarder un de ses films. Pour la
plupart d'entre eux, Simon Boisvert scénarise, réalise, produit et y tient le
rôle principal. Du cinéma totalement indépendant. Cependant, les films de
Boisvert (surtout ses premiers) souffrent souvent du manque d’expérience de son
auteur et du jeu approximatif des comédiens. Le côté amateur prend alors le
dessus et il en résulte des films involontairement drôles. Outre la facilité à rire
devant les mauvais jeux d’acteurs et les occasionnels problèmes scénaristiques,
il est habituel de voir se développer une véritable obsession chez le
spectateur à en vouloir plus. À l’image de l’obsession de Boisvert pour son
éternelle thématique sur les relations homme-femme, le spectateur qui découvre
un film de Boisvert veut ensuite voir tous les autres et en vient même à apprendre les
répliques par cœur (on a pu le constater durant la projection du documentaire à
Fantasia).
S’il y a une signature au cinéma de Simon Boisvert, c’est justement ses répliques assassines. Il y a dans ses films d’innombrables citations devenus maintenant cultes. On aura d’ailleurs apprit durant la période questions-réponses lors de la projection que Boisvert débute ses scénarios par des répliques de la sorte autour duquel se développe le dialogue, le contexte, la scène.. puis éventuellement le scénario complet. Étrange façon de faire un scénario? Peut-être bien mais c'est là qu'est véritablement sa force : La réplique assassine, le dialogue cru, les citations mémorables. Pas nécessairement parce que c’est mauvais, au contraire ce sont souvent de bonnes répliques cyniques livrées par un personnage détestable qui peuvent rappeler le genre de citations et de personnages qu’on croise dans les films de Neil Labute. Dans son documentaire, Boisvert dit justement s’en inspirer mais n'a pas la qualité scénaristique ou cinématographique de ce dernier (sans compter les acteurs). La livraison de ces lignes dans la bouche d’un acteur amateur provoque malheureusement (ou heureusement pour d’autres) un décalage et apporte l’humour involontaire tant apprécié. On s’en rend bien compte avec son film 40 is the new 20 pour lequel Simon Boisvert se retire de devant la caméra pour laisser la place à des acteurs professionnels. Le film en sort meilleur, les amateurs du côté « manqué » de ses films rejettent ce dernier né déplorant qu’il serait « bon » et les répliques typique de ses films fonctionnent beaucoup mieux (le monologue livré lors d’une partie de golf par Bruce Dinsmore sur la futilité d’une relation amoureuse est particulièrement savoureux et réussi).
Qu’un cinéaste scénarise et réalise un film sur sa carrière alors qu’il n’est pas connu du milieu ou du public après 6 longs métrages est plutôt surprenant et questionnable mais aide assurément à renforcer le culte Boisvert. Le cinéaste laisse d’ailleurs la parole à ses admirateurs (qui sont autant ses détracteurs. Du moins, ils ne l’aiment pas pour les raisons qu’il souhaiterait) par la parole de Simon Chénier, archiviste pour Douteux.org et du critique Kevin Laforest qui expliquent les raisons pour lesquelles son cinéma est unique. Un exemple de volonté de faire du cinéma à tout prix malgré les insuccès et les nombreuses difficultés rencontrées. Surtout que ça l'a amené à devenir une icône culte pour un public modeste mais conquis.
S’il y a une signature au cinéma de Simon Boisvert, c’est justement ses répliques assassines. Il y a dans ses films d’innombrables citations devenus maintenant cultes. On aura d’ailleurs apprit durant la période questions-réponses lors de la projection que Boisvert débute ses scénarios par des répliques de la sorte autour duquel se développe le dialogue, le contexte, la scène.. puis éventuellement le scénario complet. Étrange façon de faire un scénario? Peut-être bien mais c'est là qu'est véritablement sa force : La réplique assassine, le dialogue cru, les citations mémorables. Pas nécessairement parce que c’est mauvais, au contraire ce sont souvent de bonnes répliques cyniques livrées par un personnage détestable qui peuvent rappeler le genre de citations et de personnages qu’on croise dans les films de Neil Labute. Dans son documentaire, Boisvert dit justement s’en inspirer mais n'a pas la qualité scénaristique ou cinématographique de ce dernier (sans compter les acteurs). La livraison de ces lignes dans la bouche d’un acteur amateur provoque malheureusement (ou heureusement pour d’autres) un décalage et apporte l’humour involontaire tant apprécié. On s’en rend bien compte avec son film 40 is the new 20 pour lequel Simon Boisvert se retire de devant la caméra pour laisser la place à des acteurs professionnels. Le film en sort meilleur, les amateurs du côté « manqué » de ses films rejettent ce dernier né déplorant qu’il serait « bon » et les répliques typique de ses films fonctionnent beaucoup mieux (le monologue livré lors d’une partie de golf par Bruce Dinsmore sur la futilité d’une relation amoureuse est particulièrement savoureux et réussi).
Qu’un cinéaste scénarise et réalise un film sur sa carrière alors qu’il n’est pas connu du milieu ou du public après 6 longs métrages est plutôt surprenant et questionnable mais aide assurément à renforcer le culte Boisvert. Le cinéaste laisse d’ailleurs la parole à ses admirateurs (qui sont autant ses détracteurs. Du moins, ils ne l’aiment pas pour les raisons qu’il souhaiterait) par la parole de Simon Chénier, archiviste pour Douteux.org et du critique Kevin Laforest qui expliquent les raisons pour lesquelles son cinéma est unique. Un exemple de volonté de faire du cinéma à tout prix malgré les insuccès et les nombreuses difficultés rencontrées. Surtout que ça l'a amené à devenir une icône culte pour un public modeste mais conquis.
- The Zero Theorem (Terry Gilliam)
Il est triste de constater la difficulté de
financement dont souffrent plusieurs cinéastes importants voyant leurs années plus
productives derrière eux, allant chercher leur financement à l’extérieur de
leur pays et démontrant une présence au cinéma de plus en plus rare (on pense à
David Lynch). Terry Gilliam fait partie de ce lot depuis des productions trop
couteuses et une succession d'échecs commerciaux. C’est que Gilliam a besoin d’un budget à l'image de ses idées démesurées. Il est de retour cette année avec un autre film ambitieux réalisé
avec des bouts de ficelle, The Zero
Theorem. Comme à son habitude, Gilliam réussit à nous plonger dans son
univers en compensant le manque de budget par des utilisations inventives des espaces
dans lesquels il place son personnage joué par l’excellent Christoph Watz. Le
film en soi est très bien mais on ne peut s’empêcher de sentir le déjà vu thématique
et visuel. On retrouve beaucoup d’idées déjà
utilisées par le cinéaste dans ses films précédents comme Brazil ou 12 Monkeys.
Christopher Waltz y joue un employé de la firme Mancom qui tente depuis
longtemps de trouver la formule mathématique expliquant le sens de la vie par
le biais de connections constantes avec son ordinateur en ne manquant jamais un
appel téléphonique, au cas où ce serait « l’appel » qui pourrait
changer sa vie. Le tout est une métaphore sur l’incommunicabilité, les
rapports aux ordinateurs et le besoin de connections virtuelles constantes (on
pense aux réseaux sociaux) menant à la déconnexion de soi-même (le personnage dit
à sa psychologue virtuelle ne jamais rien ressentir émotionnellement). Gilliam
parle donc du monde dans lequel on vit en situant son film dans un futur déjà
dépassé. On retrouve dans le film la signature habituelle de son cinéaste mais l’inspiration
et le génie d’œuvres comme Brazil
et 12 Monkeys ou le délire
scénaristique de Fear and Loathing in Las
Vegas manquent. The Zero Theorem reste visuellement très beau et saura plaire aux admirateurs de l’univers de Gilliam mais n’impressionnera surement
pas autant que ses premières œuvres. On ne peut alors que souhaiter le voir
obtenir dans un avenir proche un financement digne de ses ambitieux projets (Don
Quixote) ou du moins retrouver une meilleure inspiration à créer des œuvres plus modestes comme il l’avait déjà démontré avec le moins célébré mais
intéressant Tideland.
- -DAVID FORTIN / 7e Antiquaire
Bientôt pour la prochaine capsule, retour sur les films THE HARVEST, THE INFINITE MAN, KUMIKO THE TREASURE HUNTER, YASMINE, CHEATIN', THOU WAST MILD AND LOVELY, INFINITE MAN et KUMIKO THE TREASURE HUNTER
plusieurs autres suivront..
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