- Le 7ème Antiquaire retourne une autre fois sur certains films vus à Fantasia
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Infinite Man |
Dans la section non-nommée du festival que
j’aime appeler « loop temporel » se place Infinite Man (aux cotés de Premature,
Time Lapse, Predestination et House at
the End of Time). Un film-concept à mi-chemin entre Groundog day et Multiplicity
(en saupoudrant le tout d’un peu de Eternal
Sunshine of the Spotless Mind) qui roule sur un concept science-fictionnel
en jouant régulièrement la carte de l’humour. Avec trois interprètes et un lieu
unique, l’australien Hugh Sullivan réussi à créer un film hautement
divertissement si on accepte d’entrer dans le jeu (les films qui misent sur
l’effet de répétition des scènes ne fonctionnent pas toujours pour tout le
monde). À l’occasion de son anniversaire de couple, Dean cherche à revivre le
week-end parfait vécu dans un passé où lui et sa femme semblaient plus unis. Dean
aimant contrôler tout, il planifie ce nouveau week-end dans le détail mais le
plan ne fonctionne pas comme prévu. Par l’utilisation d’une machine de son cru,
Dean se projettera dans le passé afin de reprendre le plan depuis le début en évitant
les mêmes erreurs, réussir son week-end parfait et garder sa femme auprès de lui.
Les aléas du voyage dans le temps s’en mêleront et le film devient alors une
course obsessionnelle à répétition au ton humoristique. Un très bon
divertissement indépendant.
Cold Eyes (Cho Ui-seok, Kim
Byung-seo)
Cold Eyes est un thriller policier typique
du cinéma coréen ou chinois qu’on a déjà vu souvent, mais ça ne l’empêche pas
de fonctionner. La formule est usée mais
l’efficacité de sa construction nous laisse embarquer dans cette histoire de
filature où le plaisir du film se situe dans l'observation des divers moyens q'une équipe de
surveillance doit prendre pour effectuer la filature d’un groupe de criminels afin d'en démasquer l’organisation complète. Une réalisation efficace mais
conventionnelle (l’éternelle caméra qui « shake » pour créer une
tension) avec de bons comédiens qui savent apporter au tout une personnalité rendent le film amusant et divertissant.
- The Harvest (John McNaughton)
Des parents dont la vie de couple a vu des
meilleurs jours, s’occupent tant bien que mal de leur enfant atteint d’une
maladie qui réduit sa mobilité. L’arrivée d’une jeune fille qui cherche à faire
ami avec l’enfant sous l’œil méfiant de sa mère protectrice.
La prémice du film de McNaughton n’est
peut-être pas des plus attirantes mais en révéler plus serait vendre les éléments
de surprises que le film récèle. McNaughton nous
donne une bonne histoire avec de bons revirements et quelques surprises inattendues.
Un film qui débute en mélodrame et qui se termine en thriller à haute tension.
Le seul problème c’est qu’il est confortablement enveloppé dans une réalisation
très conventionnelle qui donne parfois l’impression d’un téléfilm. Ceci dit, tous
les acteurs sont excellents (particulièrement Michael Shannon et Samantha
Morton dans les rôles des parents ainsi que Natasha Calis dans le rôle de la
jeune fille) et le film arrive à garder l’intérêt du spectateur du début à la
fin grâce à un bon scénario mais au final, ce n’est pas le retour attendu du
cinéaste à ses œuvres plus fortes, ou du moins plus iconoclastes, comme Henry: portrait of a serial killer (1986)
ou The Borrower (1991). The Harvest
reste un bon film mais peut-être un peu trop générique pour vraiment se
démarquer du lot. Du moins c’est l’impression qu’il m’en restait au sortir de la
salle.
Ceci dit, peut-être l’ai-je vu avec mes
yeux d’adulte et mes attentes par rapport aux premiers films du cinéaste,
espérant un retour à ses sources. McNaughton serait-il plutôt retourné non pas
à ses sources de réalisateurs mais aux sources premières de la peur. Peut-être faut-il le voir, comme son
réalisateur le suggérait après la projection, comme un film d’épouvante pour
enfants. Du moins, un scénario allant
chercher les racines profondes des peurs enfantines. Cette peur et cette
incompréhension des enfants face aux parents et au monde adulte. Surtout que The Harvest, avec ces deux jeunes protagonistes principaux, nous sert un thriller horrifique sans sexe et sans
véritable violence dans lequel toute la terreur perçue par les enfants est
psychologique. Dans ce cas le film fonctionne totalement. Le film de McNaughton se place
finalement dans cette zone moins fréquentée de films d’épouvante intelligents visant
l’identification d’un public plus jeune. Un film qui puise sa terreur non pas
dans le surnaturel mais dans ce qui est le plus réaliste (Le scénario original
est d’ailleurs tiré d’un fait divers). Le lancement du livre dirigé par Kier-La
Janisse « Kid Power » durant le festival est probablement venu faire
son effet sur ma volonté de voir le film sous un autre angle.
Kumiko the Treasure Hunter |
- Kumiko The Treasure hunter (David
Zellner)
Coup de cœur que ce Kumiko. L’idée de base du film à lui-seul intriguera tous cinéphiles :
Kumiko, une « office lady » d’une firme à Tokyo vivant de façon très
solitaire est convaincue que le film Fargo
des frères Coen indique un trésor caché (la fameuse mallette pleine
d’argent que Steve Buscemi cache dans la neige) et part obsessionnellement à sa
recherche en Amérique. Le ton du film se situe sur la mince ligne entre
l’humour et le pathos, parfois même proche d’un humour que l’on retrouve chez les
frères Coen (il est d’ailleurs intéressant de noter que le film est lui aussi
écrit et réalisé par des frères), mais
le film n’en est pas pour autant une véritable comédie. Ni totalement un film
méta, ni vraiment un film hommage, Kumiko the Treasure Hunter est une œuvre à
part avec son atmosphère étrange et décallée. La dernière partie du film nous
amène dans une transe insolite qui n’est pas sans rappeler la zone d’Under the Skin sortie plus récemment sur
nos écrans. Cette ambiance est d’ailleurs rendue en grande partie grâce à l’excellente
trame sonore offerte par le groupe « Octopus Project » qui est composé
de riches textures sonores appuyant l’étrangeté du film. Chaudement recommandé
à ceux qui veulent s’aventurer dans une contrée cinématographique encore peu
explorée.
-David Fortin
-David Fortin
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